Les Oxenberg & les Bernstein

Cătălin Mihuleac

Les Éditions Noir sur Blanc

  • Conseillé par (Au moulin des Lettres)
    19 novembre 2020

    Coup de coeur de Mathieu : un roman historique et contemporain fascinant

    Ce livre offre la vision entrecroisée de la Roumanie à l'aube du grand pogrom de Iasi et des Etats-Unis d'Amérique, terre de diaspora où une jeune émigrante Roumaine ambitieuse trace une "success story" hollywoodienne après avoir épousé le rejeton d'une riche famille juive industrieuse.
    A la fois roman historique précis et roman contemporain à l'humour grinçant, la plume parfois provocante de Catalin Mihuleac nous plonge dans une exploration de la vision de l'autre, de l'identité, de l'exil et de la façon dont l'humain se construit. Le final, habile et plaisant fait se rencontrer les deux histoires, celle des Oxenberg et des Bernstein pour le plus grand plaisir du lecteur.


  • Conseillé par (le Carnet à spirales)
    15 octobre 2020

    « On ne peut pas emporter son pays à la semelle de ses souliers » 2001, Sânziana Stipiuc vit en Roumanie et est chargée d’accueillir Dora et son fils Ben Bernstein, juifs américains, à la tête d’une entreprise de vêtements « seconde main ». Coup de foudre réciproque et départ de Suzy, ainsi que la surnomme aussitôt Dora, pour épouser Ben. Suzy devient l’indispensable ambassadrice de Bernstein Vintage Ltd en Roumanie et auprès de nombreux clients. Elle se heurte toutefois à l’insensibilité de Dora, véritable belle-mère envahissante et pénible. Soixante ans plus tôt, en Roumanie, à Iasi, vit la famille Oxenberg dont le père Jacques est un obstétricien réputé et adoubé par les huiles au pouvoir. Iasi… Aux Etats-Unis le titre original est « America de peste pogrom ». Iasi… Tabou de l’histoire roumaine, tombé dans un oubli coupable. Et pourtant. Catalin Mihuleac mêle et mène les deux époques en alternance pour donner au roman une puissance croissante. Elle offre à ses personnages une épaisseur, un visage, une histoire qui, au moment de la déflagration narrative, laissera le lecteur pantois et abasourdi. Avec un humour très « bénignien » (Roberto pour les intimes), un détachement très subtil et une description sans jugement ni avis moralisateur, elle offre des pages d’une grande justesse et d’une émotion palpable. Bien sûr les deux histoires se rejoignent. Balloté par l’histoire en un torrent déchainé Dora n’est pas cette mégère non apprivoisable. La grande force de ce livre est son ton. Dans l’ordinaire du quotidien le lecteur se glisse dans la vie de ces deux familles, des caves au grenier jusqu’au plus petit détail. Se glisser dans leurs vies pour mieux cerner l’absurdité et la bêtise de l’homme. Alors les scènes déjà insoutenables le deviennent encore plus encore. Grand livre simplement. Et laissons Joe, père de Ben et mari de Dora, personnage si attachant conclure en complétant la citation initiale : « mais il reste toujours quelques chose dans le talon ».

    In Magazine Initiales - Novembre 2020


  • Conseillé par (Librairie Page et Plume)
    9 août 2020

    Secrets bien gardés

    Dans ce premier traduit du roumain, on va suivre l'histoire de deux familles. Tout d'abord les Bernstein, des juifs américains, dans les années 90, spécialisés dans le commerce du « vintage » de la seconde main, un marché juteux en période de crise et surtout avec un fort potentiel à l'export. Ils emploient une femme pour s'occuper du marché roumain, elle devient l'épouse du fils de cette famille tenue d'une main de maître par une matriarche, Dora, au caractère intransigeant. Sur le vieux continent, les Oxenberg dont le patriarche, Jacques, est un obstétricien juif roumain, spécialisé dans les césariennes, qui a accouché de nombreuses femmes de la haute société catholique au moment où éclate la 2nde Guerre Mondiale. On perd la trace de Jacques et sa famille avec le pogrom de Iasi en 1941. Quelle histoire, quel destin, réunit ces deux familles à 50ans d'intervalle ? Un secret du passé enfoui, caché par les apparences et qui resurgi lorsque la belle-fille de Dora commence à s'intéresser de près à ce pogrom. Un roman doux-amer, toujours sur le fil, entre le rire et le désespoir propre à l'humour juif. Derrière le côté parfois léger, une tragédie forte et émouvante qui mérite d'être lue, connue.


  • Conseillé par
    26 janvier 2021

    1939-1945, Roumanie

    Nous suivons la famille de Jacques Oxenberg qui n’échappe pas au pogrom du 27 juin 1941 dans la petite ville roumaine de Iasi. Ce furent des pages difficiles à lire.

    Chaque chapitre alterne avec le récit de l’arrivée de Suzy dans la famille Bernstein depuis sa Roumanie natale. Elle se marie avec l’un des fils, Ben, et est chargé de développer le commerce avec son pays d’origine. Mais sa belle-mère Dora reste une énigme.

    Heureusement, son beau-père Joe se prend d’amitié pour Suzy et lui raconte parfois ses souvenirs.

    L’histoire de Suzy adopte un ton décalé parfois drôle. Grâce à elle, le commerce des vêtements de seconde main, pardon il faut dire vintage, n’a plus de secret pour nous.

    Les chapitres sur la famille Oxenberg sont plus dramatiques. Et même si j’ai fini par me douter de l’identité de la belle-mère Dora, j’ai lu ce roman jusqu’au bout, qui révèle encore des surprises jusqu’à la dernière ligne.

    J’ai parfois été gêné dans ma lecture par le ton antisémite de l’époque et par la volonté de Suzy de trouver des Juifs de talent partout. C’était trop vouloir ramener chaque grand homme à sa religion.

    J’ai aimé les leitmotiv de la narration : les canards jaunes au bec orange de Golda – l’importance des talons de chaussures où certains cachent leur trésor – les machines à coudre Singer (prononcer à l’allemande comme un chanteur) – l’importance de la story pour vendre tout et n’importe quoi.

    Deux familles qui me resteront longtemps en mémoire.

    Quelques citations :

    Pour ouvrir une boutique de nos jours, tu dois connaître par coeur les histoires d’antioxydants. Les histoires d’antioxydants se vendent bien. Le vin rouge, le thé roïbos, les condiments, n’importe quoi. C’est comme ça que tu vendras n’importe quelle connerie. p.150

    On ne peut pas emmener son pays à la semelle de ses chaussures. Mais il reste toujours quelque chose dans le talon. (p.292)

    L’image que je retiendrai :

    Celle des corps nus qui jonchent les rues de la ville, et que voit Golda qui deviendra une excellente couturière.

    https://alexmotamots.fr/les-oxenberg-les-bernstein-catalin-mihuleac/


  • Conseillé par
    7 mars 2020

    Un livre fort et fort bien écrit!

    L' ayant déjà lu en roumain, j'aimerais recommander et donner mon avis sur ce livre que j'ai trouvé fascinant! Une fois commencée la lecture de ce roman on a du mal à l'abandonner. C'est une fiction mais s'appuyant sur des événements réels de l'histoire des Juifs en Roumanie pendant la deuxième Guerre Mondiale. Des personnages très attachants, présentés avec finesse psychologique. Un suspens qui croît graduellement vers un final vibrant de mystère! Tout cela présenté avec un art de manier la plume où brille le talent pour l' écriture de Cătălin Mihuleac: un style vif, un ton d'ironie fine ou de tendre dérision persifleuse, débordant d' humour savoureux mais ne manquant pas d'une musicalité souterraine et d'une poésie intrinsèque des phrases. La fin du livre apporte un message d'acceptation et de tolérance entre les humains fort et plein de sensibilité. C' est un livre qui hante le lecteur longtemps après avoir lu la dernière page.