• Conseillé par (Librairie L’Écritoire)
    26 mai 2022

    Évoquer "La véritable histoire de Matías Bran", c’est comme ouvrir la valise mexicaine de Robert Capa, et rendre hommage au patient travail de rapprochement des œuvres et du public ainsi qu’à la minutieuse collecte de la mémoire populaire, que mènent avec une joyeuse détermination des éditeurs indépendants comme La Contre Allée, et des libraires défricheurs et engagés, comme le furent Didier et Catherine Bardy, qui nous ont fait rencontrer ce texte, à la Librairie Tartinerie de Sarrant (peut-être le plus petit village du Gers).

    Alors qu’Isabel Alba y était en résidence d’écriture, au cœur des terres natales de sa traductrice Michelle Ortuno, nos libraires présentaient ainsi l’ouvrage : « La véritable histoire de Matías Bran est le premier volet d’une saga familiale qui démarre en Hongrie à la fin du XIXème siècle et se termine à Madrid au début du XXIème siècle. Nous suivons le cours de la vie de plusieurs ouvrières et ouvriers de l'usine d'armement Weiser de Budapest, qui apprennent clandestinement à lire sur les pages du Manifeste de Marx, et vont se mobiliser pour lutter contre le capitalisme. Nous traversons les grands conflits en Europe, de la Première Guerre mondiale à la Révolution russe, en s'arrêtant sur un événement historique important et assez peu traité, la République des Conseils de 1919, qui ne durera que 133 jours. Une réflexion sur la place du livre dans le monde ouvrier pour se construire une culture politique. Un style qui mêle images et mots, au traitement épuré et fragmentaire. »

    En contrepoint, rappelons ici la profession de foi de La Contre Allée que l’éditeur prend soin d’inscrire en quatrième de couverture des ouvrages publiés dans sa collection La sentinelle : « Une attention particulière aux histoires et parcours singuliers de gens, lieux, mouvements sociaux et culturels. »

    On tient alors une manière de définition du travail d’écriture d’Isabel Alba : une empathie déterminée pour ces itinéraires individuels parmi les plus humbles, sertis de hasard et de destin, qui, basculant dans le courage, sont incendiés par la marche de l’Histoire. Ce qui incidemment documente aussi — actualité tragique — la force d’union et la capacité de résistance d’un peuple éveillé à l’heure de la guerre.

    "Le temps est tout, l'homme n'est plus rien ; il est tout au plus la carcasse du temps.", György Lukàcs, philosophe et ministre de la culture de l’éphémère République des Conseils (Hongrie, 1919)


  • Conseillé par (Les Lisières à Villeneuve d'Ascq)
    12 mai 2020

    Pour comprendre l’histoire de Matias Bran, il faut repartir au début du XXe siècle, en Hongrie, au sein d’une usine d’armement. Dans cet univers terrible, un petit événement bouleverse le quotidien des ouvriers et ouvrières à la vie difficile : un nouvel arrivé sait lire ! Il apprend ainsi la lecture à une ouvrière, qui elle-même l’enseigne à deux autres, qui à leur tour l’enseignent à d’autres… Mais sur quel livre se fait donc cet apprentissage ? Sur le "Manuel communiste" de Marx ! Autant dire que la révolte gronde ! Avec ses phrases courtes, percutantes, Isabel Alba nous plonge dans un univers historique passionnant (début du siècle, monde ouvrier, Première Guerre mondiale), racontant un quotidien transformé par le pouvoir de la lecture et de l’union, s’intéressant à l’histoire des femmes et à une histoire de famille.
    Un livre fort, marquant ; qui reste gravé dans les mémoires !! Pour tout type de lecteurs.