Derrière le silence de l'ours blanc

Éric Hossan

L'Harmattan

  • Conseillé par
    11 janvier 2017

    Revoilà le GIE que j'avais rencontré dans sa première enquête, Dans l'ombre du jaguar, composé de Katherine Krall entomologiste, Jim Henderson ancien des forces spéciales reconverti dans l'écologie et Jivajos chaman amazonien rencontré lors du premier tome. Tout cela sous la coupe du Prince de Monaco. De nouveau, ils seront en lutte avec des hommes puissants prêts à tout pour arriver à leurs fins. De nouveau, ils lutteront contre des intérêts pharmaceutiques internationaux et les appétits gargantuesques des pays pour les richesses soupçonnées ou avérées du sous-sol groenlandais. Très belle enquête au froid avec des descriptions des lieux et des gens qui y habitent. Décrire le blanc, la neige, la glace et le froid n'est pas un art aisé, mais les deux auteurs y parviennent sans mal ; le fait que les décors sont plus monochromes que lorsque le GIE était en Amazonie allège considérablement mes réserves du premier tome. Presque plus, à part une certaine mollesse au mitan du roman avant une reprise attendue et qui tient toutes ses promesses en un final haletant.

    Je me suis régalé, même si je dois admettre une déception cruelle : dans mon premier billet j'avais créé une certaine intimité avec le Prince de Monaco allant même jusqu'à l'inviter et l'appeler Albert... Mais adieu Albert et bonjour Jean-Charles, car le Prince de Monaco du roman se prénomme Jean-Charles -tant qu'à changer, j'aurais pris un petit nom plus sexy, tiens Yves par exemple- et il est né en 1971. Rien à voir avec Albert. Tant pis, adieu mon invitation et mon futur séjour tous frais payés à Monaco -oui, j'avais aussi demandé ça, on ne sait jamais...

    Trêve de plaisanterie -quoique...-, revenons au roman : tous les ingrédients sont là pour faire plaisir au lecteur : aventure, action, amour -et ce crétin de Jean-Charles qui préfère une journaliste allemande à Katherine, non mais-, plongée dans un monde blanc, silencieux et beau, chamanisme -un brin d'irréalité ou de sur-réalité donc-, trahisons, secrets, rebondissements, jeux politiques, géo-politiques, intérêts stratégiques, gros sous, recherches scientifiques, écologie, enjeux pour la vie sur et de la planète, ... et j'en passe. Tout cela en 300 pages fort rythmées en courts chapitres et en une langue classique et accessible forme un roman populaire qui pourrait séduire quantité de lecteurs. Les personnages principaux sont un peu prévisibles mais ils nous font visiter et connaître des contrées dont on parle peu et nous obligent à nous poser des questions sur le sens de la vie, sur la course au progrès et à la jeunesse si ce n'est éternelle au moins de plus en plus longue. Ils se structurent peu à peu au fil des deux romans et je ne doute pas qu'ils reviendront pour de nouvelles aventures encore plus forts et plus construits. Je les retrouverai bien volontiers, ça me consolera de ma désillusion de ne pas rencontrer Albert -mais sait-on jamais, ...