Murielle L.

Conseillé par (Un Fil à la page)
10 avril 2021

Le silence ne sera qu'un souvenir

Une belle découverte que ce premier roman de Laurence Vilaine, jeune auteure d'origine nantaise.

Elle nous entraîne dans l'univers à la fois poétique et rude des roms, gitans de roumanie. La misère règne dans la petite communauté de Miklus. La vie n'est certes pas facile mais la solidarité, la fraternité et la musique aident à supporter les horreurs de la guerre, des privations et le racisme quotidien. Miklus est à l'aube de sa vie, une vie de silence et de non dits qui cache un terrible secret. Le poids des traditions ont empêché Miklus de changer le cours de la vie de Chepnki et de sa descendance. Effleurant l'Histoire, Miklus se soulage enfin du poids de ces erreurs et nous entraîne dans la tourmente de ces vie gâchées où le bonheur ne sera que de passage.

A lire absolument !

Conseillé par (Un Fil à la page)
10 avril 2021

Avenue des Géants

C’est en Californie que se situe l’intrigue de ce roman qui nous entraîne sur les traces d’Al Kenner, géant de 2,20 m au QI supérieur à celui d’Enstein. Ce livre décrit la dérive meurtrière de cet homme qui tue (il est alors âgé de 15 ans) ses grands parents, pour ensuite, après sa sortie d’hôpital psychiatrique (et déclaré guéri par les médecins) entamer une carrière de serial killer. Il massacre 6 étudiantes ainsi que sa mère et une amie de celle-ci. Marc Dugain nous décrit un homme sans sentiment, incapable d’avoir des relations sexuelles, détruit par une mère violente et alcoolique dont il recherche pourtant toujours l’amour. L’auteur raconte, en la romançant, l’histoire vraie d’Edmund Kemper, tueur schizophrène qui a inspiré le personnage d’Hannibal Lecter. Mais il ne faut pas réduire ce roman à son personnage principal, car c’est également une formidable plongée dans l’Amérique des années 60 et 70, du président Kennedy, en passant par la guerre du Vietnam ou le mouvement hippie. C’est un livre qui vous happe, malgré le côté glaçant de son héros, et vous tient en haleine jusqu’au bout.

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10 avril 2021

L’ATTENTE DE L’AUBE

Vienne 1913, Lysander Rief, jeune comédien anglais, vient suivre une psychanalyse avec un disciple de Sigmund Freud, pour anorgasmie. Sa courte liaison avec Hettie Bull signera certes sa guérison mais l’entraînera aussi, une fois la guerre déclarée, dans des aventures rocambolesques qui l’amèneront à travailler pour le contre-espionnage anglais. Cette histoire est menée tambour battant, et l’on s’attache à ce personnage qui, paraît au premier abord sans grande consistance pour se révéler finalement retors à souhait et fin limier. Un roman fort divertissant, qui pour une fois dans une histoire d’espionnage, ne nous écrase pas sous une avalanche de situations ou de personnages…

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10 avril 2021

En vieillissant les hommes pleurent

9 juillet 1961. Dès le lever du jour, il fait déjà une chaleur à crever. Albert est ouvrier chez Michelin. Suzanne coud ses robes elle-même. Gilles, leur cadet, se passionne pour un roman de Balzac. Ce jour-là, la télévision fait son entrée dans la famille Chassaing. Tous attendent de voir Henri, le fils aîné, dans le reportage sur la guerre d'Algérie diffusé le soir même. Pour Albert, c'est le monde qui bascule.
Saura-t-il y trouver sa place? Réflexion sur la modernité et le passage à la société de consommation, En vieillissant les hommes pleurent jette un regard saisissant sur les années 1960, théâtre intime et silencieux d'un des plus grands bouleversements du siècle dernier.

En vieillissant les hommes pleurent est un roman empreint en même temps d'une grande douceur et d'une grande douleur. Il nous raconte cette famille comme tant de famille où le silence, les douleurs personnelles tues, les souvenirs douloureux enfouis empêchent le bonheur d'entrer et chacun de vivre. Dramatique, le père ne veut plus de cette vie, d'ailleurs en a t-il un jour voulu depuis son retour de la guerre, il n'est resté en vie que pour son jeune fils en manque d'amour maternelle, pathétique, la femme qui se tourne vers la société de consommation et les bonheurs factices, touchant le mal-être de l'adolescent qui au contraire de son frère parti à la guerre, préfère la compagnie des livres souffrant de l'indifférence de sa mère. De très beau moment d'écriture, notamment la scène où le narrateur s'occupe de la toilette de sa vieille mère.

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10 avril 2021

lointain souvenir de la peau

A l'instar de ses pareils, hommes de tous âges et de toutes conditions que leur addiction au sexe a conduits devant les tribunaux puis relégués loin des "zones sensibles", le Kid, vingt et un ans, bracelet électronique à la cheville, a pour quartier général le viaduc Claybourne qui relie le centre-ville de Calusa, Floride, à son luxueux front de mer. Depuis toujours livré à lui-même, n'ayant pour ami qu'un iguane offert par une mère passablement nymphomane, le Kid s'est enivré de sexe virtuel jusqu'au jour où sa naïveté l'a jeté dans un des pièges où la police épingle les putatifs délinquants sexuels.

Stigmatisé par une société devenue, jusqu'à l'hystérie, adepte du "surveiller et punir", ce jeune homme en rupture suscite l'intérêt d'un certain "Professeur", universitaire à la curiosité dévorante, sociologue atypique qui, dans le cadre de ses travaux sur les sans-abri en tous genres, approche le Kid pour s'instruire de son cas et, peu à peu, semble le prendre sous son aile. Mais il apparaît bientôt que le génial Professeur pourrait être un fabuleux menteur, et un expert en identités multiples; Par cette fiction magistrale, Russell Banks met en scène l'enfer de la "déviance" et le supplice de l'exclusion.
Il exhausse à la dimension d'un récit aussi mythique que compassionnel l'aveuglement de nos sociétés saturées d'images et qui semblent avoir fait le choix – comme pour mieux s'oublier – de faire disparaître, jusqu'à la pathologie, leur corps collectif dans le rayonnement des écrans de la nuit sexuelle.

Un grand roman de Russel Banks, bouleversant, tantôt écrit dans une langue âpre, crue, tantôt très poétique, c'est un livre qui se mérite, se déguste. Il scrute l'Amérique contemporaine avec ses contradictions, ses excès dans la condamnation d'hommes, sa part d'ombre, nous interroge sur la possibilité de vivre dans une société où nous nous demandons toujours ce qui est vrai, ce qui est faux -mais comment vivre sans croire-, sur la justice et ses limites, la dérive d'Internet, ce que deviennent nos enfants dans l'indifférence des hommes.