Ecoles et courants littéraires
EAN13
9782200354992
ISBN
978-2-200-35499-2
Éditeur
Armand Colin
Date de publication
Collection
U
Nombre de pages
193
Dimensions
2,2 x 1,3 x 0,2 cm
Poids
250 g
Langue
français
Code dewey
840.91

Ecoles et courants littéraires

De

Armand Colin

U

Indisponible
Introduction Des courants et des œuvres : comment définir une « école littéraire » ??>Une composante de l'histoire littéraire?>La notion d'école littéraire, ou encore de « mouvement » ou de « courant » (nous aurons évidemment à revenir sur ces questions terminologiques), est indissociable des classifications topologiques et des parcours chronologiques à partir desquels s'organise l'histoire littéraire. Toute réflexion sur les regroupements d'auteurs et d'œuvres doit en effet s'inscrire dans le cadre d'une approche historique dont il faut, au préalable, rappeler le statut fluctuant.Une hégémonie récente et contestéeOn s'accorde à reconnaître que l'histoire littéraire, dont la forme élémentaire se ramènerait au récit de la vie des auteurs, a été une des premières formes de l'enseignement des lettres. Cette pratique aurait, vers le milieu du XVIIIe siècle, conquis le terrain cédé par l'ancienne rhétorique1 jusqu'à devenir, à partir du milieu du XIXe siècle, la part centrale de l'enseignement. On cite parfois, dans cette perspective, l'arrêté ministériel signé de Victor Cousin qui, en 1840, recommande l'inscription de « questions d'histoire littéraire au programme de l'oral du baccalauréat ». Les noms de Villemain, Nisard, Brunetière, Faguet, et, évidemment, Lanson sont à associer à la progressive installation de l'histoire littéraire au firmament des études universitaires en matière littéraire.Sous l'autorité de ces éminents chefs de file, l'histoire littéraire – et la notion d'auteur sur laquelle elle se fonde – devait régenter l'enseignement des lettres jusque vers la deuxième moitié du XXe siècle où, sous l'influence de penseurs plus ou moins ralliés au structuralisme (Lévi-Strauss, Foucault, Barthes en France), on en serait venu à proclamer la « mort de l'auteur », conjointement à l'avènement ex nihilo du texte. Cette évolution, toute schématique et contestable qu'en soit la description, a été souvent répétée pour aboutir au constat attristé du déclin de l'histoire littéraire dans les études actuelles de lettres. En 1972, en conclusion à un colloque consacré à la question de l'histoire littéraire, René Pomeau, prononçait un véritable avis de décès : « L'histoire littéraire, la branche la plus ancienne parmi les disciplines littéraires, fait aujourd'hui figure de parent pauvre. »2L'objet n'est pas ici de revenir sur ce discrédit. Plutôt que d'en rappeler imparfaitement les causes, on citerait, pour clore provisoirement le débat, le brillant raccourci d'un avocat véhément qui souhaite justifier la « forme historique » :Parce que l'histoire littéraire, précisément, n'a pas d'autre détermination qu'historique, parce qu'elle n'est pas séparable des circonstances de son avènement. Parce qu'elle ne suppose aucun concept de la littérature, parce qu'elle est tout asservie à son enseignement, non seulement supérieur, visant à transmettre un savoir et initier à la recherche, mais secondaire et encore primaire, ambitionnant – pourquoi pas au demeurant ? il n'y a en principe rien là contre – la définition, la propagation d'une mythologie et d'une idéologie, en l'occurrence républicaine et patriote. Parce qu'une histoire littéraire est avant toute chose une idéologie (l'idée d'une littérature nationale), et une idéologie doit en premier lieu être saisie historiquement.Antoine Compagnon, La Troisième République des lettres,de Flaubert à Proust, Seuil, 1983, p. 9. Il semblerait que la période de purgatoire soit aujourd'hui dépassée. On a d'abord mesuré les insuffisances et les excès d'une critique exagérément formaliste ou strictement structuraliste. On est prêt à reconnaître, par ailleurs, que l'histoire littéraire ne saurait être limitée à un catalogue de biographies ou à un répertoire de monographies qui ignoreraient tout des œuvres et refuseraient tout jugement de valeur. Une des façons de rendre son lustre légitime à l'histoire littéraire a été de la rapprocher de la pratique dont elle semblait être la rivale inférieure, la critique. Dès le début du XXe siècle, Daniel Mornet rappelait les termes du conflit pour tenter de réconcilier l'arrogante mais stérile histoire des œuvres et la laborieuse mais précieuse interprétation des textes :
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