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Papier - Albin Michel 17,00
Est-il possible, en notre temps de fureurs, d'examiner sans haine et sans
colère les problèmes que soulève l'existence en France de la peine de mort ?
C'est ce que j'ai essayé de faire, au risque de paraître parfois cruellement
glacé. J'ai mis d'autant plus de soin à me garder de la passion que jétais
moi-même au départ personnellement partagé : pour avec remords, contre avec
regret. En même temps, la violence des polémiques en cours, évidemment
disproportionnée à leur objet, me paraissait sonner faux. Car enfin, les
exécutions capitales sont devenues si rares que même ceux qu'elles révoltent
jusqu'au fond de leur être ne sauraient leur reconnaître une influence
appréciable sur nos moeurs et notre pensée. Je soupçonnais donc l'alibi ; seul
un raisonnement inflexible avait chance de le démasquer.
Effectivement, à mesure que j'avançais dans mes réflexions, j'ai vu se lever à
chaque pas les plus graves problèmes de fond que posent la justice et la
morale, et dont le débat sur la peine de mort semble avoir pour mission de
nous détourner. Mon opinion alors s'est mise à évoluer. Plutôt hostile
initialement à la peine de mort, jy suis devenu plutôt favorable. En
définitive, je crois nécessaire de la maintenir, au moins pour l'instant, mais
en la réservant à ce que tout nous pousse à nommer, même en droit commun,
crimes contre l'humanité.
Avec le voeu ardent qu'il n'y ait jamais à l'appliquer.
R.I.
colère les problèmes que soulève l'existence en France de la peine de mort ?
C'est ce que j'ai essayé de faire, au risque de paraître parfois cruellement
glacé. J'ai mis d'autant plus de soin à me garder de la passion que jétais
moi-même au départ personnellement partagé : pour avec remords, contre avec
regret. En même temps, la violence des polémiques en cours, évidemment
disproportionnée à leur objet, me paraissait sonner faux. Car enfin, les
exécutions capitales sont devenues si rares que même ceux qu'elles révoltent
jusqu'au fond de leur être ne sauraient leur reconnaître une influence
appréciable sur nos moeurs et notre pensée. Je soupçonnais donc l'alibi ; seul
un raisonnement inflexible avait chance de le démasquer.
Effectivement, à mesure que j'avançais dans mes réflexions, j'ai vu se lever à
chaque pas les plus graves problèmes de fond que posent la justice et la
morale, et dont le débat sur la peine de mort semble avoir pour mission de
nous détourner. Mon opinion alors s'est mise à évoluer. Plutôt hostile
initialement à la peine de mort, jy suis devenu plutôt favorable. En
définitive, je crois nécessaire de la maintenir, au moins pour l'instant, mais
en la réservant à ce que tout nous pousse à nommer, même en droit commun,
crimes contre l'humanité.
Avec le voeu ardent qu'il n'y ait jamais à l'appliquer.
R.I.
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