- EAN13
- 9782207103807
- Éditeur
- Denoël
- Date de publication
- 05/06/2012
- Collection
- L'Espace analytique
- Langue
- français
- Langue d'origine
- français
Les Mots ont un poids. Ils sont vivants
Que sont devenus nos enfants fous ?
Maud Mannoni
Denoël
L'Espace analytique
La gestion des problèmes de santé devient schizophrénique. Cette situation
n'est pas nouvelle mais elle empire. Pour preuve le sort qui risque d'être
fait à Bonneuil, menacé de disparition puisque c'est le principe même de cette
institution éclatée, fondée par Maud Mannoni en 1969, qui est remis en cause
par des circulaires aveugles. On le sait, dans ce lieu de vie, on accueille
des enfants et des adolescents psychotiques, on les suit et les accompagne,
parfois jusqu'à l'âge adulte, tout au long d'un parcours difficile vers une
réinsertion dans le monde " normal ". Bonneuil permet au " handicapé mental "
de rejeter l'institution, de refuser la thérapie et de vivre, entre présence
et absence, entre le travail scolaire et un apprentissage désiré, dans une
famille d'accueil, à la campagne. Ainsi - et les cas cliniques rassemblés ici
par Maud Mannoni en sont la remarquable illustration - des enfants autistes,
mutiques rattrapent leur retard scolaire, parfois de façon fulgurante, pour se
donner plus tard un métier. Or l'administration interdirait à Bonneuil ce qui
fait son originalité et sa raison d'être : d'une part, la possibilité
d'assurer la prise en charge, au-delà de vingt-cinq ans, de véritables
rescapés de la misère psychique ; d'autre part, le droit de recevoir des "
malades " venant de régions éloignées, comme d'en envoyer en province au-delà
de cent kilomètres pour qu'ils puissent commencer à vivre. Comment ne pas
partager la colère et l'inquiétude de tous ceux qui ont fait la preuve qu'on
peut aider le sujet handicapé à refuser une régression dans la maladie ou une
protection derrière l'image du " fou " qu'on lui renvoie de lui-même, alors
qu'il découvrira, dans le travail, qu'il compte pour les autres et peut
compter sur eux - ce qui lui donne accès au monde de la parole et du pacte
symbolique qui est celui des humains.
n'est pas nouvelle mais elle empire. Pour preuve le sort qui risque d'être
fait à Bonneuil, menacé de disparition puisque c'est le principe même de cette
institution éclatée, fondée par Maud Mannoni en 1969, qui est remis en cause
par des circulaires aveugles. On le sait, dans ce lieu de vie, on accueille
des enfants et des adolescents psychotiques, on les suit et les accompagne,
parfois jusqu'à l'âge adulte, tout au long d'un parcours difficile vers une
réinsertion dans le monde " normal ". Bonneuil permet au " handicapé mental "
de rejeter l'institution, de refuser la thérapie et de vivre, entre présence
et absence, entre le travail scolaire et un apprentissage désiré, dans une
famille d'accueil, à la campagne. Ainsi - et les cas cliniques rassemblés ici
par Maud Mannoni en sont la remarquable illustration - des enfants autistes,
mutiques rattrapent leur retard scolaire, parfois de façon fulgurante, pour se
donner plus tard un métier. Or l'administration interdirait à Bonneuil ce qui
fait son originalité et sa raison d'être : d'une part, la possibilité
d'assurer la prise en charge, au-delà de vingt-cinq ans, de véritables
rescapés de la misère psychique ; d'autre part, le droit de recevoir des "
malades " venant de régions éloignées, comme d'en envoyer en province au-delà
de cent kilomètres pour qu'ils puissent commencer à vivre. Comment ne pas
partager la colère et l'inquiétude de tous ceux qui ont fait la preuve qu'on
peut aider le sujet handicapé à refuser une régression dans la maladie ou une
protection derrière l'image du " fou " qu'on lui renvoie de lui-même, alors
qu'il découvrira, dans le travail, qu'il compte pour les autres et peut
compter sur eux - ce qui lui donne accès au monde de la parole et du pacte
symbolique qui est celui des humains.
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