Ma mère du Nord

Jean-Louis Fournier

Stock

  • 26 novembre 2015

    Voici un récit délicat, d'une portée universelle, celui d'un fils pour sa mère, aux rêves non réalisés.

    Une mère du Nord, dans les ruelles d'Arras, celle qui mène une vie extrêmement difficile.

    Elle sait aimer pour deux ses quatre enfants. Elle se satisfait d'un amour boiteux, triste, partagé avec un mari alcoolique. Le médecin ne parvient qu'à l'aimer mal ou peu.

    Elle mène une vie ponctuée de frustrations, se relevant sans cesse grâce au goût de l'artistique. Elle poursuit des rêves jamais réalisés, dont seul son fils Jean-Louis, tel le prolongement sublimé d'elle-même, parvient à accomplir.

    Sous couvert de confidences faussement drôles, Jean-Louis Fournier évoque avec une infinie tendresse la figure du père, l'homme malade, qui a l'art de tout gâcher malgré son empathie envers ses patients.

    Dans le récit intimiste, s'entremêlent des descriptions de photos, la voix des enfants et en exergue le baromètre des émotions: "Lune gibbeuse croissante, ciel très nuageux avec de courtes éclaircies", "Pour Pas-de-Calais, vents variables, la mer sera belle"...

    Une belle force que celle d'écrire sur sa famille avec beauté et de parvenir à offrir un singulier portrait de femme. Le souvenir de cette mère, initiatrice des plaisirs culturels, celle qui tient la barre du bateau qui chavire trop souvent.

    L'image de l'enfant angoissé par les retards de sa mère, perçus comme des petites morts quotidiennes, apporte à cette lecture une profondeur émotionnelle.

    Entre solitude et goût du bonheur, un très beau récit publié chez Stock.


  • Conseillé par
    18 octobre 2015

    Ce livre est un hommage à celle qui n’apparaissait que brièvement dans "Il a jamais tué personne, mon papa". Un bel hommage à sa mère où l’amour voilé de pudeur se mêle à un humour moins caustique que d’habitude. Celle qui voulait être heureuse n’a vu que de loin le bonheur à cause de l’alcoolisme de son mari : « ma mère est tombée sous le charme. Il l’a fait chavirer ». Un homme dont personne ne savait dans quel état il rentrerait le soir après sa tournée de médecin qui s’effectuait auprès des malades mais aussi dans les bistrots. Une charge et une honte qu’elle a supportée avec courage en mettant bien souvent son orgueil de côté. Et en ce point, ce livre complète parfaitement le tableau peint dans Il a jamais tué personne, mon papa. Surviendra le décès de son père âgé de quarante ans rongé par l’alcool « Notre père aura bu jusqu’a à la fin de sa vie. Il aura gâché sa vie, beaucoup de notre mère, un peu la nôtre » : les blessures même passées ne sont pas oubliées.
    La mère de Jean-Louis Fournier ne montrait pas ses sentiments mais elle a fait découvrir à ses enfants ses passions comme la musique et le théâtre à ses enfants.
    Moi qui suis une inconditionnelle de cet auteur, la Servante du seigneur m’avait mise mal à l’aise mais ce nouveau livre de Jean-Louis Fournier m’a vraiment énormément touchée. Un message d’amour beau, sensible et délicat et tout en nuances d’un fils à sa mère.
    Et celui qui était le plus turbulent de la fratrie écrit : « elle ignorait qu’elle avait été la plus chance ce ma vie. Je n’ai pas osé la lui dire, elle m’avait appris à taire mes sentiments. »