L’ infini sans forme

Parmi les concepts clés de la psychanalyse contemporaine, celui de « limite » est sans doute l’un des plus opérants dans la clinique – il évoque l’idée d’une contenance et d’un balisage des confins psychiques, sans lesquels l’individu n’aurait rien d’autre que le chaos et l’angoisse de « l’infini sans forme » propre aux états mentaux primitifs. Fort d’une longue expérience clinique avec des patients difficiles, et inspiré des travaux de Matte Blanco et de W. R. Bion sur la psychose et les pathologies graves, Riccardo Lombardi explore ici les façons dont les psychanalystes d’aujourd’hui peuvent travailler avec leurs patients pour révéler, cartographier et finalement contenir les états non névrotiques. Pour ce faire, il nous rappelle le rôle fondamental de l’inconscient non refoulé, l’importance du corps dans l’analyse, la fonction organisatrice des idées du temps et de la mort. En présentant de nombreux exemples de travail autour des états limites, psychotiques ou psycho­somatiques, il souligne les implications cliniques d’une façon moderne de penser la théorie de l’inconscient de Freud, et fait de cet ouvrage un outil indispensable pour les psychanalystes et les psychothérapeutes qui souhaitent élargir leurs recherches sur le fonctionnement psychique.
« La mise en évidence de la relation du sujet à la temporalité et à son propre espace corporel peut faciliter le processus psychanalytique et entraîner d’importantes modifications dans la façon dont les affects sont vécus : non pas en agissant directement sur eux par les interprétations, mais par le travail sur les paramètres formels qui organisent l’esprit, c’est-à-dire principalement sur son organisation spatiotemporelle. » – R. Lombardi