Manuel H.

Actes Sud

19,00
Conseillé par (Librairie La Buissonnière)
27 juillet 2019

Une musique narrative

Un premier roman, une nouvelle voix qui ouvre et trouve sa voie, rythmée, assez originale, ancrée à son époque, contemporaine, cherchant une musicalité même si le style peut paraître parfois ostentatoire. Narration à la première personne d'un adolescent qui fait le récit de ses heures et de ses jours dans le hameau d'un bourg rural au sud de la Seine-et-Marne (d'où 7 7). Un adolescent et sa petite bande d'amis, leurs jeux et leurs bêtises d'adolescents, les coups qu'ils prennent et qu'ils donnent, mais aussi le rejet, l'ostracisme et les humiliations que subit le narrateur de ses camarades, ses efforts pour s'affirmer, affirmer sa place pour le meilleur et pour le pire. Des leitmotiv comme le marron omniprésent et le silence du paysage, le cannabis, la baston, les bagnoles, le quad, la famille, les rêves d'ailleurs, la sexualité, l'homosexualité, les relations entre hommes et femmes. L'ensemble instaure un paysage mental et littéraire, intéressant et prometteur, tantôt drôle, tantôt violent qui glisse peu à peu vers une dimension plus tragique et intérieure.

17,50
Conseillé par (Librairie La Buissonnière)
27 juillet 2019

Un exil intime

Un très beau récit, bien mené, bien construit, dense et sobre à la fois, sensible et profond qui creuse les thèmes des relations familiales, de l'exil, de l'éloignement, de la « déterritorialisation de l'intime » mais aussi de la liberté, du désir, de la sexualité, des emprises familiales et traditionnelles qui enferment les individus. Cette musique narrative fait bien entendre sa voix, entre, s'il faut oser des proximités, Linda Lê et Annie Ernaux.
La narratrice, alors âgée d'une vingtaine d'années, retourne avec sa mère et son frère au Laos, à Savannakhet, village de ses grands-parents pour les funérailles de sa grand-mère. Dans ce contexte et ce récit, l'histoire familiale se dévoile et se révèle, marquée par l'exil en France (à Cherbourg, en Normandie), le traumatisme qu'il provoque, la séparation. Loo Hui Phang fait preuve d'un beau talent littéraire, d'une grande maîtrise de son récit, aussi assuré que délicat, développant des thématiques profondes et résonnantes. C'est intelligent, sensible et touchant.

17,00
Conseillé par (Librairie La Buissonnière)
27 juillet 2019

Au nom du père

Ce roman peint le beau et touchant portrait d'Apéraw, Sénégalais de Casamance de l'ethnie Diola, né vers 1944 et qui va émigrer en 1969 en France pour y travailler comme ouvrier. C'est un récit non chronologique de la vie d'un père par son fils qui, né en France, ne parle pas la langue paternelle. Soutenu par une narration fluide, le roman est agréable et plaisant à lire. Il porte un beau regard sur le père et dit cette relation si particulière entre le père et le fils. Il développe les thèmes de l'exil, du difficile retour au pays d'origine, de l'intégration, de la solitude aussi d'un ouvrier émigré. Un premier roman intéressant et de belle facture.

19,00
Conseillé par (Librairie La Buissonnière)
27 juillet 2019

Qui est Charly ?

À l'heure des bigdata, l'auteur propose une autobiographie de little data, une biographie de données de l'intime dans un texte hybride composé pour moitié d'infographies très belles à voir, très étonnantes à découvrir, intelligemment pensées et joliment composées, des infographies autobiographiques au regard desquelles des séries de courts textes répondent, font écho. C'est finement conduit, très agréable à lire, à découvrir, à regarder, à contempler. C'est à la fois drôle et poétique, empli de belles et douces réflexions et interrogations sur soi-même, sur sa relation au monde et aux autres. Les propositions sont souvent décalées et inattendues, le quotidien succédant au métaphysique le plus normalement du monde, sans faute de goût.
Il y a de quoi être séduit par cette agréable curiosité qui est aussi une douce réflexion sur sur le parcours d'un homme d'une quarantaine d'années mais plus largement sur l'enfance, le passé, les souvenirs, ce que l'on peut conserver comme traces de soi-même, ce que cela signifie de disposer de ces données de soi, de ces données intimes qui n'appartiennent encore qu'à soi-même.
En miroir de cette lecture, on pourrait penser à la phrase d'ouverture des « Années » le roman d'Annie Ernaux : « Toutes les images disparaîtront » et ce travail d'écriture pour que leur mémoire persiste. On pourrait faire ici le parallèle, « Databiographie » étant comme cette tentative de garder mémoire des données de l'intime car, probablement, et contrairement à ce que l'on imagine et projette : « Toutes les données disparaîtront ». Ce texte inattendu, relativement bref nous emmène avec plaisir et drôlerie très loin, là où l'on ne s'y attend pas.

Conseillé par (Librairie La Buissonnière)
20 juillet 2019

Lumières polaires

Porté par une remarquable narration et une impressionnante profondeur du regard, "Un monde sans rivage" nous glisse dans la saisissante et tragique aventure de trois hommes qui rêvaient de survoler le pôle Nord en ballon. Un roman qui vibre, miroite et s'irise comme une lumière diffractée par la glace.

Ce monde sans rivage est celui du pôle Nord que vont chercher à franchir en le survolant en ballon à la fin du XIXe siècles trois Suédois qui rêvent d'aventures et de gloire. S'écrasant sur la banquise trois jours après leur envol, ces compagnons d'infortune dérivent pendant trois mois, seuls au monde, tentant d'aborder un rivage inaccessible. Ils documentent alors leur quotidien par des photographies et des récits retrouvés trente ans plus tard dans la glace. Se saisissant de ce matériau exceptionnel, Hélène Gaudy déploie une magnifique et passionnante interprétation de cette terrible expédition. Travaillant l'épaisseur du temps, elle donne à découvrir l'histoire de ces hommes et des profonds échos qu'elle inspire jusqu'à nos jours. Elle fait résonner la secousse que leur disparition provoqua comme si l'effacement de ces hommes dans ce paysage préfigurait l'amenuisement des glaces qui menace aujourd'hui.