Le Carnet À Spirales .

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Les lectures de l'équipe du Carnet à spirales pour vous aider dans vos choix, vous accompagner dans vos nuits blanches, dans vos heures d'évasions romanesques.
Peu adeptes des étoiles nous avons décidé d'en donner 5 par défaut à nos recommandations.
Au plaisir de vous lire et de vous recevoir au Carnet à spirales

Mick Kitson

Points

7,80
Conseillé par (le Carnet à spirales)
28 février 2023

Elle ne sait ni lire, ni écrire mais elle aime posséder : les fringues, les sacs, les bijoux, l’argent surtout et les hommes qui le possèdent. Mary est une femme fatale et vénéneuse qui ne faut approcher sous aucun prétexte. C’est ce que Tony, sur son lit de mort, fait promettre à son fils Jimmy, de ne jamais tenter de retrouver cette mère qu’il n’a pas connue, cette croqueuse d’hommes élevée dans une communauté hippie par un père allumé qui a élevé sa fille dans le déni du matérialisme et un méli-mélo de doctrines inspirées du bouddhisme. Il n’en faut pas plus à Jimmy pour partir sur les traces de cette femme. Un roman haletant qui manie subtilement les retours en arrière pour mieux dresser le portrait fascinant d’une pétroleuse.

Conseillé par (le Carnet à spirales)
28 février 2023

du chien

Germain a 84 ans. Il est vosgien. Possède un caractère… un véritable caractère mi-ours, mi-bucheron. Il est taiseux et il mourra dans sa ferme. Qu’on lui foute la paix ! Alors quand sa fille unique mariée à un roi de la finance décide de l’envoyer en maison de retraite après une nouvelle chute dans l’escalier de la cave où ses secrets dorment et le maintiennent en vie, en envie, alors il accepte, il plie, il concède. Basile, petit-neveu inconnu, veillera sur lui, le temps de la saison d’hiver pendant laquelle Basile embauche comme dameur dans la station communale. Promis Germain ne boira pas, enfin pas devant sa fille (…), prendra ses pilules et ne descendra plus à la cave. Vous y croyez ? Voilà le début du nouveau roman de Jean-Paul Didierlaurent. Emouvant, drôle. La ferme d’à-côté est vide depuis trente ans, alors quand une jeune femme, Emmanuelle, ouvre les volets, rentre le bois et chauffe celle-ci, on soupçonne notre illustre taciturne de posséder un secret bien gardé. Trente ans de silence, de remords, de mensonges sous l’épaisse couche de neige. Cette neige, cet or blanc de la station qui a fondu après un nouvel an en terrasse et qui ne se montre plus. Les autochtones en appellent alors à la rescousse le divin. Ils ne seront pas déçus. La neige tombe et tombe encore, un déluge. Les langues se délient. L’amour éclot. Les jalousies s’exacerbent. Les dameurs dament. Les buveurs boivent. Et Germain grogne. Comédie humaine dans un petit village en huis-clos, ce Malamute est une grosse bête si douce et forte à la fois. L’auteur du Liseur de 6h27 est un sacré conteur et cela nous le savions. Avec Malamute, l’auteur a du chien, maitrise la tension qui gagne le lecteur, s’amuse des réactions de ses personnages, ah le Père Francis, des médiocrités humaines, de ce changement climatique que Germain hait, lui qui rythme ses années au gré des équinoxes. Profondément humain, contemplatif également, parfaitement maitrisé, ce Malamute, sous la conduite du musher Didierlaurent se dévore. Ah oui se dévore…

6,70
Conseillé par (le Carnet à spirales)
28 février 2023

« J'ai l'automne à l'envers. En dedans au lieu d'en dehors. Humide, tiède dans le creux des joues. Du vent qui craque dans la cage thoracique. C'est octobre. Ma mère est morte et j'ai pas encore pleuré. » Ainsi s’ouvre le roman, sur ces mots qui sonnent le glas et amorcent pourtant le début d’un long voyage à travers plusieurs générations de femmes. La narratrice revient dans sa Gaspésie natale, région du Québec ourlée de falaises et entourée des eaux tumultueuses du Saint Laurent au décès brutal de sa mère, retrouvée dans le fleuve bouillonnant. Installée dans la maison de la défunte qu’elle a décidé de vider seule, elle commence un périple introspectif, se retourne sur son enfance, ballotée avec sa sœur par une mère instable et fantasque. A travers les récits de sa grand-mère d’origine islandaise consignés dans une série de cahiers, elle reconstruit peu à peu son histoire et celle des femmes de sa famille, rêvant toutes d’une fuite vers un ailleurs fantasmé mais restant étrangement aimantées à cette terre du bout du monde. Elle y découvrira une souffrance profonde, un fardeau transmis de mère en fille. Du Québec aux plages noires d’Islande, Virginie DeChamplain, dans son parler québécois riche, plein de sourires, de rage, d’embruns et de poésie nous entraîne d’un pays à l’autre, où d’enracinement en déracinement, cette écorchée vive trouvera les moyens d’apaiser sa douleur et renouer avec les mortes et les vivantes de sa famille. Un premier roman magnétique.

Sabine Wespieser Éditeur

15,00
Conseillé par (le Carnet à spirales)
28 février 2023

En 1911, Gustav Mahler, après une dernière saison à la tête de l’Orchestre Philarmonique de New-York, rentre chez lui à Vienne. Sur le pont supérieur du paquebot qui le ramène pour la dernière fois en Europe, le compositeur gravement malade, se remémore les grands moments de sa vie : son enfance juive, son amour inconditionnel pour sa très jeune épouse, la perte de son enfant dont il ne se remettra jamais vraiment, la direction de l’Orchestre de Vienne et la musique bien sûr qui a rythmé son existence entière. Un roman délicat où derrière le compositeur de génie, le chef d’orchestre, le musicien acharné se cache un homme fragile, cerné par ses doutes, ses peurs.

Conseillé par (le Carnet à spirales)
24 février 2023

Premier tome d’une trilogie prévue, cette autobiographie d’Ersin Karabulut, auteur de BD et caricaturiste reconnu en Turquie mais aussi en Europe, était attendue et démarre, naturellement, par la jeunesse d’Ersin. Né en 1981, Ersin a vécu avec ses parents dans un quartier modeste d’Istanbul où son père complétait ses maigres revenus d’instituteur par la peinture et le dessin. Le dessin déjà. Ersin nous convie dans ses rêves d’enfants, peuplés de héros de BD et d’aventures vécues de bulles en bulles. Outre l’aspect autobiographique, ce « Journal inquiet d’Istanbul » permet d’appréhender les dernières décennies de l’histoire turque, marquée continuellement par un contexte politique instable et des coups d’état réguliers. Cette gestion de l’inquiétude permanente offre bien évidemment un puit d’inspirations pour les dessinateurs et artistes mais laisse toujours planer le doute sur leur propre liberté de création. Cette réflexion sur le travail du dessinateur en un pays chaotique que désormais Erdogan dirige d’une main de fer donne encore plus d’envergue à ce courageux « Journal inquiet d’Istanbul » et en fait une œuvre universelle à classer aux côtés de Riad Sattouf et Marjane Satrapi.
Article publié dans le Bruit qui court