Jean T.

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Conseillé par
13 août 2012

Des objets et des hommes

Classiquement, une autobiographie est l'histoire de la vie de l'auteur. Ici, le titre porte à croire que les objets se racontent. Illusion. François Bon se rappelle des objets qu'ils a utilisé, se donnant ainsi un prétexte pour évoquer sa vie et celle de sa famille.

Autant on pourra être étonné de la précision de ses souvenirs, de la persistance de sensations, (odeurs, images, textures...), autant il ne faudra pas espérer tout connaître de la vie de l'auteur. S'il parle de son père mécanicien, François Bon ne nous dira rien de son métier de soudeur. Mais on saura que les couteaux de son grand-père avaient une vie courte, trois ans, avant de prendre leur retraite dans une boîte à bougies Marchal. Les objets vivent de la relation qu'ils permettent d'établir avec les humains ou avec leur mémoire. On parlera donc de jouets, de nylon, de machines à écrire, de livres, de machines à laver, de photos de classe, de pied à coulisse, de règle à calcul, de panonceau Citroën, d'escaliers, de prises électriques... Chaque objet étant relié à un lieu, une personne, une famille, une histoire familiale, son histoire, finalement.
Occasionnellement, on est soi-même embarqué dans son propre souvenir. Moi aussi, j'ai lu le "Haut-Parleur". Moi aussi, mon grand-père avait un couteau qu'il affûtait souvent. Moi aussi...
Cette autobiographie non canonique raconte un monde où les objets avaient leur vie propre, duraient, s'usaient, n'étaient pas jetables. Comme le livre, d'ailleurs, qu'il faut lire et garder pour la Vendée des années soixante qu'il nous raconte, pour sa manière de narrer dans une belle langue une époque où la vie n'était pas virtuelle.

Conseillé par
9 juillet 2012

Aurélie Filippetti est fille et petite-fille de mineurs. Elle raconte comment son grand-père, immigré italien, résistant, a été arrêté par la Gestapo au fond de la mine avec la complicité du patron, avant d'être déporté en camp de concentration avec ses deux frères. Puis elle évoque la mémoire ouvrière, la vie des familles, les conditions de travail, la peur de descendre dans la mine, l'action politique (son père était communiste et syndiqué à la CGT), la place et le rôle du Parti communiste, les racines italiennes des immigrés, le sentiment de déclassement lorsque les mines et les usines sidérurgiques de Lorraine ont été fermées, la fin des illusions sociales et politiques portées par le communisme lorsque le mur de Berlin est tombé.

Le récit est composé de courts chapitres et ne suit pas la chronologie. C'est un beau texte, souvent émouvant et poignant, parfois douloureux. Il se termine sur la victoire de la gauche en mai 1981. Après celle de mai 2012, il était tentant de lire ce livre...
La mine d’Audun-le-Tiche a été fermée en 1997. "Rien ne reste du travail des hommes de cette terre, de leurs souffrances, de leur gloire et de leur peine". Ce n'est pas exact : ce livre garde la mémoire de ces hommes et rappelle leur dignité.

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