Lepréau-Lacourdesgrands ..

Conseillé par (Librairie Le Préau et la Cour des Grands)
30 septembre 2023

JULIE

Yan Lespoux est historien et enseigne la civilisation occitane à l'université de Montpellier. Dès lors, on imagine que le naufrage le long des côtes du Médoc de sept navires dont deux caraques portugaises revenant des Indes en janvier 1627 constituait une matière sans pareil pour l'écriture d'un premier roman. Surtout lorsque l'on sait qu'une tempête effroyable sévissait et que les habitants misérables des forêts des Landes massacreront les survivants pour s'emparer des richesses échouées.
C'est avec cette débâcle de la flotte portugaise que s'ouvre "Pour mourir le monde" et c'est avec enthousiasme que l'on se prend au jeu du grand roman d'aventures au cœur de la rentrée littéraire.
Trois picaros vont accompagner ce tourbillon de lieues et d'actions entre la France, le Portugal, le Brésil et les Indes: Fernando, Marie et Diogo, aussi jeunes que pauvres, mais aussi fiers que décidés.
On prend le large avec une langue enlevée et un fond historique passionnant et il est bien difficile de reposer le pied sur la terre ferme (et sûre!) après le tour de force de ces 400 pages d'aventures aux deux tiers maritimes.

Conseillé par (Librairie Le Préau et la Cour des Grands)
30 septembre 2023

JULIE

Quelques années après la fin de l'Union soviétique, Vassili Golovanov se prend de passion pour « la grande part d'Orient au sein de la Russie ». Longtemps invisibilisée au sein de l'URSS, tout juste un peu « étrange », cette partie du monde soviétique débarque dans le quotidien des Russes dès les années 90 avec l'arrivée de travailleurs migrants, des hommes et des femmes vivant dans des campements de fortune en marge des villes et occupant les emplois les plus pénibles.
Souhaitant dialoguer avec l'Orient malgré les conflits, Vassili Golovanov se met alors en tête d'écrire une « géographie totale de la Caspienne », car autour de cette mer intérieure, trois mondes cohabitent (russe, bouddhique et islamique) dont les particularités culturelles commencent à s'effacer sous l'effet de la mondialisation.
Parti en reportage pour le magazine Bakou, il arrive dans la partie la plus moderne de la capitale de l'Azerbaïdjan, ce qui donne lieu à des déambulations nocturnes étranges, dans de grandes avenues désertes et impersonnelles bordées de ruelles sombres et chaleureuses. Cependant, se laissant porter par le hasard et de belles rencontres, il entrevoit ce qui survit de mondes anciens et qui affleure encore dans le quotidien des Azerbaïdjanais : des tombeaux de saints auxquels on rend un culte, des « routes mystérieuses » millénaires gravées dans le sol et qui s'enfoncent dans la mer, des statuettes qui rappellent l'influence de l'antique Sumer, des villages anciens où persistent les traces du zoroastrisme...tout cela presque anéanti par l'exploitation du gaz et du pétrole. Ainsi, les terres rendues impropres à la culture, les déchets plastiques omniprésents, l'exode rural, la corruption ou le népotisme composent l'autre partie du tableau. Car rien n'est jamais caché dans les récits de Vassili Golovanov, aucune difficulté, aucune déception.
Qui d'autre que ce voyageur-géographe, poète-vagabond, aurait pu rendre aussi tangible la Caspienne, cette terre longtemps restée aux marges du monde civilisé ?

Conseillé par (Librairie Le Préau et la Cour des Grands)
30 septembre 2023

JULIE

Le roman débute par un dialogue entre une femme, Sarah, et un écrivain à qui elle confie son histoire personnelle.
Sarah, est une femme de 44 ans, épanouie en apparence. Elle vit en Bretagne dans un grand confort familial et domestique. Mariée depuis longtemps à un homme aimant, elle a fait le choix de vivre de sa passion pour la sculpture après avoir vendu son entreprise d'architecture. La vie semble lui sourire ; pourtant, elle va la bouleverser au péril de cet équilibre familial.
Tandis qu’elle échange avec cet auteur qu’elle admire, il lui expose une autre histoire, celle de son double fictif, Suzanne, qui doit faire face à la maladie et à un mari qui manque cruellement d'empathie .
Éric Reinhardt excelle dans l'art de mêler le réel et la fiction, avec une double lecture qui nous plonge dans les nuances du bouleversement intime de Sarah.
À travers l'histoire de ces deux femmes, l'auteur se fait l'écho d'une multitude d'autres femmes qui subissent encore le poids d'une société dont elles doivent trouver la force de s'affranchir.
Le roman est brillant par la complexité de sa composition et la beauté du texte. On pense à Flaubert, mais également à Henry James, tant le panel d’émotions est large et intense avec, en fond, un éloge à la liberté et à l'affirmation de soi.

Éditions de L'Olivier

Neuf 23,50
Occasion 18,80
Conseillé par (Librairie Le Préau et la Cour des Grands)
30 septembre 2023

ELOÏSE

Le deuxième roman d'Herman Diaz a obtenu le prestigieux prix Pulitzer en 2023 avec un titre qui en dit long sur le monde de la finance et de l'argent.
Ce récit est celui de l'ascension de Benjamin Rask à la fin du XIXe siècle aux États Unis. Riche héritier d'une grande famille d'industriels danois ayant un goût affirmé pour les mathématiques, Benjamin décide à la mort de son père de revendre l'entreprise familiale pour tout investir en bourse.
En dépit des différentes crises financières, il se révélera être un véritable génie de la spéculation. Benjamin est marié à une Américaine issue de la haute bourgeoisie ; on s’attache à son épouse discrète et dévouée dont on découvre les facettes cachées au fur et à mesure du récit.
Pour ménager la surprise et le suspens de ce grand roman haletant et passionnant, mieux vaut ne pas tout connaître de la construction ingénieuse élaborée par l'auteur. Il «balade » le lecteur dans un texte polyphonique en quatre parties exposant différents points de vue d'une même histoire. Le plaisir de la lecture est double : le récit d’un homme puissant et de sa famille, mais aussi en toile de fond, celle du rêve américain. Et la construction narrative: qui ment, qui dit vrai ? À qui faire confiance… car la mystification est un art que le personnage principal maitrise à merveille (jusqu'à écrire sa propre légende) ?
Les deux dernières parties seront celles des narratrices et apportent un éclairage remarquable sur l’histoire : l'autrice au service du riche financier et le témoignage poétique et émouvant de son épouse.
Lire «Trust », c'est s'attaquer à un roman total qui fait réfléchir sur les fondements de la société américaine et sur cette religion qu’est devenue l'argent. C'est également se plonger dans un texte profondément féministe et subtilement humaniste.

Neuf 20,00
Occasion 15,00
Conseillé par (Librairie Le Préau et la Cour des Grands)
30 septembre 2023

JULIE

Une étincelle a suffit, la société tout entière était prête à exploser. « Tout a commencé en 2029, quand un influenceur du nom de Julian Gomes a porté plainte contre son oncle. » Ce dernier l’avait violé lorsqu’il était enfant ; la plainte a été classée sans suite. Furieux, il lance alors un sondage auprès de sa communauté : puisque la justice ne remplit pas son rôle, doit-il rendre lui-même la justice ? C’est un oui, franc et massif, à 87 %. Ainsi commence la « Revenge week » , cette semaine où la population a pu se faire justice sans être inquiétée. Tous les crimes commis durant cette « semaine de la vengeance » ont été absous. Le monde ne pouvant revenir à un fonctionnement tel qu'il était avant l'événement, tout dû changer et ainsi débuta le règne de la Transparence: « un monde harmonieux libéré du mal, où chacun évolue sous le regard protecteur de ses voisins ». Plus rien ne doit être caché : partout les murs de briques ont cédé la place à des cloisons de verre.
Vingt ans plus tard, Hélène, ex-commissaire de police, est devenue « gardienne de protection ». Il n’y a plus vraiment de crimes depuis que chacun s'épie, se surveille. Pourtant, le 17 novembre 2049, une famille disparait et Hélène redevient enquêtrice. Le lecteur se laisse entrainer dans un rythme proche du thriller.
Pour « Panorama », son troisième roman, Lilia Hassaine choisit la dystopie pour dénoncer l'idéal d'un monde plus sécuritaire. Avec une plume fluide et efficace, parfois drôle, mais souvent glaçante elle continue à explorer la question des conflits de classes. Une lecture très addictive plus proche du polar que de la SF pour prolonger un peu le goût des lectures d'été tout en dénonçant le miroir aux alouettes dans lequel nous évoluons depuis l’avènement des réseaux sociaux.