Lepréau-Lacourdesgrands ..

Conseillé par (Librairie Le Préau et la Cour des Grands)
30 septembre 2023

JULIE

N'en déplaise à ceux qui ont frémi à l'annonce du dernier prix Nobel de littérature, l'écriture dite « blanche » (ou « plate » pour ceux qui la vilipendent) est source de très beaux moments de lecture.
Yamina Benahmed Daho en fait la démonstration dans ce texte, celui d'une jeunesse en Vendée, peut-être la sienne, dans un pavillon nouvellement construit à la fin des années 70.
Dans ce ­lotissement modeste où le père, harki, a choisi d'ancrer sa famille, un seul patronyme algérien à côté des Boissinot, Michaud, Souchard, Douillard, et autre Boulard. Tous ont des fantômes qui sont nés des dernières guerres, mais tous semblent avoir trouvé un lieu pour les faire cohabiter avec pudeur et soulagement.
Les souvenirs sont enfouis, fragmentés, mais la matière travaillée pour ce roman est lustrée par un double regard à hauteur d'enfant et d'adulte. Le cheminement autobiographique et sociologique des romans de Yamina Benahmed Daho (qui ne cache pas son admiration pour Pierre Bourdieu) est marqué par une beauté à la fois douce et puissante. On a tellement aimé !

24,00
Conseillé par (Librairie Le Préau et la Cour des Grands)
30 septembre 2023

JULIE

On retrouve dans ce roman tout l'univers de Pierric Bailly son amour de la montagne, du Haut-Jura en particulier, les atmosphères singulières, à la fois intimes, mais dans lesquelles les personnages semblent se laisser porter. « La Foudre » commence par de très belles pages sur la vie pastorale, sur la relation de Jean, renommé John comme son grand-père, et qui, comme lui, passe ses étés à garder des brebis et l'hiver jongle entre plusieurs emplois saisonniers.
Après la lecture d'un article de journal, John va se remémorer ses années de jeunesse, sa fascination pour ce camarade de lycée Alexandre Perrin, " plus à l'aise, plus cultivé, plus drôle, plus charmeur", il va se souvenir de l'envie de lui ressembler, de leur rivalité et cette incompréhension face à un parcours qui ne pouvait laisser présager le meurtre d'un chasseur à coup de planche et sa condamnation à plusieurs années de prison.
Pierric Bailly nous interroge sur nos décisions à différentes périodes de la vie, sur ces moments où elle peut basculer alors que le narrateur fait ici le choix du chemin le plus caillouteux.
Le plaisir de lecture est immense au gré des cheminements faits de hasards, de rencontres, portés par une langue belle et émouvante.

23,50
Conseillé par (Librairie Le Préau et la Cour des Grands)
30 septembre 2023

ELOÏSE

Lorsqu'il s'agit d'évoquer ce qu'on appelle la « littérature du réel » ou la « narrative non-fiction », David Grann fait sans doute partie des noms d'auteurs ou autrices auxquels on pense rapidement. Journaliste au New-Yorker depuis 2003, plusieurs de ses ouvrages ont déjà été remarqués et adaptés au cinéma. « La cité perdue de Z » ou encore « La Note américaine » qui sortira au mois d'octobre sous la direction de Martin Scorsese.
Pour ce dernier livre, David Grann nous emmène au 18e siècle à bord d'un vaisseau de l’empire britannique, le Wager. Parti d'Angleterre en 1740 dans l'intention d'attaquer et de piller un galion espagnol dans le Pacifique durant ce que l'on nomme « la guerre de l'oreille de Jenkins » , le Wager fait naufrage sur une petite île au large de la Patagonie. Les rares rescapés se retrouvent prêts à tout pour survivre et regagner l'Angleterre, ce que certains réussiront à faire par petits groupes mais de nombreuses années après.
Véritable enquête littéraire, comme seul David Grann les maîtrise, le texte offre toutes les saveurs maritimes et historiques de l'époque et les conditions cauchemardesques de cette expédition avec une grande précision. De la rigueur, de la justesse et le sens du détail du journaliste mélé à la narration épique du romancier. En plus de pointer sa lorgnette sur le périple homérique de ces baroudeurs (pas toujours) volontaires, David Grann questionne l'importance des récits dans le façonnement de l'Histoire.

Conseillé par (Librairie Le Préau et la Cour des Grands)
30 septembre 2023

JULIE

Janvier 1557 : Jacopo Da Pontormo, le peintre chargé par la famille de Médicis de réaliser les fresques de l'église San Lorenzo de Florence, vient d'être assassiné et l'un de ses tableaux volés. Giorgio Vasari est immédiatement sommé par le duc Cosimo de retrouver le meurtrier, car, en ces temps troublés, tuer le peintre officiel des Médicis, celui chargé de réaliser des fresques dignes de rivaliser avec celles de Michel-Ange à Rome, c'est presque un crime de lèse-majesté.
Mêlant à nouveau la fiction à l'Histoire, Laurent Binet propose à la fois un roman policier et un roman épistolaire. Les lettres échangées entre les différents protagonistes (dont tout un réseau d'artistes et d'artisans gravitant autour de Pontormo) permettent de multiplier les pistes et les points de vue : qui a assassiné le peintre ? Un rival envieux ? Un ouvrier séditieux ? Des religieux proches de Savonarole ? Le temps presse, car la légitimité de Cosimo de Médicis est fragile, le royaume de France fait valoir ses prétentions sur le royaume de Naples, et le nouveau Pape, Paul IV, ne montre aucun goût pour les arts (pire : c'est « l'ennemi juré des artistes »). Bref l'époque n'est plus où l'on célébrait les audaces d' un Michel-Ange, et les fresques de Pontormo sont menacées.
Des épisodes cocasses, des personnages d'aventuriers et des clins d'œil aux Liaisons dangereuses ajoutent encore au plaisir de lire ce roman extrêmement addictif. Vous laisserez-vous tenter ?

Conseillé par (Librairie Le Préau et la Cour des Grands)
30 septembre 2023

JULIE

Premier roman du Canadien Louis-Daniel Godin qui fait souffler un vent frais sur cette rentrée littéraire.
Le narrateur, adopté à l’âge de cinq jours, tente de résoudre la question mathématique de la valeur de l'amour, de celle de la vie. Une vie à compter, les pertes et les gains, dans les flux d'émotions, de souvenirs, de blessures de l'enfance vers l'âge adulte. L'importance du détail avec cette interrogation de départ: A-t-on une dette envers quelqu'un lorsqu'on a été adopté ? C'est là que « Le Compte est bon » diffère des classiques récits familiaux. Afin de mettre en lumière toutes les perspectives de ses morceaux de vie, il fait le choix de les raconter en boucle : le récit s’enroule sur lui-même, de façon obsessionnelle, pour donner à lire sa vérité.
Inspiré par ses dix années d’analyse, à déverser son flot de pensées avec une prose martelée, Louis-Daniel Godin réalise une véritable introspection littéraire. Récit fascinant, drôle et touchant qui aborde de front les questions de l’amour et de l'argent, depuis la dette d'un enfant adopté qui toute sa jeune vie a tenu les comptes jusqu'à atteindre l’équilibre entre imaginaire et réalité.