C'est écrit telle une pièce en 3 temps.
Le désordre, le chaos, il semblerait que ce soit le fil conducteur de cet ouvrage, le rythme aussi comme une partition.
Tout d'abord, courir avec les héros, dans la liesse et l'excitation de la préparation d'une manifestation, ils sont jeunes, fougueux et remplis d'espoirs, convaincus par leur lutte et puis ensuite, après l'effort et le tumulte, on s'arrête, on casse cette musique. On retrouve chacun, mais des années plus tard, alors qu'ils sont devenus adultes, avec toujours les mêmes rêves mais aussi leur vie derrière et devant eux, leurs doutes et leurs lâchetés. Portraits de ces héros devenus grands mais qui gardent au fond d'eux des regrets : et si...

et puis enfin, on les retrouve ensemble, en dehors de Paris et de la pression de la capitale, et c'est là encore une autre partition, ils se cherchent, se tournent autour, et puis s'agrippent les uns aux autres, se remémorent le temps d'une nuit ce qu'ils ont vécu, ils partagent leur regret, leurs envies, leurs aspirations.
Ce livre est un ensemble rempli de sous-ensembles, où l'on mélange pèle-mêle, les différentes phases de la vie, les sentiments, les doutes, les revendications et puis la maturité et le temps où l'on se raisonne, l'adultère, le trouble des sentiments,
Les mélanges des genres...

Les hommes auraient le jeu dans la peau ? C’est bien cela Monsieur Donner !!!

Ah, çà !!! Mais comment cela est-il possible et pourquoi ???

C’est vrai, si l’on regarde autour de soi, on trouve le jeu partout, pour certains c’est un choix de vie pour d’autres une habitude, pour d’autres encore un vice…

Que nous propose l’auteur sinon une histoire dans l’Histoire, nous plongeons dans l’univers des courses hippiques et c’est le grand saut dans le 19ème siècle, au rythme des sabots et des cris des hippodromes, nous haletons nous aussi, au gré de cette fresque qui retrace l’avènement d’un monde. C’est la course effrénée et l’imbrication entre les protagonistes pour qui l’enjeu est vital parfois, on se trouve mêlé à des scandales politicos-financiers, à des logiques d’hommes d’affaires tels que la famille Oller dans un premier temps et puis ensuite Albert Chauvin, les rumeurs et les malversations pour savoir qui aura le monopole des paris mutuels, les bookmakers et la foule de plus en plus dense, de plus en plus bigarrée qui mêle les notables, les bourgeois et le peuple.

Telle une fresque, nous plongeons aussi dans le Paris des grands boulevards, des expositions universelles, des grands projets architecturaux, et nous accompagnons Albert Oller dans ses réalisations plus folles les unes que les autres, il y aura l’attrait des paris mutuels d’abord et les inventions des machines à calculer les paris, les infrastructures telles les routes, les moyens de locomotion pour emmener toujours plus de monde vers les courses, et aussi l’idée de restaurer et divertir tout ces gens avec les cabarets et les théâtres, le Moulin Rouge par exemple, nous croisons aussi Toulouse-Lautrec, la Goulue et tous les grands noms de cette époque.

Nous sommes tenus en haleine par le résultat et le peloton d’arrivée, mais l’on peut se poser la question de « qui gagne au fond, et que gagne t’on ?

Vous avancerez à pas feutré dans une ambiance ouatée. Il faut prendre le temps pour percevoir les protagonistes et comprendre l'intrigue.
L'auteur nous décrit avec lenteur mais sagesse la vie d'un couple, de leur fille, enfin presque et de leur vie au quotidien, comme n'importe quel couple d'ailleurs, que nous soyons au Japon ou en Europe, celle d'un foyer que l'on dit équilibré, sain et empreint d'affection. Hum, cela ne pouvait pas durer me direz-vous et vous auriez raison. Jusqu'à lors, Yûko, sans être totalement naïve ni prude, ne remettait pas en cause ni son mariage ni la quiétude de sa vie et elle laissait les événements se dérouler, mais lorsqu'elle découvre cette boite d'allumettes, et ce que cela provoque toutes ses convictions, regrets, souvenirs remontent à la surface créant un flot de questionnement...
Comme tout un chacun, tout se bouscule le jour où elle fait une découverte surprenante sur son époux...comment réagir, que faire, que dire, et nous qu'aurions-nous fait à sa place...
Je ferme ce chapitre en vous laissant la porte ouverte sur la société bien-pensante et ses conventions et sur les options à prendre en cas d'adversité...

C'est un voyage entre imaginaire et réalité que nous propose Christine Montalbetti, et progressivement on se laisse glisser dans cette douce folie. On s'aventure sur les pas de Yasu en quête de son oncle, parti un beau matin sans laisser de trace mais dont l'absence continue de marquer les esprits.
La narratrice nous propose un périple entre ses propres réflexions et aveux tout en suivant les pérégrinations des protagonistes et leurs pensées ou celles que l'on veut leur attribuer.
Nous sommes baignés de paysages et de clichés sur le Japon traditionnel, kimonos, socques en bois, ambiance feutrée, silence, cerisiers japonais et pluies d'été. L'intrigue se développe comme dans une pièce de théâtre no, les rôles et le déroulement sont annoncés d'emblée, il faut laisser les événements se dérouler.

L'auteur nous emmène dans un monde où tous les sens sont sollicités, tour à tour on voyage dans un monde silencieux et à la fois entrecoupé du bruit des réflexions, un monde de non-dits et de silences, un monde de plaisirs et de caresses...On s'imagine partir à la recherche de l'oncle nous aussi, suivre les traces de cet homme qui a choisi de se créer une nouvelle vie, partir sans savoir ce qu'il est advenu de lui et imaginer sa vie.
Et au-delà de ce périple, c'est aussi la quête de nous-mêmes, peut-on réellement quitter sa vie,tout laisser et se reconstruire ailleurs ?
Les mots sont choisis avec soin, et pour ceux qui aiment se promener dans des paysages rupestres, sac sur le dos, et qui s'évadent aisément au gré de leur promenade, c'est assurément le guide qu'il vous faut.

C'est certainement le roman que je recommande à quiconque de lire d'un trait, il ne faut pas s'effrayer par le volume. Aucunes coupes sombres n'est à tolérer ni admettre, il faut se plonger corps et âmes dans ce roman tout comme le narrateur. Quelle histoire ?
Et cette façon d'aborder l'Histoire, ces faits de guerre, et comment tout un chacun aurait réagi face aux événements.
Il faut se dire que nous ne pouvons pas juger mais seulement se poser la question de savoir comment nous, nous aurions agi dans les mêmes situations.

Comment en effet, se positionner lorsque notre vie est en danger, qu'il y a peu ou pas d'issues, faut-il rester fidèle à ses convictions au risque de perdre la vie, de compromettre celle de notre entourage et surtout inutilement car notre attitude ne changera rien pour autrui. Ou faut-il au contraire s'impliquer et s'adapter, laisser les éléments se dérouler en se disant qu'advienne que pourra et que l'on ne peut pas sauver tout le monde, voire même qu'il faut jouir de la vie et du temps qui nous est donné.
C'est face à ce dilemme que se retrouve notre héros, il aura été tour à tour amoureux, malheureux, trahi par sa famille, bafoué, aimé aussi par un entourage fait de rencontres inopinées. Il aura eu la chance de côtoyer le milieu artistique des années 39-45, comme Picasso, Guitry et bien d'autres encore, de se lier d'amitié aussi bien avec des Juifs, qu'avec des Allemands, de tenter d'exister et de vivre sa jeunesse sans se soucier du contexte de guerre et de ce que ses choix impliquent réellement.
Sommes-nous juste des hommes faillibles ???
C'est sur cette réflexion que je laisse les futurs lecteurs se plonger avec avidité dans ce récit et que j'encourage ensuite à faire partager au travers de discussions les thèmes abordés dans cet ouvrage :
la religion, la guerre, la collaboration, l'amour et l'amitié, les résistants, les vices liés à la luxure, l'argent, la délation aussi...