Kevin -.

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13 janvier 2021

Ayant aimé relire Phèdre, je me suis laissé charmer par ce petit Librio (2 €). Je me rends compte qu'il n'est pas si évident d'apprécier à sa juste valeur une œuvre de théâtre sans un certain degré de culture, de recul et d'esprit absurde.

Bref, le Songe d'une nuit d'été est aussi court qu'intense : les moins-de-cent pages se lisent aussi rapidement que le passage dans la pièce des jours et des nuits. On retrouve des héros grecs caractériels, des personnages pas du tout issus de la mythologie grecque et une troupe de théâtre. Ce mélange saugrenu de personnages coexistent et interagissent naturellement : expressions modernes et acceptation du cadre antique.

La dimension tragique n'est pas mise de côté avec les différents triangles amoureux, dont on s'attend à une conclusion douloureuse. Mais j'ai été soulagé par la manière, pour une fois, dont les dieux soulagent les maux humains.
Le théâtreception (d'accord, d'accord, la mise en abyme) est intéressant. Briser le 4e mur dans la pièce mais pas à l'égard de nous, lecteurs, est subtil et réussi.

La pièce est courte, agréable et donne envie d'en lire plus et de la jouer. En plus, c'est un bout de culture vraiment accessible.

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3 janvier 2021

Amoureux de SF : à lire au plus vite

Si la couverture est attrayante, la quatrième de couverture me donnait plus l'impression d'un light SF, mais soit, pourquoi ne pas se laisser tenter !
Et l'aventure en valait la chandelle ! C'est mon coup de cœur de cette année 2020 en SF.
Alors, L'Espace d'un an est un space opera en grande pompe avec planètes, stations, voyages interstellaires, espèces aliens (aussi nommées intell). C'est aussi un intéressant huis-clos dans le Voyageur, qui n'est pas sans rappeler les bons jours avec le Rossinante...
La plume de Chambers est fluide, pas de superflu mais donne toujours assez pour nourrir l'imagination. Je pense qu'il y a un beau travail de traduction de Marie Surgers derrière également.
Les trames scénaristiques sont diverses : avec parfois des accents de thrillers ou de blockbusters, on trouve surtout les thèmes de la romance, du voyage spatial, des enjeux scientifiques, des rencontres avec d'autres peuples intell.
Évidemment, le cœur de ce livre c'est sa dimension "positive", et là encore, c'est largement à la hauteur des critiques. Le livre est une ode à l'altérité. Les espèces aliens de cet équipage et rencontrées sont hautes en couleurs, en histoire, ont leurs modèles de société et leurs motivations distinctes. Le livre replace l'espèce humaine dans une place qui n'est pas ethnocentrée et ça fait du bien. Pour ceux qui sont férus d'interrogation sur la vie extraterrestre, le principe de grand filtre est un bon marqueur ici.
Les rapports entre les membres du Voyageur sont teintés de bienveillance (allez, quasi tous) et on a l'impression de voyager avec une grande famille, étrange, diversifiée, mais tout de même.
J'aime la place accordée aux histoires des uns et des autres : en tant que vie du personnage mais aussi comme support pour comprendre telle ou telle espèce.
Bref, un vrai souffle de bien-être ce roman. Totalement recommandé !
Un peu de frustration parce que Chambers ne reprend pas les personnages, ni la trame développée ici dans ses livres suivants.

HABEREY Gilles, PEROT Hugues

Pierre de Taillac éditions

24,90
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2 janvier 2021

3,5/5

Dans un format assez imposant, nous retrouvons un joli petit recueil de batailles du Moyen Âge. Assez amateur de stratégie et de tactique (si c'est aussi votre cas, je vous recommande la chaîne Sur le Champ sur Youtube), j'ai vite dévoré ce beau livre.
La police est assez grande, la lecture est donc agréable et on ne se sent pas assailli par moult complexités. Les illustrations sont à propos et un bon appui à la compréhension des récits. Les batailles se font à des endroits différents de la carte du Moyen Âge Occidental.
Trois gros bémols néanmoins, et c'est dommage. D'une part, le choix de faire des doubles pages avec la représentation du champ de bataille n'est pas forcément très agréable, car parfois peu compréhensible. Il aurait peut-être été intéressant de faire plusieurs cases et d'expliquer les différents mouvements, un par un. D'autre part, il y a quelques petites coquilles, anachronismes lexicaux, qui font sursauter. Un troisième regret, c'est que les batailles se limitent au Moyen Âge Occidental et aux théâtres terrestres.
En tout cas, c'est du bon travail, intéressant, diversifié qui peut être encore amélioré.

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15 novembre 2020

3,5/5

Je ne suis pas totalement sûr de ce que je viens de finir de lire.

"Le Regard des princes à minuit" est à mi-chemin entre un recueil de brèves nouvelles d'aventures initiatiques, soutenues par des valeurs chevaleresques et un essai sur la valeur de la bienveillance et la recherche de soi et de sa place, sur le besoin d'exprimer son existence et la lutte contre le cadre établi.

Avec sa plume douce et habituée à conter, Erik L'homme signe ici un court recueil délicat, qui ne correspond pas du tout à ce que je pensais lire ( mais ça c'est une autre histoire) mais qui a le surprenant pouvoir de donner un peu de contemplation dans ce monde aux abois.

Il est aussi un excellent réservoir de belles citations, à noter !

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15 novembre 2020

J'ai été touché par la lecture de ce second numéro de Tempura. Pour ce numéro de l'été 2020, le magazine parle du Japon au travail. Sujet moins sexy que les belles balades entre le Mont Fuji et les temples de Kyoto, il pourrait tout autant sembler résolu depuis longtemps et circonscrit aux salarymen, ces japonaises et japonais en costume.
Pas ici.
Tempura aborde en effet le quotidien des salarymen, mais aussi les inégalités entre les femmes et les hommes. On retrouve le témoignage fort d'artisans dont les métiers périclitent comme la céramique ou la fabrication de tatami mais aussi la naissance d'une nouvelle génération d'artisans, qui reviennent à la source de ces arts.
Ce Tempura parle aussi des sentos, ces bains publics japonais, du shibari, cette pratique qui dépasse l'image qu'on lui attribue ordinairement. On part en voyage à Okinawa le temps de quelques pages et on reçoit en pleine face la proposition photographique de Seung-woo Yang, dans la vie du Japon de la Nuit et du marginal. Il y a d'autres sujets dans ce numéro qui mériterait d'être commenté mais je ne vais pas faire trop de lignes.

Tempura a une bonne recette et ça marche ! Recommandé pour les amoureux du Japon et ceux qui le deviendront après l'avoir lu.