Laurence G.

Libraire passionnée à Epinal depuis 2013.

Éditions Gallmeister

9,50
Conseillé par (Au moulin des Lettres)
14 juin 2021

Quand même les traders de Wall Street sortent des rails, alors tout n'est pas foutu!

Gros coup de coeur du Moulin des Lettres pour un roman de Mark Haskell Smith paru aux éditions Gallmeister en 2019.
Ce roman d'action démarre à Wall Street dans les bureaux branchés
d' Interfund, une grosse boîte de traders qui manient l'argent des autres virtuellement, en virtuoses des marchés financiers. Tout semble rouler pour Bryan Leblanc (mais où Haskell Smith est-il allé chercher un nom pareil?), la perle des traders que son patron imagine un jour à la tête de l'affaire. Mais Brian n'est pas tout à fait la copie conforme de ses petits camarades de travail et il va nous le démontrer très vite le jour où il va mettre à exécution son arnaque... Plein de péripéties et de rebondissements sanglants qui nous embarquent des îles Hawaïennes aux îles grecques, ce roman noir est succulent, plein d'humour, à déguster !

Thriller

Le Livre de poche

8,70
Conseillé par (Au moulin des Lettres)
14 juin 2021

Un thriller coréen qui dévoile la part sombre des mères...

Vous aimez les thrillers psychologiques ? « Bonne nuit Maman » publié par la jeune maison d’édition Matin Calme, spécialisée dans le polar coréen, est pour vous. Diablement bien construit, ce roman présente deux histoires qui vont s’entremêler peu à peu jusqu’à se rejoindre en un final parfait.
L’un des personnages principaux est un jeune homme, tueur en série condamné à mort pour l’homicide de treize femmes. Il résiste à tout interrogatoire, restant totalement muet quant à la motivation de ses actes, jusqu’au jour où il demande à être entendu par une jeune femme, psychologue criminelle, Seon-gyeong. Celle-ci ignore pourquoi il l’a choisi mais décide de se rendre à la prison pour le rencontrer malgré son manque d’expérience . Le jeune homme va peu à peu se confier à elle et lui raconter sa longue descente aux enfers face à une mère mal aimante.
Parallèlement à cette série de rencontres qui vont se dérouler dans la prison, on va découvrir la vie que mène Seon-gyeong. Mariée à un homme divorcé, ils vont recueillir chez eux la fille de 11 ans de celui-ci. Elevée en partie par ses grands-parents maternels, elle doit désormais se faire à sa nouvelle vie chez sa belle-mère et son père car les grands-parents viennent de périr dans l’ incendie qui s’est déclaré chez eux. La fillette semble dès le départ très perturbée et son comportement étrange alerte Seon-gyeong qui doit cependant la prendre totalement en charge car son mari les délaisse toutes deux au profit de son travail.
Ce roman explore les traumatismes des enfants qui ont subi des maltraitances . Une fois devenus adultes, que deviennent en eux l’image du parent honni mais omniprésent et les souvenirs de leur enfance brisée?
Le style de l’auteure, efficace, captive le lecteur dès les premières pages, même si quelques lourdeurs et répétitions auraient pu être évitées. Le personnage de la fillette a donné lieu à une trilogie et l’on a hâte de découvrir la traduction du second tome.

10,50
Conseillé par (Au moulin des Lettres)
13 juin 2021

Un roman choral sur la puissance de l'espoir et le collectif, prix du Moulin des lettres en 2019

Qu’est-ce qu’écrire ? Pour certains auteurs et pour Alaa El Aswany en particulier, c’est donner la parole à celles et ceux qui n’ont pas de voix.
Ils sont nombreux en Egypte, en 2011, date à laquelle se déroule ce roman, à ne plus supporter l’injustice, la corruption politique et la répression policière aveugle cautionnées par Hosni Moubarak. Ils vont se retrouver sur la place principale du Caire, la place Tahrir, et des discussions menées entre musulmans, laïcs et coptes va émerger l’idée d’une nouvelle Egypte que le peuple, à bout, veut faire naître.
Alaa El Aswany nous révèle de façon passionnante, avec un style alerte et plein d’ironie, l’histoire très contemporaine de la révolution égyptienne qu’il va dérouler sous nos yeux, jour après jour, grâce à l’introduction dans cette histoire chorale de personnages de condition sociale et d’appartenance religieuse diverses, en n’oubliant pas le camp de l’armée dont les chefs manipulent habilement l’opinion à leur avantage, quitte à jouer avec le feu.
Asma est l’un de ces personnages ; jeune professeure idéaliste aux convictions profondes, elle refuse de se voiler malgré les pressions de sa hiérarchie, tout comme elle refuse la soumission au sein de sa famille; opprimée et humiliée au quotidien, c’est à Mazen, un ingénieur dans une usine rencontré aux réunions organisées par le mouvement politique Kifaya, qu’elle va se confier. Ils vont s’impliquer tous les deux jusqu’au bout dans le mouvement de rébellion populaire et se retrouvent dans leur vision commune d’un pays débarrassé du mensonge, de l’oppression faite aux femmes et du mépris du peuple ; ils se confient l’un à l’autre par mails sur leur quotidien et les vicissitudes qu’ils affrontent au travail : cette alternance de correspondances crée une rupture dans le récit du narrateur omniscient et nous permet de pénétrer dans deux univers intimes et professionnels très différents.
Tout au long du roman d’ailleurs El Aswany a à coeur de faire entrer le lecteur dans de nombreux foyers cairotes et en nous ouvrant leurs portes, il nous montre aussi la condition réservée aux filles, sœurs et épouses dans les familles ; la pression parentale exercée sur les filles est lourde et leur mode de vie n’est jamais dicté par leur volonté propre mais imposé par la tradition, le respect du père et la religion. Combien d’Asma rencontre-t-on, assez fortes et courageuses pour se rebeller et quitter le foyer parental afin de fuir un mariage forcé? Bien peu !
L’hypocrisie de la société égyptienne est dénoncée tout au long du livre et à de nombreuses reprises ; chacun y va, homme ou femme, de sa lecture très personnelle du Coran pour s’autoriser les pires écarts de conduite : lâcheté, sexe, alcool, volonté de pouvoir, enrichissement illégal, jalousie et malgré la violence de la situation vécue par ses personnages, la répression et les affrontements parfois mortels, El Aswany ne manque pas de mordant et parfois même de drôlerie pour décrire ce pays qui lui est si cher et où il continue de vivre malgré tout.
Un roman superbe et extrêmement émouvant qui avait fait l’unanimité du jury du Moulin des Lettres en juin 2019.

Conseillé par (Au moulin des Lettres)
10 juin 2021

Un roman graphique poignant au dessin superbe, un gros coup de coeur du Moulin des Lettres !

"Jours de sable" est un roman graphique imposant de 277 pages accompagné d'un court dossier photographique. L'auteure-illustratrice Aimée de Jongh a choisi de s'intéresser aux années de la Grande Dépression aux Etats-Unis à travers la figure d'un jeune photographe de 22 ans, John Clark, personnage fictif.
John est envoyé par la Farm Security Administration dans la région du "Dust Bowl" afin de photographier les conditions de vie des agriculteurs et de renseigner l'Administration sur leurs besoins. De nombreux photographes sont ainsi partis sur les routes américaines armés de leur pied et de leur appareil photo et ont ramené des photos de désolation et de misère. Les photos de Dorothea Lange sont parmi les plus connues.
Le "Dust Bowl" est une région à cheval sur plusieurs Etats du centre des Etats-Unis qui s'est créé suite aux procédés inappropriés de culture mis en place durant des années et qui ont rendu la terre totalement aride. Plusieurs années de sécheresse ont aggravé la situation et des phénomènes de tempêtes de sable ont augmenté en nombre et en intensité, obligeant ceux qui le pouvaient à fuir la région et à abandonner ce qu'ils avaient difficilement construit.
Si Aimée de Jongh n'a pas repris un personnage de photographe précis, le contexte socio-économique est des plus réels. John part de New York, les files de chômeurs et les gens dormant dehors sont là pour attester de la crise. On en apprend peu à peu sur ce jeune homme qui a repris le métier de son père. Cette mission le passionne et il part conscient de la chance qu'on lui donne, armé d'une feuille de route assez précise. C'est en arrivant en Oklahoma qu'il va chercher à rencontrer les agriculteurs pour les photographier mais sa maladresse ne va pas l'aider beaucoup et il va devoir évoluer pour entrer en contact avec une population miséreuse et pleine de défiance.
Le travail graphique de l'auteure est remarquable; la palette de couleurs utilisée a pour dominantes le jaune orangé et le brun qui créent un effet de désolation intense. La végétation a peu à peu disparu de cette région et l'agriculture est devenue impossible. L'accablement et la détresse sont les sentiments qui dominent les habitants . Cependant, John va être accueilli par une famille particulièrement sympathique. C'est en la photographiant qu'il va prendre la mesure de ce qu'est la photographie, de ce qu'elle peut rendre et de ce qu'elle n'est pas en mesure de raconter. Un bouleversement profond va s'opérer en lui...Quelques photos d'époque ponctuent l'histoire qui n'en devient que plus poignante.

16,50
Conseillé par (Au moulin des Lettres)
7 juin 2021

ROMAN EN MODE SURVIE : suspense intense en pleine cordillère des Andes !

Les voyages forment la jeunesse dit-on aux jeunes et c'est ce qu'ont pu mettre en pratique 5 ados Français, David, Rachel, Myriam, Gillian et Roberto, en gagnant un concours organisé par les conservatoires d'Ile de France et une tournée de 10 jours dans un petit pays d'Amérique Latine. Roberto,15 ans, est le plus jeune du groupe mais parlant espagnol, c'est celui qui a profité au maximum de cette opportunité.
Le séjour dans ce pays tout petit et plus proche d'une dictature que d'une République touche à sa fin; pleins d'images et de souvenirs dans la tête, les jeunes musiciens embarquent sur le vol de retour mais le trajet comporte un changement à Buenos Aires ce qui implique un voyage plus long qu'à l'aller et un survol de la cordillère des Andes. Et c'est justement pendant ce vol que l'avion va rencontrer une tempête et s'écraser au sol en peine montagne.
Le roman passe alors en mode "survie" puisque les 5 ados vont survivre au crash (forcément !) et devoir s'organiser en attendant d'éventuels secours.
"Cut the line" fait partie de la famille des "récits catastrophe" ou "survival" mais l'originalité consiste à avoir choisi une bande d'ados. Les personnages sont chacun bien définis et ont une épaisseur qui rend leur histoire prenante puisqu'on s'attache rapidement à l'un ou à l'autre. Le huis-clos et les conditions de leur survie dans un environnement extrême vont avoir bien évidemment un impact sur chacun d'eux et sur leurs relations. Leur caractère et leurs secrets intimes vont agir en détonateurs dans l'environnement plus qu'hostile qu'ils vont affronter. Un roman bien ficelé et plein de suspense dans lequel l'auteur a ajouté à la fin une dimension politique originale et inattendue. A dévorer dès 14 ans...