Yv

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Je lis, je lis, je lis, depuis longtemps. De tout, mais essentiellement des romans. Pas très original, mais peu de lectures "médiatiques". Mon vrai plaisir est de découvrir des auteurs et/ou des éditeurs peu connus et qui valent le coup.

Les enquêtes du généalogiste

Actes Sud

9,30
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25 juillet 2016

Troisième tome de la série "Les enquêtes du généalogiste", qui cette fois-ci porte mal son nom tant Nigel Barnes, le généalogiste est sinon totalement absent du moins pas vraiment au travail d'enquêteur. C'est sans doute la raison qui m'a fait lire à deux ou trois reprises que ce volume était moins bien que les autres. Que nenni ! Certes, la recherche généalogique y est moins développée que dans les autres, mais on en apprend plus sur Nigel Barnes, sur son passé, et Grant Foster, l'inspecteur principal, qui est de fait, le personnage principal de cette série l'est ici encore plus. Moi, ça ne me gêne pas, je l'aime bien Foster, abimé, cabossé, un flic solitaire et seul, qui révèle là-aussi une partie de son passé, de ses débuts de flic. Finalement, seule Heather Jenkins, l'adjointe de Foster et la petite amie de Nigel Barnes perd un peu de son importance. Je trouve pas mal de cohérence dans cette suite, et rien ne dit que si quatrième tome -voire plus- il y a, il ne sera pas centré sur Heather ou de nouveau sur Nigel ; une continuité assez logique qui se ressent également par le fait que l'éditeur choisit toujours le même traducteur, Jean-René Dastugue, donc une continuité également dans la narration.

Un bon polar, plus classique que les deux premiers. Encore une fois, Dan Waddel nous sort une intrigue qu'il complique à souhait grâce à un grand nombre de personnages, principaux et secondaires qui ont tous leur importance, et cette fois-ci on compte un peu moins sur les ascendants des uns et des autres pour nous embrouiller encore plus. Comme d'habitude, c'est très bien mené, totalement maîtrisé. Une enquête solide qui par l'intermédiaire de Grant Foster permet de se poser des questions sur la justice, notamment celle des mineurs, mais aussi sur la réinsertion, le pardon des familles des victimes, la loyauté, les conséquences d'un meurtre sur l'entourage large de la victime mais aussi sur celui du ou des meurtriers.

Excellente série, que je ne saurais trop vous conseiller de commencer par le début avant qu'elle ne compte beaucoup de volumes et que le retard soit trop lourd à rattraper. En plus, les trois volumes existent en poche chez Babel.

Conseillé par
25 juillet 2016

Les Éditions du Monde Libertaire sont l'oeuvre de la Fédération Anarchiste et je vous laisse le soin d'aller lire sa carte d'identité sur le site. Présenté comme cela, vous vous doutez un brin du contenu de ce livre notamment sur les notions de travail, de propriété, d'exploitation et du partage des richesses. Quant en plus, le livre est sous-titré, "Petit guide à l'usage de l'athée misanthrope", je suis obligé de l'ouvrir pour lire ce que l'on dit de moi... Et finalement, je suis à la fois rassuré et déçu, mon athéisme est tolérant et ma misanthropie légère même si parfois, je tangue dangereusement vers le schizo-rationalisme dans mes moments d'agacement.

Que de belles phrases écrites par Sven Andersen-qui comme son nom l'indique est... belge- : "En réalité, le travail tue, le travail rend con, dépressif, suicidaire (...), il est vecteur de pathologies psychiques ou physiques (...), il est le terrain de jeu favori des harcèlements de tout type, il est à l'origine de divorces et de frustrations diverses, bref il est infiniment nuisible." (p.54) J'adhère, d'autant plus qu'il illustre son propos. Alors, évidemment, on sait que pour vivre, nourrir sa famille, il faut travailler et gagner de l'argent. Mais justement, c'est tout le système que l'auteur critique et veut changer. Il a des propos durs sur la natalité, mais aussi durs qu'ils soient ils posent la question de l'inévitable surpopulation des prochaines années : 9 milliards d'humains, puis, 10, 11...

Si je ne souscris pas à toutes les théories évoquées, je les lis bien volontiers pour ce qu'elles apportent au débat. Celles concernant l'avilissement de l'homme par l'homme, le travail, la consommation, la recherche du bonheur dans la propriété et la course à l'avoir plus qu'à l'être me parlent et sont à rapprocher du livre de Paul Lafargue, Le droit à la paresse. Je jubile dans divers passages concernant le travail et les relations obligées avec les collègues : "Bref, il (le schizo-rationaliste) est contraint de devenir le roi des hypocrites, un grand comédien simulateur, qui feint de prendre du plaisir avec ses collègues, ses patrons et/ou les clients, notamment lors de ces sommets de la tartuferie d'entreprise qu'on nomme les dîners du personnel, plus insupportables que les examens invasifs d'un proctologue, les activités infantilisantes de team-building (...), les pots d'anniversaire, de départ ou d'arrivée.(...) Le terme de "Touriste d'entreprise" nous convient bien, nous sommes même prêts à créer un Institut des Touristes d'Entreprises, dont les membres seraient tenus de respecter une Dé-hontologie (pour cersser d'avoir honte de conchier le travail) des plus strictes." (p.57). Moi qui me suis souvent fait traiter de touriste au travail -à ma grande joie dois-je avouer ici-même- j'en suis membre, sûr !

J'exulte à des phrases-aphorismes dignes de Pierre Desproges ou de Jean Yanne : "La religion est assurément l'opium du peuple mais elle est encore plus certainement le cyanure de la liberté de penser." (p.77/78)

Le schizo-rationaliste est un schizoïde-rationaliste, un être sans désir qui préfère passer son temps seul, l'inverse du grégaire ; son côté rationaliste en sus fera de lui un "être imperméable aux jugements d'autrui, à leurs modes et aux impératifs collectivistes et familiaristes." (p.26) Et parmi toutes ces vacheries, une tendresse assumée -que je partage : "Les chats partageront cet amour du calme et de la solitude, méritant rien que pour ça d'avoir été divinisé (sic) (une exception à notre théophobie) par une civilisation disparue." (p.70) Le "sic", pour cette coquille, une parmi pas mal d'autres...

Ah, j'allais oublier des points importants : cet essai est court (103 pages), pas cher (5€) et surtout facile à lire parce que le ton est plutôt amusant, les exemples parfois très drôles, même si le propos se veut sérieux mais point trop quand même : "Toute ressemblance avec la volonté d'avoir écrit un livre sérieux ne serait que pure coïncidence et n'engage nullement son auteur, car tout est insignifiant en ce bas monde..." (p.102)

Conseillé par
25 juillet 2016

Sous titré, "Les enquêtes du généalogiste", ce volume est le deuxième de la série qui en compte pour le moment trois. La première, "Code 1879", m'a laissé un souvenir assez bon pour que je me penche sur la suite. 400 pages sans temps mort, qui nous plongent dans le passé de l'église des mormons, pas glorieux qu'ils voudraient bien gommer totalement pour passer pour des anges -si vous me permettez cette facilité. Très bien mené, et malgré la multitude d'intervenants, des noms qui parfois se ressemblent, je ne me suis jamais senti perdu, parce que Dan Waddell revient régulièrement nous rappeler qui est qui.

Grant Foster est un flic solitaire, un peu "vieille Angleterre", et si parfois, on peut oublier que l'histoire se déroule outre-Manche, un détail essentiel - que dis-je, LE détail - nous y ramène : Grant Foster boit du thé ! Bon, pour faire bonne mesure, chez lui, il boit aussi du bon vin, hérité de son père : il vide la cave de la maison qu'il habite seul et dont il a hérité. Amoché par son enquête précédente ("Code 1879"), il a du mal à se mouvoir sans douleurs et ses chefs aimeraient que ce dinosaure aux méthodes un peu personnelles soit moins présent, genre 9h-17h, ce qui, pour un flic tel que lui est inenvisageable.

Heather Jenkins et Nigel Barnes ont vécu un rapprochement sérieux dans le tome précédent, et ils ont l'air un peu en froid dans celui-ci, ce qui n'empêchera par une étroite collaboration qui les mènera jusqu'à Salt Lake City, fief des mormons, et Mecque des généalogistes, puisque iceux ont fiché plusieurs millions de personnes, ils en arrivent même à baptiser des morts, ce qui est à la fois crétin et absolument irrespectueux ; crétin, parce qu'une fois qu'on est mort, eh bien, on est mort et qu'on se fout un peu des bêtises terrestres et religieuses et enfin, de quel droit baptiser des morts, qui de leur vivant n'avait rien demandé ?

Bon, revenons à notre enquête, prenante de bout en bout et diablement - désolé les mormons, je n'ai pas pu m'en empêcher - maîtrisée. Très originale cette série qui fait de la généalogie le moyen de résoudre des énigmes, en plus, elle n'oublie pas les codes du genre : flic solitaire, idylle, noirceur - car il faut bien dire que l'on ne rit que très peu -, et contexte fort et bien expliqué. Si ce n'est pas encore fait, le mieux, c'est de débuter par le premier tome...

Seigneur de la jungle

1

Archipoche

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25 juillet 2016

Pour la sortie d'un nouveau film Tarzan, j'ai reçu la proposition de lire l'œuvre originale écrite par Edgar Rice Burroughs en 1912 et traduite par Marc Baudoux dans les années 1980. J'ai vu bien sûr plusieurs adaptations cinématographiques, celles avec Johnny Weissmuller amusants souvenirs d'enfance), celle avec l'assez - c'est une litote - mauvais Christophe Lambert mais le film n'était pas si mal. Mais je n'avais jamais lu Tarzan, à part des vieilles adaptations BD, ces vieux albums format livre de poche, souvent noir et blanc, que l'on lisait et relisait avec des histoires à épisodes...

Roman d'aventures par excellence et d'anticipation, il souffre un peu de clichés et d'invraisemblance, mais en se laissant faire et en jouant le jeu, l'histoire que l'on connaît déjà passe parfaitement. Je me suis même senti parfois l'envie de tourner les pages un peu plus vite pour savoir ce qui allait se passer, car, si l'on connaît l'intrigue, elle est aussi polluée par les films librement adaptés du roman. Évidemment, certains passages sont datés : les hommes noirs sont forcément esclaves ou cannibales, mais Edgar Rice Burroughs n'est pas si manichéen que cela. Tous les hommes blancs ne sont pas bons, certains veulent de plus en plus de terres et obligent les noirs à fuir leurs villages avançant ainsi dans la forêt et occupant à leur tour le territoires des animaux. C'est un roman de la nature, de la vie sauvage et du respect des différentes espèces entre elles et de la flore par tous.

C'est aussi un roman d'apprentissage, Tarzan se découvrant homme alors qu'ils se croyait singe anthropoïde et à l'aide des affaires laissées par ses parents, s'ouvrant à la lecture et à l'écriture. Roman d'amour itou, puisque découvrant Jane Porter il est tout de suite atteint d'une étrange sensation, elle-même n'étant pas insensible à la beauté et la force du "bon sauvage".

Franchement distrayant, j'ai aimé replonger dans mes jeunes années, le côté désuet rajoute du charme à ce roman. Si vous avez à lire un Tarzan, finalement, mon conseil, lisez l'original !

(Tonton passe aux heurts divers)

Flamant Noir

15,00
Conseillé par
12 juillet 2016

Mis sur un coup facile et lucratif par sa bonne -la bonniche, hein, parce que Donatienne, elle est pas vraiment bonne adjectivement parlant- Donatienne, ex-baronne reconvertie dans l'alcoolisme à (très) haute dose et par le baron Edouard de Gayrlasse, ex de Donatienne en grosse difficulté financière, Tonton se rend donc avec son équipe de bras cassés au Royal Monceau, court-circuiter une vente d'armes entre Salvadoriens et ramasser un demi-million d'euros. Le coup réussit presque sans anicroche, et la belle équipe le fête comme il se doit en la demeure de Tonton. Lorsqu'ils émergent de leur comas éthylique, cette dite-demeure est dévastée, retournée de fond en comble, le pognon évaporé. Tonton se serait-il fait doubler ? Qui est l'inconscient qui a osé ?

Ah les aventures de Tonton, c'est tout un poème. J'en suis à 4 (1, 2, 3, et 4 celui que je chronique aujourd'hui) et à chaque fois, je plonge, je me régale, je me réjouis et je rigole au point d'inquiéter pléonastiquement mes voisins proches, ceux qui ne me connaissent pas, mais ceux qui me côtoient habituellement itou. Parce que les aventures de Tonton, c'est avant tout un langage, une écriture entre Frédéric Dard et Alphonse Boudard mâtinée de beaucoup d'Audiard. Un pur plaisir donc. On voit et on entend les protagonistes parler et mimiquer. Par exemple, lorsque suite à son réveil difficile Tonton n'a passé qu'une nuisette qui ne cache pas grand chose de son bazar et que Gérard son second lui demande de s'habiller :

"Disons que depuis tout à l'heure, tu te balades à moitié à poil sans que ça ait l'air de te gêner. Je sais que t'es chez toi, je conteste pas, mais te balader en nuisette avec le matos en vitrine, j'suis désolé, je te le dis comme je le pense, je trouve que ça fait pute ! (...) ... passé un certain âge, les hommes mêmes jeunes ont tendance à se trimballer avec les sacoches au niveau des genoux. C'est la nature, la gravitude a besoin d'attirer les trucs lourds au niveau du plancher et vu leur calibre, tes balloches font partie du lot." (p63/64)

Il y a bien aussi ce chapitre très osé que je ne dévoilerai par aucune citation, disons succinctement qu'un homme et une femme se retrouvent inopinément -si si j'ose- seuls dans une chambre et que la suite est très prometteuse et surtout particulièrement drôle à condition de ne point trop visualiser, sous peine de malaise.

L'intrigue se tient, Tonton est momentanément dépassé, et contre toute attente tant ses acolytes sont habituellement défaillants et pour certains très cons, bien secondé. Il lui faudra néanmoins subir quelques sarcasmes et passer outre une certaine honte à s'être fait blouser si aisément pour mener à bien sa contre attaque. Je vous le dis depuis que j'ai débuté la série de Samuel Sutra, Tonton, c'est le meilleur. Le cador des malfrats. Et l'auteur a toute mon estime et mon admiration pour avoir su le créer de cette manière si enlevée et drôle mais aussi pour savoir le faire durer avec autant de bonheur. Et Nathalie l'éditrice, la cheffe de Flamant noir -j'ai ouï dire que certains des romanciers qu'elle publie l'appelait la taulière- a toute ma sympathie pour son flair dans le choix de ses auteurs et parce qu'elle réédite toutes les aventures de Tonton : Les deux coups de minuit est une nouveauté, mais les deux premiers tomes sont à paraître. J'ai hâte.

Vous ne savez pas quoi lire sur la plage ou à la montagne ou à la campagne ou à la maison ou ailleurs ? Lisez Les aventures de Tonton. Toutes, vous verrez, on ne s'en lasse pas. Au contraire. Pour moi, c'est coup de coeur à tous les coups.