Yv

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Je lis, je lis, je lis, depuis longtemps. De tout, mais essentiellement des romans. Pas très original, mais peu de lectures "médiatiques". Mon vrai plaisir est de découvrir des auteurs et/ou des éditeurs peu connus et qui valent le coup.

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7 novembre 2016

Ce qu'il y a de bien avec les romans d'Arto Paasilinna c'est qu'outre des titres souvent longs et tarabiscotés, le contenu est fou et barré. Encore une fois ce roman écrit en 1994 débute avec pas mal de sourires, même lorsque les héros sont malheureux ou qu'ils traversent des périodes difficiles, parce que le romancier se décale et d'un coup tout devient risible et futile, même l'abandon de Laura, jeune épouse d'un premier mari escroc qui la laisse sur un quai de gare ou la rencontre de Laura et Volomari autour d'un trio de dentiers...

Construit en courts chapitres qui se lisent presque plus comme des nouvelles, ce roman est plaisant et finalement... un peu vain. Car, amateur des vrais grands romans de Paasilinna ("Petits suicides entre amis", "Le lièvre de Vatanen", "La douce empoisonneuse" ou encore "Le bestial serviteur du pasteur Huuskonen"...), je n'y retrouve pas le sel et la folie totale de l'auteur en même temps que l'ancrage dans la société finlandaise, qui est dans Le dentier du maréchal, moins présent, plus anecdotique. J'avais déjà été un peu déçu avec le précédent roman paru de l'auteur, "Moi Surunen", libérateur des peuples opprimés, un peu comme si le filon Paasilinna était épuisé avec les romans traduits en français (toujours excellemment par Anne Colin du Terrail) et que l'on piochait maintenant dans ses autres écrits, moins bons, moins percutants (à peine la moitié a été traduite) pour entretenir la flamme des amateurs de l'auteur finlandais. Ce dernier roman traduit est un peu décousu, un peu long et chaque personnage vit seul, il n'y a que peu d'interactions entre tous les protagonistes comme sait si bien le faire habituellement Paasilinna, c'est aussi ce qui me plaît chez lui et me déplaît dans le cas présent. Là, on lit un inventaire des trésors découverts par Volomari et des quelques relations qu'il entretient avec autrui, Laura est en second rôle, effacée. Néanmoins, Le dentier du maréchal, madame Volotinen et autres curiosités fonctionne grâce au savoir-faire et au talent de l'écrivain, talent qu'il ne force pas trop présentement.

Une petite déception pour moi, même si toute proportion gardée, une légère déception sur un Paasilinna vaut souvent mieux que bon nombre de romans qui sortent tous les ans.

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7 novembre 2016

Jimmy Gallier, l'éditeur, a l'habitude de trouver des auteurs très différents et tous très talentueux, presque tous Français preuve que le polar est bien ancré chez nous et que nous avons de très bons écrivains qui n'ont rien à envier aux auteurs de romans policiers étrangers. Cette fois-ci, l'auteur est lyonnais, mais son intrigue se déroule pour très grande partie en Allemagne. A coups de retours en arrière, entre les années d'après-guerre, puis celles qui ont suivi la chute du mur de Berlin et 2012, il bâtit une histoire aux racines profondes et historiques. Ce n'est pas un énième roman qui place son intrigue dans la guerre, non, icelle n'en est que le terreau dans lequel elle poussera pour n'éclore qu'en 2012. Disons sans rien dévoiler que la théorie nazie en est la base : "Anke avait stocké toutes les infos collectées dans un dossier et, quand elle éteignit son portable vers deux heures du matin, il affichait deux cents mégaoctets de données. Cependant, si elle avait eu à le résumer, elle aurait dit ceci : il y avait une montée de la pensée nazie qui, si elle n'avait jamais disparu, semblait se structurer sur la dernière décennie. Et ce, à l'échelle mondiale." (p.37) Et force est de constater que Nils Barrellon a raison, la théorie nazie resurgit et se structure depuis quelques années. L'un des deux plus grands totalitarismes de l'histoire -avec le stalinisme - qui a quand même conduit à un génocide et à une barbarie sans nom a encore des adeptes partout dans le monde... c'est totalement inimaginable.

J'ai adoré cette histoire et la façon de la raconter, par petits chapitres revenant parfois sur un même événement mais vu par un personnage différent et donc raconté différemment. J'ai aimé également ces allers-retours dans le passé qui expliquent la personnalité de chacun, qui permettent au lecteur de comprendre ce qu'est l'héritage des non-dits familiaux et comment ils influencent la vie. Plus globalement, l'enquête est passionnante, et si l'on voit se profiler une théorie folle un peu avant la fin, celle-ci réserve quand même une belle surprise. De manière générale, ce polar est un très belle surprise. Vif, palpitant sans faire l'impasse sur la construction psychologique des personnages, il se lit sans temps mort, avec avidité.

Une très belle réussite, efficace et percutante.

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7 novembre 2016

La maman de Petit Chat lui demande de sortir jouer dehors avec son amie Petite Lapine. Il neige. Petit Chat est tout noir et très visible. Petite Lapine est blanche et se cache donc facilement.

Petit Chat est une série qui compte déjà deux numéros, Petit Chat et le ballon et Petit Chat et les vacances, à offrir dès trois ans. Dans Petit Chat et la neige, il est question de différence de couleur et comment cette différence n'est qu'une apparence vite gommée par les circonstances. Autant vous dire qu'il est donc urgent de se procurer ce livre pour parler aux petits de ce qui n'est qu'une caractéristique particulière propre à chaque être humain et non pas une preuve d'un certain classement de la hiérarchie humaine. Bon, peut-être le dire avec des mots plus simples... d'où l'intérêt du livre que l'on peut aussi lire très innocemment, juste pour l'histoire de deux enfants qui aiment jouer ensemble.

Je le disais il y a peu de temps (hier, pour les moins fidèles d'entre vous), je n'ai pas l'habitude de parler de littérature enfantine, mais octobre de cette année est un mois pendant lequel une charmante petite fille de trois ans vient à la maison, ça me paraissait donc tout indiqué pour parler de ce qui l'intéresse.

Joel Franz Rosell écrit les textes. Il est inspiré par ses voyages et par les autres. Cubain qui a vécu dans divers pays, il vit désormais à Paris.

Constanze von Kitzing est illustratrice. Ses dessins sont épurés, simples et vraiment très beaux.

Pour plus de précision et pour combler votre légitime curiosité, je vous invite à visiter le site de l'éditeur, HongFei Culutures.

Voyage musical dans le monde créole

Caza Musique

18,00
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7 novembre 2016

La Kalenda est une danse d'Haïti et plus largement dans le monde créole. A travers 16 chansons, ce livre-CD permet une découverte de la musique, des instruments, des animaux, des traditions et des différents pays du monde créole. S'instruire en musique, tel est l'idée de cla série de livres-CD et de celui-ci particulièrement.

Zaf Zapha est auteur-compositeur qui a collaboré avec des grands noms de la chanson française (Higelin, Tryo, Bob Sinclar, Lavilliers, Brigitte Fontaine...). Laura Guery est illustratrice. Caroline Chotard a écrit les textes.

Je ne parle pas souvent de livres jeunesse dans ce blog, ce qui est sûrement un tort, mais mes enfants sont grands... ahlala, on vieillit... Mais ce mois d'octobre est aussi l'occasion d'accueillir une petite fille de trois ans à la maison, alors, même si ce livre est conseillé à partir de 5 ans, je n'ai pas résisté, sachant qu'elle aime beaucoup la musique et notamment celle-ci qui fait danser inévitablement -enfin, elle, pas moi qui ressemble plutôt à un bout de bois, même (qui a dit surtout ?) sur une piste de danse. La musique, elle adore. Le texte à l'intérieur est encore un peu dur d'accès, mais on le lui lit et lui montre les illustrations, ce qui lui plaît bien, preuve s'il en était besoin que ce livre est fait pour les enfants. Et nous les plus grands, on peut écouter le CD sans s'arracher les cheveux, la musique est entraînante, agréable et les chants d'enfants itou. Bon, je n'écouterai pas cela à longueur de journée, mais la demoiselle si...

Belle initiative de l'association Tout s'métisse qui a déjà plusieurs livres de ce genre à son actif : Yemaya pour l'Amérique latine, Dalaka pour l'Afrique de l'ouest, Dounia pour le Maghreb, Nola pour la Nouvelle-Orléans... Faites votre choix, vous pouvez écouter des extraits sur le site de Tout s'métisse. Très beau livre. Une belle occasion de cadeau, ou simplement le plaisir de partager et d'échanger autour des différentes cultures, dès le plus jeune âge, ce qui, de nos jours, est plus qu'important, nécessaire, que dis-je, primordial.

et autres vertus animales

Delachaux et Niestlé

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26 octobre 2016

Partout dans le monde, les animaux sont associés à des croyances, des vertus ou des peurs. Savez-vous que manger des toiles d'araignée permet de lutter contre les rhumatismes ? Que si une souris couine près d'un malade, il ne faut pas espérer en sa guérison ? Que des vers de terre réduits en cendres et appliqués sur une molaire gâtée aide à la faire sortir sans douleur ni instruments de dentiste ? Tiens, j'en parlerai au mien...

Précisons tout de suite que ce petit livre fait partie de la collection "L'humour est dans le pré" qui a déjà dans ses rangs des titres aussi sérieux et évocateurs que : Faut pas pousser mémé dans les orties, La fourmi cro-onde, Safari dans la bouse, La vie rêvée des morpions ou encore Le sex-appeal du crocodile. C'est drôle, très drôle et en plus Anne Marie Lauras écrit avec légèreté et beaucoup d'élégance et en énumérant les croyances et recettes de cuisine pour soigner les maladies ou éloigner les maux, elle se permet quelques remarques humoristiques, des décalages et de la bonne humeur. Les dessins de Gilles Macagno ne sont pas en reste, les hommes comme les animaux souvent perdus et perturbés par ce que le texte suggère... Tous les animaux y passent du plus domestique au plus imprévisible : chat, chien, ver de terre, blaireau, crapaud, vipère... A propos de cette dernière, AM Lauras parle de cette pratique qui consiste à insérer une vipère vivante dans une bouteille qu'on remplit ensuite d'eau-de-vie (chez moi on appelle cela de la vipérine) et qui soigne divers maux et rend irrésistible : chouette, j'en ai bu, il y a longtemps certes, mais quand même, je savais que j'avais kekchose en plus... J'ai aussi bu dans le même genre de la crapaudine, j'espère que ça n'altère pas les effets de la vipérine...

Mais pas de long discours, un extrait :

"Si vos qualités naturelles ne suffisent pas à vous faire aimer de l'élu-e de votre cœur, il existe un truc : pourfendez par le milieu du corps un rat mâle vivant, prélevez les rognons que vous porterez une journée entière sous l'aisselle gauche ; après ces vingt-quatre heures de grand confort, faites-les sécher sur une pelle (je n'ai pas d'explication quant au pourquoi de la pelle) ; réduisez-les en poudre, et faites-les prendre à la personne aimée avec du tabac." (p.27)

Vous trouverez aussi comment et pourquoi manger des crottes de chien, à jeun ou séchées et réduites en poudre dans du Muscadet (pratique, je suis pile dans les vignes du dit vin). Vous découvrirez une espèce de vautour blanc, appelé sarcos "qu'on appelle aussi "harpie" et qui vit dans les forêts d'Amérique tropicale (pas de rapport avec un autre drôle d'oiseau plus proche de nous donc)." (p.61) Et que dire du hérisson, de la taupe, du renard, du canard, de l'ours, de l'hirondelle... ?

Un livre à mettre entre toutes les mains.