Yv

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Je lis, je lis, je lis, depuis longtemps. De tout, mais essentiellement des romans. Pas très original, mais peu de lectures "médiatiques". Mon vrai plaisir est de découvrir des auteurs et/ou des éditeurs peu connus et qui valent le coup.

Conseillé par
31 mars 2017

Troisième tome de cette excellente série SF. Je rappelle ici aux inconséquents qui ne fréquenteraient pas mon blog régulièrement -il paraît que ça arrive encore, je ne peux le comprendre- que j'ai déjà parlé des tomes précédents : Romance et macchabées, Retour vers le Führer. Cette fois-ci, il est question de croyance, de foi, de tolérance et d'intégrisme. Difficile de ne pas faire le lien avec notre société actuelle et les fous intégristes de chaque religion, qui c'est bien connu depuis Karl Marx "est l'opium du peuple". Il y est aussi question de l'appât du gain, de la volonté d'amasser sans se soucier des autres et du pouvoir ; tiens, tiens, pourtant, j'imagine qu'à l'heure de l'écriture du scénario, on ne parlait pas encore de l'affaire Fillon ? Mais sans doute est-ce parce que ces histoires sont vieilles et se répètent à l'infini.

Fabien Vehlman et Lewis Trondheim sont au scénario et Olivier Balez (déjà croisé dans l'excellent J'aurai ta peau Dominique A) aux dessins, très colorés. Plus difficile pour moi d'entrer dans ce volume, je ne possède pas tous les codes SF -attention, ne pas confondre avec SM... dont je ne possède pas les codes (avec un "c" bien sûr, pas un "g") non plus d'ailleurs- et je dois me concentrer un peu plus. Mais dans le même temps, le fait de revenir sur le reboot et la nécropole me permet de bien me remettre dans l'ambiance de la série. Et puis, plus j'avance plus je comprends et plus ça m'intéresse. Le propos est plus sombre, plus grave que les autres volumes, il y a moins d'humour, le personnage décalé qui fait des blagues n'est pas présent et l'ambiance générale est plus pesante. La série prometteuse se révèle passionnante dans sa diversité. Un conseil : commencer au numéro 1, il est encore temps de rattraper le retard.

Cohen & Cohen éditeurs

15,00
Conseillé par
31 mars 2017

Difficile d'épingler une nouvelle parmi le lot, elles sont toutes excellentes. Les grands noms du jazz sont présents, Chet Baker, Billie Holiday en ces derniers moments, Theolonius Monk, Art Pepper, Miles Davis, Gerry Mulligan, ... Pas dur, à chaque nouvelle, un nouveau nom et si, comme moi, vous n'êtes pas calés en jazz mais que vous aimez bien quand même, eh bien vous vous brancherez sur un site de musique pour tout écouter. J'ai des lacunes en jazz, il me faudrait trouver un prof ou quelqu'un qui me fasse une liste avec les noms des artistes incontournables et ceux à découvrir ; je me suis aperçu que si je connaissais les noms des musiciens, je ne connaissais pas toujours leurs œuvres. J'ai une attirance particulière pour Theolonius Monk, mais aussi pour les chanteuses qui font passer tant d'émotions dans leurs voix.

Mais bon, revenons au livre. Marc Villard est cette fois-ci plutôt sur les musiciens et leurs travers : drogues, larcins divers, sexe, et fins de vie tragiques pour certains. Tous n'ont pas eu la chance de vivre richement de leur art, surtout lorsqu'il fallait payer la drogue ou les filles. Et puis, le jazz n'est pas la musique la plus vendeuse dans l'Amérique des années 60 à 90. De fait, Marc Villard qui écrit beaucoup sur les petites gens, se retrouve ici avec des pointures qui n'ont pas des vies ordinaires certes, mais qui ne sont pas des jet-setteurs, des profiteurs. Des gens qui se retrouvent vite en galère, en manque d'argent voire poursuivis par des créanciers et/ou la police.

Dans ce recueil, les héros croisent aussi brièvement Jean-Michel Basquiat ou Charles Bukowski, et ce qui est formidable, c'est que je suis passé d'une nouvelle à l'autre avec autant d'envie que si je lisais un roman noir. J'entendais la musique, je la sentais et le mieux, c'est de faire comme j'ai fait de l'écouter en même temps, pour profiter doublement.

Si vous me lisez régulièrement, vous aurez remarqué qu'une fois de plus je parle de Marc Villard, l'écrivain qui doit avoir le plus d'entrées sur le blog. Preuve s'il en est qu'il est incontournable.

Conseillé par
31 mars 2017

Avant toute chose, il me faut prévenir les âmes sensibles que ce livre est dur. Thriller implacable, violent et ce, dès le début. Je ne suis pas amateur du genre, mais je l'ai lu en entier, parce qu'il n'est pas que cela. La relation entre Elijah et son frère est forte, indestructible et admirablement écrite et décrite. Ce que j'ai aimé c'est qu'il y a pas mal de surprises dans ce roman. Des styles, des narrateurs, des angles de vues différents. Il n'est pas aussi linéaire et simple qu'on pourrait l'imaginer au départ. Et il faut bien avouer que malgré quelques invraisemblances qu'on ne fait que remarquer vite fait sans les noter tant le suspense est présent, ce roman se lit à une vitesse folle, en grimaçant de douleur ou de dégoût aux quelques pages emplies de violence tout de suite suivies par d'autres pleines d'une tendresse et d'un amour très fort entre les deux frères. Noël Boudou souffle des airs variés paroxystiques. Rien n'est tiède. L'amour comme la haine, la peur comme la rage, l'amitié comme la colère, tous ces sentiments ou émotions sont toujours à leur acmé. Dès les premières phrases du prologue, on sait à quoi s'en tenir : "Les coups d'un père font plus mal que ceux d'un voyou. Bien plus mal. Vous pouvez me croire sur parole. C'est à l'âge de treize ans que j'ai décidé que plus jamais je ne ressentirais la douleur, après que mon père m'eut brisé la jambe. Une souffrance atroce." (p.11)

La suite est à l'avenant : phrases courtes, rapides, efficaces. Heavy metal à fond. Une histoire très noire, très très noire... dans laquelle quelques zones de couleur apparaissent avant d'être recouvertes, puis reviennent, opiniâtres, sûres d'être sur la toile définitive. Vous voilà prévenus. Si vous aimez les thrillers bien décapants, en voici un. Si comme moi, vous êtes plus frileux sur le genre, Elijah pourrait bien vous faire changer d'avis.

Delcourt

17,95
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31 mars 2017

Une bande dessinée bien agréable qui ne révolutionne pas le genre mais qui sous des aspects comiques aborde des thèmes difficiles comme l’exclusion à cause de la différence : la couleur de peau, la sexualité, la pauvreté. Et en prime, un message à marteler : ce n'est pas parce qu'on a des parents cons et racistes qu'on doit être comme eux. On peut très bien devenir un mec ou une fille bien, tolérant(e) et ouvert(e). Avis aux enfants des nombreux cons racistes et/ou fachos, homophobes, anti mariage et adoption pour tous, anti IVG,... (malheureusement la liste n'est pas exhaustive) qui nous polluent la vie -pléonasmes en pagaille, oui bien sûr parce que lorsqu'on est raciste, homophobe, facho, anti IVG, etc etc on est forcément con, mais l'inverse n'est pas toujours vrai, je connais des cons pas racistes, etc etc et j'ai potassé le sujet, je viens de finir le Schnock sur Michel Audiard.

Le scénario est bien écrit (Wilfrid Lupano), on apprend le plan pour s’emparer du contenu du camion de convoyage de fonds par bribes, par petites touches ; idem pour la réalité de la vie des personnages. Chacun ne se retrouve pas dans la position qu’il occupe au moment du livre par hasard. Chaque événement, incident forme un parcours personnel intéressant et plus complexe que l’image que l’on peut avoir au début de ces deux mecs un peu paumés. Bon, on sent bien qu'il va y avoir quelques soucis pour cette équipe de bras cassés, et finalement tant mieux, mais je ne révèlerai rien.
Le dessin (Rodguen) est vif, expressif et clair. La mise en page assez classique et les couleurs (Ohazar) proches de la réalité. Le tout forme une bande dessinée avec message très bien amené où les rebondissements ne sont pas forcément là où on les attend et où chacun se révèle sous un jour nouveau pour lui comme pour nous lecteurs.

Lachgar, Lina

La Différence

15,00
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31 mars 2017

Fin février 1944, Max Jacob est arrêté par la Gestapo. Il mourra au camp de Drancy quelques jours après. Il vivait depuis plusieurs années à Saint-Benoît-sur-Loire où il était très apprécié. Max Jacob, juif converti au catholicisme depuis presque trente ans était poète, écrivain, peintre, compagnon de route de Picasso, résident du bateau-lavoir, ami de Cocteau... Peu connu, il vécut chichement, mourut dépourvu de biens et pourtant toujours soutenu par ses amis fidèles qui tentèrent de le libérer de Drancy.

De l’œuvre de Max Jacob, je dois bien avouer que je ne connais pas beaucoup. A peine des dessins vus lors d'une exposition au musée des Beaux Arts de Quimper -sa ville natale, en 1876 (1876, c'est la date de naissance de Max Jacob, pas celle de ma visite du musée, entendons-nous bien)-, d'ailleurs dans mon souvenir, une belle découverte, et des petits bouts de texte ici ou là. Ce que je retiens surtout de lui, c'est une présence forte et pourtant assez discrète dans le Paris du début de XX° siècle, au Bateau-Lavoir. J'ai lu plusieurs livres sur le sujet dont ceux de Dan Franck, et chaque fois Max Jacob est là en soutien de ses amis, en retrait et indispensable.

Lina Lachgar se concentre sur les dernières semaines de la vie de Max Jacob. Il vit à Saint-Benoît-sur-Loire (merci Keisha), il est alors cicérone pour la basilique, fonction qui lui sera interdite après l'entrée en vigueur du statut des juifs, puisque bien que converti, aux yeux de Vichy, Max Jacob est toujours juif.

Écrit en courts chapitres, très documentés et référencés, illustrés par des photos de Max Jacob et de divers lieux et documents le concernant, ce livre se lit bien. Il n'est pas une biographie du poète mais juste ses derniers moments. On peut rester sur sa faim en se disant qu'on ne sait pas grand chose de sa vie, mais en le prenant du côté positif, on se dit qu'il est plus que temps de se plonger dans une biographie de Max Jacob et dans ses écrits et que c'est ce court livre qui nous y aura incité.