Alex-Mot-à-Mots

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Alex L., lectrice compulsive, presque anonyme.
Ayant une préférence pour les bons polars, mais aimant aussi les autres genres (sauf la SF, pitié....)

Une enquête de la cellule Cornelia

Eyrolles

19,90
Conseillé par
3 février 2024

suicide

Une enquête de la cellule Cornelia qui intervient après le suicide d’une adolescente. Le sujet ne va donc pas être des plus réjouissant dans ce nouveau roman de Françoise GUERIN.

J’ai aimé retrouver sa plume efficace et qui m’a tenue en haleine jusqu’à la fin des 520 pages de cette première enquête.

J’ai aimé que le récit mêle enquête sur le suicide de Pauline et le passé de l’enquêtrice Maya. Car on ne devient pas psychologue dans cette cellule par hasard.

J’ai aimé découvrir Pauline à travers les récits de ses camarades, ses parents, ses ami-es. Mention spéciale à la soeur Domino au plus près du terrain.

J’ai détesté la cheffe d’établissement qui ne veut surtout pas faire de vague et le prof de philo qui outrepasse sa mission.

J’ai eu de la peine pour le CPE aux premières réactions imprévisibles mais qui se calme peu à peu.

On ne peut faire autrement que de ressentir de l’empathie pour les parents de Pauline et sa soeur qui ont poussées leur enfant vers une vie meilleure.

Bien évidemment, il est question du suicide et des multiples causes qui amène un-e ado à mettre fin à ses jours. Et j’ai aimé qu’il n’y ai pas une seule et unique cause mais un enchevêtrement de circonstances.

A ce propos, il est bon de répété qu’un numéro vert permet de trouver de l’aide : le 3114.

J’ai été étonnée qu’il n’y ai pas de jugement de la part de Maya l’enquêtrice sur les différentes situations problématiques qu’elle croise, les aberrations du système, les choix des personnes.

J’ai aimé son chien, Mrs Robinson, qui l’accompagne partout, car Robi ne supporte pas de rester seule.

Un roman dans lequel il est question de la pression mise sur les élèves par l’institution scolaire ou entre eux dans un système élitiste.

Il est également question des transfuges de classe qui subissent une pression énorme de la part du corps social dominant.

Enfin, il est question d’écologie et de l’engagement contre tous que cela suppose.

J’ai hâte de retrouver Maya et son binôme Sydney ; sa propriétaire Simone, et son chien.

L’image que je retiendrai :

Celle de la ville de Sète, ses plages où courent Maya et Robi ; le Lido et l’étang de Thau.

Conseillé par
3 février 2024

enquête, Islande

Islande, année 1986. Un jeune journaliste se lance à la recherche de Lana, disparue depuis 30 ans un soir d'août.

Elle devait quitter son job d'été sur l'île de Videy, mais elle n'a jamais donné signe de vie depuis.

J'ai aimé suivre Valur le jeune journaliste qui n'arrive pas à faire parler les témoins mais qui reçoit des indices d'une source anonyme.

J'ai aimé que sa sœur Sunna reprenne le flambeau.

J'ai aimé me promener dans les rues de la capitale dans les années 80.

Un roman qui ne renouvèlera pas le genre mais qui se laisse bien lire.

L'image que je retiendrai :

Celle de la nuit qui arrive très tôt en automne.

Anne-Marie Métailié

22,50
Conseillé par
29 janvier 2024

enquête, politique, Pologne

J’avais hâte de retrouver Julita et Jan. Bien évidemment, le roman commence avec un meurtre, cette fois-ci plutôt sanglant.

J’ai aimé que Julita et Leon soit en couple et que Julita ne soit plus à la ramasse financièrement.

J’ai découvert les non-finite verb complement anglais, que Hyde Park se transformait en Winter Wonderland en hiver.

Le récit se déroule avec le personnage d’Oleg dans un site de contrôle de contenu : Oleg vérifie les contenus suspects postés (meurtres, attentas…)

Le récit se déroule aussi avec Aneta dans un petit parti politique qui s’accoquine avec un grand manitou du web pour devenir plus visible sur Internet et ainsi gagner des voix.

Je n’aimerai pas travailler dans la même firme qu’Oleg. Le métier est tellement stressant qu’il y a beaucoup de turn-over et que personne ne sait encore ce que le visionnage intensif de tels images fait au cerveau.

Un métier dans lequel il faut réfléchir comme un processeur : vite, de façon multitâche et sans émotion (p.238)

J’ai eu de la peine pour Liina, la collègue et amie d’Oleg qui travaille dans l’entreprise depuis des mois, mais qui finit tout de même par craquer.

J’ai aimé que Jan donne des astuces pour découvrir la vraie personne derrière le pseudo (astuces malheureusement plus possibles).

J’ai aimé que Jan et Julita se rendent à Las Vegas pour parler avec un personnage : cet épisode donne du peps et du soleil au récit.

J’ai été ahurit de découvrir que des résultats d’élections en Lituanie avaient été truquées grâce au vote électronique, et le narrateur explique comment.

J’ai aimé le personnage secret de Krolak, sorti de nulle part et qui permettra au parti Pologne Demain de gagner les élections, grâce à des méthodes sur Internet légales mais non morales.

Mais au final qui est derrière toutes ces manipulations ? Je le saurais au prochain et dernier épisode…

Quelques citations :

Qu’est-ce que les Russes en retirent ? (…) ils ne promeuvent pas un point de vue géopolitique concret… mais veulent juste qu’on s’engueulent entre nous. (p.263)

Après une purge, c’est la course à la création de contenu qui linkent du contenu gore… parce que les gens ont soif de ça, parce qu’ils ont perdu leurs anciennes sources de divertissement et en cherchent de nouvelles. (p.360)

Nous agitons une cape rouge devant le nez des gens. Et on gagne de gros, de très gros millions avec ça. Parce que chaque activité d’un utilisateur se traduit en fric. (p.375)

L’image que je retiendrai :

Celle des faux comptes (fermes à clics) que l’on peut créer rapidement et qui ne servent qu’à mettre en avant des publications pour gagner de l’argent : l’auteur des publications et l’appli.

DELAFLOTTE MEHDEVI Anne

Buchet-Chastel

21,50
Conseillé par
29 janvier 2024

mémoire

De l’auteure, j’avais aimé Le livre des heures et adoré La relieuse du gué.

Je retrouve sa plume avec plaisir et suis étonnée qu’elle situe son récit dans un futur proche dans lequel les humains peuvent acheter des AVE, des Assistant de Vie Electronique pour les aider.

J’ai aimé Suzie qui tient la Maison du Bal, hôtel-restaurant qui ne sert plus que 12 repas les midis. J’ai aimé qu’elle raconte à l’AVE nommé Tchap ses parents, sa vie et le cruel décès de sa mère à la Libération.

J’ai aimé que les souvenirs de Suzie soient épars, qu’ils viennent en fonction de ce qu’elle a envie de raconter à ce moment.

J’ai aimé Tchap, ainsi nommé en hommage à Capek, écrivain tchèque inventeur du mot « robot ». Et puis, « a good chap » en anglais veut dire un bon gars.

J’ai aimé la conjugaison du verbe corréler : Tchap doit corréler les informations que lui donne Suzie.

J’ai aimé les leitmotivs : Suzie adore cuisiner les oeufs que lui donnent ses poules ; les veillées pendant lesquels Suzie raconte ses souvenirs ; le champ de foire en face du restaurant de Suzie.

J’ai aimé que Tchap devienne plus humains que les hommes, lui qui pouvait dire sans se tromper l’humeur de Michel ou si la boulangère avait assez dormi. Les hommes eux, ne veulent que du pain frais.

J’ai eu de la peine pour Michel qui ressasse sans cesse ce qu’on fait ses parents contre la mère de Suzie. Ce souvenir reste vivace pour lui, au point que les mêmes causes produisent les mêmes effets.

J’ai aimé que Marius cherche sa place dans le village puis force la porte de Suzie, devenue trop fragile pour continuer de servir en salle.

J’ai aimé cette salle de bal qui renait au fur et à mesure du roman.

J’ai aimé le mot de l’auteure en fin de roman : il ne reste que la mémoire forcément défaillante, celle qui oublie des détails. Et parfois, c’est mieux.

Un bémol : certains débuts de paragraphes qui commencent avec le nom du personnage qui va parler. Puis à la ligne le dialogue commence. Un procédé assez déroutant mais qui évite les « Suzie dit – Tchap répond… »

Quelques citations :

un royaume doué d’extraterritorialité, « fiction juridique » dit le dictionnaire Petit Robert.

L’enjeu suprême sera toujours d’être aimé par un semblable ou d’abuser un semblable. Nos relations avec les AVE se placent à un autre niveau.

Même de l’invention de la roue, une forme parfaite, on s’est démerdé pour faire un instrument de torture !

L’image que je retiendrai :

Celle des veillées de Suzie et Tchap, seuls dans la salle de bal vide.

Neuf 20,00
Occasion 15,00
Conseillé par
29 janvier 2024

justice, vie moderne

De l’autrice, j’avais moyennement aimé Soleil amer. Je me suis régalée avec son dernier ouvrage.

Bien sûr, il y a une enquête sur la disparition d’une famille dans un quartier huppé dans lequel toutes les maisons sont transparentes.

Mais cette enquête n’est qu’un prétexte pour nous présenter une société résultante des réseaux sociaux dans laquelle rien ne peut être caché à ses voisins.

Tout a été pensé, même le lit-sarcophage si vous voulez faire l’amour loin des yeux inquisiteurs, et qui nécessite d’être activé des deux côtés du lit, obligeant au consentement des deux parties.

Mais comme tout le monde n’adhère pas ou n’a pas les moyens, il existe des quartiers « à l’ancienne » dans lesquels la jeunesse dorée va s’encanailler.

J’ai découvert au détour d’une phrase que le fondateur de la marque de chaussures Bata était tchèque et qu’il avait dans son immeuble un bureau-ascenseur entièrement vitré qui allait d’étage en étage, avec vue ses équipes.

J’ai aimé le personnage de Nico aux goûts vestimentaires décalés, mais toujours avec des lunettes noires.

Le personnage de l’architecte qui a construit le quartier m’a paru bien peu transparent, lui qui imagine une cathédrale de verre, futur temple de la consommation à l’image du Crystal Palace de Joseph Paxton.

J’ai aimé que ce roman parle également de justice : celle au nom de qui on construit des bâtiments transparents, celle qui s’exerce par vote populaire, mais qui profite à celui qui crie le plus fort.

J’ai aimé le regard de l’autrice sur notre future société qui, toute transparente qu’elle sera, abritera toujours les mêmes individus.

Quelques citations :

Mon smartphone était bien plus puissant, il ne me demandait rien, il anticipait mes désirs, et tout semblait gratuit. J’ai compris qu’il se nourrissait de mon ennui et que j’avais payé ses gens de mon temps. (p.55)

L’algorithme nous approuve, entretient nos croyances, nous conforte dans nos choix. Je partage des articles, des posts, pour évangéliser mes amis, ma famille. Ne pas communiquer, pour ne pas évoluer. Echanger, pour ne surtout pas changer. (p.148)

L’image que je retiendrai :

Celle de la forêt dans laquelle se rend un des personnage disparu qui aimait chasser loin des yeux des bien pensant.