L'Occident médiéval Ve - XIIIe siècle
EAN13
9782011457691
ISBN
978-2-01-145769-1
Éditeur
Hachette Éducation
Date de publication
Collection
HE SUPERIEUR (42)
Nombre de pages
160
Dimensions
19 x 14 cm
Poids
183 g
Langue
français
Code dewey
940.1

L'Occident médiéval Ve - XIIIe siècle

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Hachette Éducation

He Superieur

Indisponible
PREMIÈRE PARTIE?>Les premiers siècles (Ve-IXesiècle)?>L'expression « Moyen Âge » par laquelle on désigne, depuis le milieu du XIXe siècle, les douze premiers siècles de l'Europe, c'est-à-dire plus des deux tiers de son histoire, a toujours une connotation vaguement péjorative. Ce livre présente la trame générale de ce que l'on appelle dans l'enseignement universitaire français, faute de mieux, le haut Moyen Âge et le Moyen Âge classique.La première phase, cinq cent ans, est celle que l'on connaît le plus difficilement, faute de sources écrites nombreuses et malgré les remarquables progrès de l'archéologie depuis quelques décennies. Trois éléments dominent ces temps. D'une part la marque de l'Antiquité gréco-romaine, dans les cadres politiques et juridiques, le droit ou l'expression culturelle, est très forte. Mais, à l'encontre, la prépondérance croissante des peuples du Nord, celtes ou germains, élimine peu à peu la primauté méditerranéenne, berceau de l'Antiquité classique. C'est la compénétration de ces deux influences qui donne son importance au troisième fait, capital : cette fusion est incarnée, justifiée, réalisée dans l'unité chrétienne qui englobe peu à peu toute l'Europe occidentale. Beaucoup des autres traits notables de ces cinq siècles découlent souvent de cette lente osmose ; par exemple l'effacement progressif de la notion du public devant celle du privé, du pouvoir civil devant le pouvoir militaire, du droit de la famille devant celui de l'individu. Mais ces mutations sont lentes ; l'idée d'E tat tient bon, comme le pouvoir du clan. Le domaine de l'économie combine aussi ces deux forces : l'économie rurale l'emporte sur l'économie monétaire, et le village sur la ville ; mais l'esclavagisme demeure, les techniques sont médiocres ; et, s'il connaît des hauts et des bas, le niveau du peuplement reste faible.Entre 400 et 650, la moitié de cette phase, le passage de la Romania à la Barbarie s'est produit dans un climat dépressionnaire, que la Grande Peste du VIe siècle a scandé ; de 650 à 900, d'abord au cours de ce VIIe siècle si méconnu, puis sous l'impulsion carolingienne, un redressement se discerne. On peut discuter sur la place et la valeur de tel ou tel élément du schéma, dire qu'en 900 rien de décisif n'est encore éclos, ou soutenir le contraire. Au niveau où se tient ce livre, ce sont là affaires de spécialistes.002LE MOYEN AGE EN OCCIDENT?>1?>De l'Antiquité tardive au pré-Moyen Âge?>Au milieu du IVe siècle, l'Europe occidentale est partagée entre deux ensembles culturels et économiques, le pourtour de la Méditerranée et le nord-ouest du continent, placés sous le contrôle au moins théorique de l'« Empire romain », et le nord, le centre et l'est, ainsi que les montagnes d'Afrique du Nord, occupés par des populations, celtes, germaniques, scandinaves ou berbères. Le premier ensemble est le mieux connu, donc le mieux jugé, parce qu'il repose sur une civilisation de l'écrit et de la ville ; l'autre passe pour « barbare », au sens commun du mot, parce qu'il est de culture orale et d'usages campagnards.¦La Romania?>• Une façade imposante mais lézardéeDepuis qu'en 395 l'Empire a été partagé, une nouvelle fois, en deux, entre les héritiers de Théodose, l'ouest comporte l'Espagne, la Gaule, l'essentiel de la grande île de l'archipel, l'Italie, les îles tyrrhéniennes et le liseré nord de l'actuel Maghreb. Ses limites sont le Rhin, le Danube, la mer et l'Atlas. On pense qu'il pouvait, sur quelque deux millions de kilomètres carrés, y vivre de 25 à 30 millions d'habitants, moins de 20 au km2, ce qui est faible. La mer Méditerranée en constitue le lieu géométrique, mais le poids démographique et économique de la Gaule est prépondérant.Le maître en est, en principe, unique : c'est l'empereur, quasi divinisé, mais en réalité simple despote désigné par les soldats des légions, avec ou sans l'approbation des sénateurs, membres des plus riches familles terriennes de l'Empire. Depuis longtemps il ne réside plus à Rome, mais à Milan, à Trêves, à Ravenne, à Arles. Il ne manque pas de moyens d'action : il est entouré d'amis, les comtes*, de fonctionnaires plus ou moins dociles comme les préfets des capitales régionales, aidé dans lesprovinces par les gouverneurs des villes ou cités*. Les revenus de l'E tat proviennent surtout d'impositions très lourdes et particulièrement injustes, et des revenus du fisc*, c'est-à-dire la terre et les taxes publiques. L'armée, qui fait et défait les empereurs, est installée dans des camps ou castra implantés à la campagne et le long des frontières, le limes, ou encore en garnison dans les cités. Probablement de 150 à 200 000 hommes en Occident, dont moins de 50 000 réellement utilisables, soit un pour cinquante kilomètres carrés ce qui est négligeable et ne peut assurer aucune défense sérieuse en cas de surprise. Aussi, pour tenir la société en ordre, l'E tat l'a, depuis Constantin au début du IVe siècle, comme ossifiée, fixant héréditairement chacun à sa place juridique, administrative, économique ou sociale, détruisant ainsi tout esprit civique et toute idée d'évolution.• Des structures internes contrastéesLa force productrice de l'Empire est fondée sur l'esclavage, mais que n'alimentent plus guère traite ou conquêtes. La base économique reste la production agricole, soit celle du grand domaine sénatorial qu'on appelle villa, avec ses dépendances et ses terres sur quelques milliers d'hectares, dominant esclaves et tenanciers libres, les colons ; soit celle de paysans indépendants qui échappent largement au contrôle de l'E tat et à la curiosité des historiens. L'habitat rural est, de ce fait, incertain, mal fixé et mal dominé. La cellule la mieux tenue est celle de la ville, maîtresse théorique d'un territoire ou diocèse, souvent simple reflet des clairières culturales des peuples soumis ; le décor monumental y est de grande qualité et géré dans une intention d'étroite surveillance de populations citadines souvent oisives (Capitole, amphithéâtre, thermes). Un très bon réseau de voies empierrées les joignent entre elles ou aux castra, mais elles sont indifférentes à l'habitat campagnard. La circulation monétaire soutient un trafic marchand honorable, mais plutôt méditerranéen.La société est fortement encadrée par des prescriptions juridiques formelles qu'on codifiera aux IVe et Ve siècles (œuvre d'Ulpien, code « théodosien »). Ce droit romain protège sévèrement la propriété et l'héritage, affirme des principes de liberté personnelle et de dévouement à la « chose publique » (res publica). Mais, dans la pratique, la famille ou gens exerce toujours une surveillance étroite sur l'individu, et le pesant contrôle de la richesse ou de l'E tat limite toute initiative. Ce type de société est rejeté dans son principe même par l'E glise chrétienne. Cette religion, reconnue en 392 comme religion de l'E tat, prône au contraire, et au moins en théorie, les vertus individuelles, le mépris du monde, l'égalité de tous. Il ne faut pas en exagérer l'influence à ce moment : les évêques, chefs des communautés, n'exercent guère leurmission qu'en ville ; celui de Rome, le pape, n'a que bien peu de pouvoir sur les autres ; les conciles généraux n'intéressent pas le petit peuple, et la très grande masse de la population est fidèle aux cultes agraires ou naturels ; elle reste « païenne ». Avant le VIIe siècle, l'apport chrétien réside soit dans le rôle politique des dignitaires, soit dans l'accumulation d'un bagage dogmatique de premier ordre (Pères de l'E glise*), soit dans l'exemple tout idéal des moines.L'ensemble de la Romania, forcément très disparate, et où les résurgences pré-romaines sont de plus en plus sensibles, connaît pourtant un réel sentiment d'unité face aux autres. L'idée « romaine », la culture « romaine », l'unité « romaine », même très gravement altérés, par exemple dans les domaines des lettres ou de l'art, apparaissent comme des biens précieux. On se sent et on se dit « citoyen romain », même si la violence, l'injustice et la cruauté baignent toute la société.¦La « Barbarie »?>• Plus de vigueur, moins de traditionLes peuples de la mer, de la savane ou de la forêt n'ont pas aussi bonne réputation, bien que ...
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