L'autorité
EAN13
9782200352998
ISBN
978-2-200-35299-8
Éditeur
Armand Colin
Date de publication
Collection
DD.PSYSOC COLIN
Nombre de pages
127
Dimensions
18 x 13 cm
Poids
132 g
Langue
français
Code dewey
158.2
Indisponible

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1?>Historique et étymologie
de l'autorité?>1. À l'origine de la notion d'autorité?>1.1. Étymologie« Autorité » est un terme provenant du nom latin auctoritas. L'auctoritas romaine était notamment l'apanage du Sénat, qui n'avait pas de pouvoir décisionnaire ni de pouvoir exécutif, contrairement à la potestas (pouvoir), qui imposait la force au peuple. « Potestas in populo, auctoritas in senatu », dit d'ailleurs l'adage populaire depuis Cicéron. L'auctoritasétait donc la qualité des Anciens, qui l'avaient eux-mêmes obtenue par héritage et transmission, de la part de ceux qui avaient posé les fondations pour toutes les choses à venir. Les détenteurs de l'auctoritasétaient ainsi les garants de la fondation sacrée.Il est déjà intéressant de constater que l'autorité n'est pas synonyme de pouvoir. Elle peut même exister sans la force du pouvoir et, bien plus, incarner un contre-pouvoir d'ordre symbolique (cf. infra, 1.3).Le verbe augeo, dont provient l'auctoritas, signifie faire naître, augmenter, produire à l'existence. D'après Benveniste (1969, p. 148 sq.), augere consiste avant tout à poser un acte créateur, fondateur, voire mythique, qui fait apparaître une chose pour la première fois. Bien évidemment, dans la même racine étymologique, l'auteur (auctor) est celui qui fonde une parole et s'en donne le garant. Ce terme était particulièrement employé pour les historiens, l'auteur étant la personne d'où émerge une crédibilité de parole concernant l'héritage et le passé.Ainsi, la personne faisant autorité serait non seulement détentrice d'une puissance d'ordre symbolique, constituée notamment par l'héritage et la filiation, mais pourrait être aussi une personne elle-même fondatrice de quelque chose d'inouï. La parole semble au cœur de l'autorité : soit qu'elle se porte garante du passé, soit qu'elle fonde elle-même une racine nouvelle. L'autorité est donc la qualité de la fondation, qu'elle soit passée ou présente, avec l'enracinement d'un projet révolu ou à venir. D'ailleurs, l'historien Tite-Live intitule son œuvre Ab urbe condita, qui signifie littéralement « à partir de la fondation de la Ville » (de Rome). L'histoire humaine et civilisatrice commence par une fondation, et l'autorité s'en institue la garante. À partir de là, tout fondateur de projet porte en soi une autorité symbolique, qu'il soit fondateur d'une entreprise, d'une œuvre artistique, etc., et il perd également sa crédibilité dès qu'il s'éloigne un tant soi peu de son rôle de garant des origines de la fondation. C'est ainsi qu'un auteur reconnu se verra décrié s'il change trop de style, un chef d'entreprise, délégitimé s'il change la nature de ses ambitions.En somme, l'autorité se caractérise déjà par trois notions : la fondation, les origines, le garant.1.2. L'autorité, l'histoire, le savoirLa dimension temporelle et historique de l'autorité est prégnante. Il ne suffit pas d'être l'auteur d'un projet pour faire autorité. L'inscription dans l'autorité nécessite un ancrage temporel. Demeurer garant est en effet une œuvre temporelle : ne dit-on pas d'une personne qu'elle est un « monument » de la littérature, de l'histoire... ? Or, pour devenir monument, il est besoin de durer.Avec l'autorité, les liens entre le passé et le présent, ainsi que la transmission, sont particulièrement solides. Ceux qui ont davantage vécu sont censés montrer davantage d'autorité que ceux qui ont moins vécu. C'est ainsi que l'on conférera l'attribut d'autorité plutôt aux Anciens et à la vieillesse qu'à la jeunesse. Être garant de la fondation, c'est, en effet, la promouvoir dans la transmission. À cet égard, la spécificité de l'auteur antique est d'être un historien, celui dont la parole garantit la mémoire et la transmission, à travers l'écriture, et qui permet d'assurer la conservation avec précision, sans la falsification inhérente à toute transmission orale. L'autorité est essentiellement hiérarchique : il y a d'une part, celui qui sait, connaît les fondations (soit qu'il les ait lui-même fondées, soit qu'elles lui aient été transmises), s'en porte garant, et est reconnu pour ce savoir et cette légitimité, d'autre part, celui qui ignore, et doit apprendre de celui qui sait.
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