Petite philosophie du quotidien
EAN13
9782845922587
ISBN
978-2-84592-258-7
Éditeur
Archipel
Date de publication
Collection
Spiritualité chrétienne
Nombre de pages
225
Dimensions
22,5 x 14 cm
Poids
312 g
Langue
français
Code dewey
128

Petite philosophie du quotidien

De

Archipel

Spiritualité chrétienne

Indisponible
DU MÊME AUTEUR

Guide de relaxation pour ceux qui n'ont pas le temps, Seuil, 1996.

Restez zen, Seuil, 1998.

Petit Livre de la sagesse monastique, La Table Ronde, 1999.

Les Plus Beaux Contes zen, suivi de L'Art des haïkus, Calmann-Lévy, 1999.

Prières pour ceux qui n'ont pas le temps, Le Cerf, 1999.

Haïku, Le Petit Pavé, 2000.

Petit Traité du bonheur, La Table Ronde, 2000.

Les Plus Beaux Contes zen (La grue cendrée), Calmann-Lévy, 2000.

Contes zen, Librio, 2001.

Les Plus Beaux Contes zen (Le bonheur zen), Calmann-Lévy, 2001.

Je confie mes traces aux nuages..., Calmann-Lévy, 2002.

Les Plus Beaux Contes zen (livre illustré), Calmann-Lévy, 2002. Les Plus Beaux Contes zen (double CD lu par Dominique Blanc), Frémeaux et Associés, 2002.

Prières à décoiffer les clochers, Le Cerf, 2002.

La Relaxation pour tous, Librio, 2002.

L'Année zen, Calmann-Lévy, 2003.

L'Humour zen, Calmann-Lévy, 2003.

Nouveaux Contes zen, Librio, 2003.

Contes du chat maître zen, Calmann-Lévy, 2004.

Dieu en poche, Librio, 2004.

Le Moustique, Librio, 2005.

Les Plus Beaux Contes zen, Volume 2 (double CD lu par Sylvie Testud), Frémeaux et Associés, 2005.

Sages ou fous, les haïkus ? Calmann-Lévy, 2005.

Un jour, une prière, De Vecchi, 2005.

Automne Hiver: l'année zen, Arléa-Poche, 2006.

Printemps Été : l'année zen, Arléa-Poche, 2006.

Une si lointaine enfance, L'Atelier, 2006.

Le Guide de l'astrologie, Librio, 2007.

Les Haïkus, Librio, 2007.

Prières du bonheur, De Vecchi, 2008.

Moines chrétiens, coll. « Point Sagesses », Seuil, 2008.

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eISBN 978-2-8459-2480-2

Copyright © Presses du Châtelet, 2008.

À maman, épouse Brunel, née Magdeleine, Cécile, Marie Léry

(1888-1981)

À Yves Coppens

Prélude

Ces pages, des plus sérieuses aux plus légères, sont la chanson du quotidien. Chroniques, si l'on veut, du temps qui passe. Elles s'adressent aux croyants et aux incroyants, aux aporétiques et aux mécréants. Elles interpellent les petits, les grands, les maigres, les gros, les pelés, les galeux... et les tondus, bien entendu.

L'ombre de Dieu s'étend sur elles. Rien ne nous comblera jamais, nous les passagers sur cette terre, « clampins », voyous, joueurs de musette, marmousets et marmousettes, sinon l'au-delà, de l'au-delà, du par-delà... L'Amour infini.

A

L'Abbé Pierre

On le voyait de dos. Le journaliste de la télé l'interrogeait. Il s'indignait, l'Abbé Pierre. Je suis en colère, disait-il, et il s'emportait contre toutes les injustices. Je l'écoutais... Je le regardais. Quatre-vingt-treize ans ; cinquante et une années de combat depuis le fameux appel de 1954 en faveur des mal-logés. J'apercevais son dos un peu voûté dans la soutane noire. Les cheveux gris rares et légers qui voletaient doucement dans le vent et ses mains si blanches, translucides, qui s'agitaient en une dernière prière révoltée. Je rêvais un peu devant ma télé quand je sursautai. L'Abbé Pierre venait de clore l'entretien sur ces mots : « Ah ! disait-il, je suis fatigué, j'ai hâte de rejoindre l'Absolu. »

On n'a pas coutume d'entendre ces paroles à la télévision à une heure de grande écoute. L'Abbé Pierre – le favori des Français – venait de prononcer une parole invraisemblable : « J'ai hâte de rejoindre l'Absolu, l'Amour absolu. » Je suis persuadé que, sur les dizaines de milliers de personnes qui l'entendirent, quelques-unes, seulement, goûtèrent ces mots. Mais on lui pardonnait tout, à l'Abbé Pierre, même de prononcer les paroles décisives, les plus belles qu'on puisse imaginer. Elles nous concernent tous pourtant, nous les pêcheurs de lune, les quêteurs d'Absolu, croyants ou incroyants, juifs, chrétiens, musulmans, sages zen... ou mécréants.

« La pure terre de lotus n'est pas loin
Comme il brille diaphane le clair de lune de la Sagesse
Le nirvana est révélé devant nos yeux. »

Le Chant du zazen

C'est toujours la même attente, la même terrible espérance et tous les chemins – qu'ils soient la prière, la méditation, la poésie, le chant mystique, la contemplation, le silence ou la lectio divina– mènent au même endroit. L'Amour total, la lumière jaillissante de l'Absolu que le vieil abbé avait tant hâte de connaître et de goûter pour la vie éternelle.

Le vœu de l'Abbé Pierre a été exaucé le 27 janvier 2007.

L' amour fou

Qui en parle mieux que Racine dans Phèdre ?

« Un trouble s'éleva dans mon âme éperdue
Mes yeux ne voyaient plus
Je sentis tout mon corps et transir et brûler. »

Voici l'amour passion à son plus haut degré d'incandescence. Le sauvage amour, qui transperce et magnifie, qui ne comprend rien, n'écoute rien que sa force brutale, vous emporte comme l'ouragan et détruit tout sur son passage. L'amour fou.

Les mystiques, les saints, quelle que soit leur foi, ont un jour, pour Dieu ou pour la « vacuité essentielle » – comme le moine zen Ryôkan –, vécu cette passion. La soif de donner, d'arracher ce qui dans son cœur n'est pas Dieu, n'est pas l'Absolu. La folie des saints, l'amour fou sans limites ni rives.

Mais, comme dans les amours humaines, il arrive un temps, dans ces vies consacrées, où l'amour semble s'apaiser. Il jette moins de lueurs et de cris. C'est que le saint, le mystique est passé de l'autre côté de l'eau. Il aime au-delà de l'amour, de ce que nous appelons « l'amour », ce brasier de pulsions, de haines, de peurs, d'attachements, ce cri au zénith de nos vies. L'amour de Dieu ou de l'Infini a franchi la garde du cœur. Il est établi dans la sérénité. Il ne tremble plus comme la flamme d'une bougie. Il ne frémit ni ne s'exalte. Il ne s'indigne ni ne craint. C'est celui du futur moine chartreux, quand il revêt « après sept années de noviciat », la robe blanche des « Profés », et qu'il prononce ses vœux définitifs :

« J'ai dit au Seigneur : Tu es mon Dieu
Je n'ai pas d'autre bonheur que toi
La part qui me revient fait mes délices
J'ai même le plus bel héritage ! »

Cet amour-là nous déçoit un peu. Nous sommes si loin encore de la paisibilité, si pétris de pâte humaine ordinaire, que nous semble un peu fade la lumière étale de l'Absolu. Nous préférons souvent les mystiques en chemin qui sentent « tout leur corps et transir, et brûler... » Mon Dieu, que nous sommes sots, parfois.

Australopithèque

Dans l'eau claire de la rivière, se trouvait-elle jolie, la petite Lucie, un mètre trente à peine, qui vivait trois millions et cinq cent mille années avant notre ère ? Imaginait-elle que nous examinerions son squelette et compterions ses os un par un, discuterions de sa bipédie et l'affublerions d'un nom étrange à moitié latin (australis : qui appartient aux terres australes, aux terres du Sud) et grec : (Pithekôs : singe). Elle parcourait de longues distances par la savane et la forêt, et son gros orteil un peu long lui conférait une allure un peu déhanchée. Bien sûr, elle ignorait le feu, les outils, le langage. Elle était pourtant notre sœur humaine, la petite Lucie, l'Africaine d'il y a trois millions et cinq cent mille années.

Pourquoi me souvenir d'elle ? Peut-être une boutade de l'écrivain écossais Thomas Carlyle, que je lus par hasard ce matin :

« L'homme est un bipède omnivore, qui porte des culottes. »

Les culottes et peut-être les habits neufs, est-ce tout ce qui nous distingue de notre ancêtre lointain ? Autre chose, peut-être, le mensonge, les longues rancunes, les absurdes haines et les moyens terrifiants de les assouvir en exterminant nos congénères. Est-ce que Lucie aurait songé à mettre en croix, à estrapader ceux qui ne partageaient pas sa façon d'aimer ? Divisait-elle le peuple des siens en forcément bons et mauvais ? Existait-il, dans cette Afrique australe d'il y a trois millions et cinq cent mille années, des sortes de singes presque humanisés qui pouvaient réduire à merci leurs frères et sœurs, leurs semblables? Une caste qui dominait, refusait-elle à son gré nourriture et dignité à ceux qui ne lui ressemblaient pas ou lui déplaisaient...
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