Vitoucha
EAN13
9782304007626
ISBN
978-2-304-00762-6
Éditeur
Le Manuscrit
Date de publication
Collection
FICTION
Nombre de pages
395
Dimensions
23 cm
Poids
570 g
Langue
français
Trouvez les offres des librairies les plus proches :
ou
entrez le nom de votre ville

Offres


Chaque été, j'attends tous ces rassemblements de l'hétéroclite que sont brocantes et vide-greniers, avec une attirance pour les objets monogrammés. Leurs initiales me font emprunter une passerelle pour les rejoindre dans les méandres de leur passé. J'ai alors la sensation étrange d'ébaucher un dialogue avec l'objet, comme s'il me suppliait de lui restituer sa vraie dimension. Une fois rapporté chez moi je le regarde, le place, le déplace, jusqu'à ce qu'il soit satisfait. Quoi de plus banal qu'un vieil objet posé sans vie sur un meuble ? Quoi de plus vivant qu'un bel objet se reposant ! Tout en lui respire le vécu, le souvenir de ceux ou celles qu'il a accompagnés. Il n'y a plus alors qu'à se laisser guider afin de partager son histoire.
S'identifier pour envoyer des commentaires.

Commentaires des lecteurs

Conseillé par
2 octobre 2009

Au coeur de ce livre

Vitoucha accueille huit nouvelles qui sont l'histoire de huit objets. Lorsque vous en chinez un dans une brocante, un vide grenier, chez un antiquaire, n'avez-vous jamais pensé ... " et s'il pouvait parler ou me faire rencontrer les gens qu'il ...

Lire la suite

Extrait de "Vitoucha"

Nouvelles de Roland Boudarel

Comme à chaque fois qu'un événement d'importance avait lieu, à l'issue de la dernière représentation du soir tous les membres de la troupe étaient rassemblés en conseil au centre de la piste. Chacun avait apporté son idée. L'écuyère proposa Madeleine, la sainte du jour ; la mère Baggio pensa à Innocente car la petite l'était ; le contorsionniste osa Rose, pour rire. Domenico Zucco avec une voix calme, mais sûre, proposa Valbruna. Comme il avait récolté en retour de nombreux regards étonnés, il expliqua, en peu de mots. - Valbruna, c'est un petit village italien dont ma famille est originaire. Personne n'avait rien répondu, cela signifiait ici que tous étaient d'accord. Il fallait bien offrir un nom à ce bébé déposé durant la nuit, près de l'entrée du chapiteau. Elle avait quelques jours à peine. Personne ne pensa à la déclarer à qui que ce soit, elle avait été amenée là, elle grandirait donc avec la famille Baggio. Domenico Zucco s'était de suite attaché à cette enfant que personne n'avait voulue, mais que son épiderme ébène rendait déjà si belle. Valbruna lui parut de circonstance. Ce prénom évoquait la couleur de sa peau mais ressemblait aussi à celui de Valaïda Snow, cette trompettiste de jazz de génie dont il affectionnait tant la musique. De fait, c'est Madame Baggio, celle que l'on appelait la mère Baggio qui s'occupa de Valbruna et l'accueillit dans son foyer. Elle qui était habituée à avoir quasiment chaque année un nouvel enfant ne fut pas déroutée par cette arrivée imprévue. Chez les Baggio, on grandissait à la bonne franquette. Les aînés aidaient les plus petits pour que rapidement, ils puissent eux aussi soutenir ceux qui suivraient. On passait peu de temps à l'éducation, la bonne marche du cirque primant sur tout. En revanche le peu d'enseignement qu'ils recevaient, les enfants le faisaient fructifier, comme on a l'habitude de procéder avec un bien précieux. Ainsi personne n'eut jamais à se plaindre des enfants Baggio, ils étaient la fierté de leurs parents. Valbruna grandit dans ce moule qui n'en était pas un. Comme ses frères et sœurs, elle devint serviable, ne rechignant pas au travail, toujours de bonne humeur. Sa couleur de peau différente des autres lui permit de comprendre rapidement qu'elle n'était sûrement pas entièrement de la même famille qu'eux. Personne n'en parla jamais, comme si cela n'avait pas d'importance. Elle était Baggio désormais, cela suffisait, pour eux, pour elle. Quant à l'avis des autres, personne ne s'en souciait. Elle était toutefois complètement différente car empreinte d'une grâce et d'une beauté inconnues du reste de la fratrie. Même si elle disposait des mêmes vêtements que ses sœurs, ils se métamorphosaient à son contact. Le moindre tissu, le plus simple des colliers, devenaient comme par enchantement, des atours d'apparat et de faste. Elle avait de magnifiques yeux verts qui prenaient encore plus d'éclat, sertis par son teint. En l'observant, on pouvait déceler en elle un métissage de plusieurs continents, elle était au confluent de l'Asie, de l'Afrique et de l'Europe. Valbruna était une beauté d'exception, alchimie de tout.

Autres contributions de...

Plus d'informations sur Roland Boudarel