Poétiques de soins

1 - Panser sensible

Le soin. Comment le connaître ? Comment savoir ce qui s'y passe ? Que vit le soignant dans ce moment ? Que vit le soigné dans cet instant ? Et le corps, les organes, le sang, les cellules, les bactéries, les instruments, les examens, la biologie, les cabinets, l'hôpital, les services de santé ? Comment tout cela s'articule-t-il ? C'est vers la science que l'on se tourne par habitude pour comprendre, la science dure et solide. Mais probablement que celle-là ne peut explorer qu'une bien petite partie de ce qu'est le soin, éblouie qu'elle est par son obsession d'une objectivité qui n'existe pas en fait. Enfin, si, peut-être, mais pour les non-humains. Mais bon, à qui d'entre eux pourrions-nous aujourd'hui confier la tâche d'étudier l'Homme ? Alors comment explorer le reste du champ ? Possiblement par un autre regard. Et possiblement par celui de la poésie. La poésie et sa manière de voir le monde inspire notre poétique. Et notre poétique vise à proposer une autre voie, une pensée sensible, pour produire de la connaissance sur le soin, pour « panser sensible ». Et les poétiques nous offrent ainsi une bien agréable façon d'être anthropologue. Jean Faya est médecin généraliste et chercheur en anthropologie à Let-Know Café, Institut de recherche anthropologique sur le soin et l'accès aux soin. www.letknowcafe.org