Encore un fichu roman sur la guerre d'Espagne, lecture critique de
EAN13
9782267020724
ISBN
978-2-267-02072-4
Éditeur
Christian Bourgois
Date de publication
Collection
Littérature étrangère
Nombre de pages
480
Dimensions
20,1 x 13,2 x 3 cm
Poids
422 g
Langue
français
Langue d'origine
castillan, espagnol
Code dewey
850

Encore un fichu roman sur la guerre d'Espagne

lecture critique de "La Malamemoria"

De

Traduit par

Christian Bourgois

Littérature étrangère

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Mauvaise surprise pour Isaac Rosa, l’auteur de La Mémoire vaine : un lecteur sans foi ni loi a mis la main sur son premier roman, La Malamemoria, et profite de sa réédition pour ajouter au texte ses critiques et autres sarcasmes, une attitude inacceptable pour l’écrivain, qui sera rudement malmené tout au long de cette opération. La Malamemoria, que son auteur n’a pas retouché par rapport à sa première version, narre les mésaventures de Julián Santos, quadragénaire madrilène cynique et désabusé, professeur de lycée et nègre pour le compte de seconds couteaux du régime franquiste. Santos est engagé par la veuve de Gonzalo Mariñas, un homme d’affaires qui vient de se suicider suite aux révélations de la presse à son sujet, dans le but de rédiger les Mémoires de son défunt époux dans une Espagne en pleine Transition démocratique. Ses recherches le conduiront au fin fond de l’Andalousie, où il découvrira un mystérieux village oublié, des fantômes dignes d’un livre de Juan Rulfo mais aussi l’amour. Il y renouera surtout avec son propre passé, qui n’est pas moins trouble que les crimes de Mariñas. Et c’est précisément ce regard sur le passé, cette réflexion sur la mémoire qu’attaque avec une joyeuse férocité le lecteur « pirate » de La Malamemoria, administrant à son infortuné auteur une magistrale et hilarante leçon qui pourrait fort bien s’appliquer à de nombreux autres livres sur le même sujet.

Né en 1974, Isaac Rosa est une des nouvelles voix les plus remarquables de la fiction espagnole actuelle. La mémoire vaine est son deuxième roman après La malamemoria (Del Oeste Ediciones, 1999), une pièce de théâtre, Adiós muchachos (1998) et de nombreux articles pour la presse, salué par la critique pour l’exceptionnelle qualité de son écriture et le courage qu’implique une telle prise de position, chez un auteur qui n’a pas vécu le franquisme. Très bien accueilli par les lecteurs espagnols, le roman a en outre reçu plusieurs prix littéraires importants, dont le Rómulo Gallegos, le « Nobel » latino-américain, et a figuré sur les listes des meilleurs livres 2004 de tous les principaux quotidiens et magazines.

Encore un fichu roman sur la guerre d’Espagne ! est une expérience radicale : l’auteur y reprend intégralement son premier roman, n’en change pas une virgule mais le critique sans pitié, le passe au crible et le maltraite pour qu’il serve de paradigme, celui d’une fiction espagnole envahie par les bons et mauvais livres sur le sujet. C’est donc une réflexion théorique, mais livrée sur un mode ludique et pleine d’humour. Car la cruauté de l’auteur, si elle s’applique à lui-même, s’en prend à un roman qui ne manquait pas d’atouts. En effet, La Malamemoria, publié en 2000, alors qu’Isaac Rosa n’avait que vingt-six ans, n’était pas tout à fait aussi abouti que La Mémoire vaine. C’était malgré tout une vraie réussite et l’on y retrouve tous les éléments qui ont fait le formidable succès critique et public de son successeur : une écriture brillante, précise et dense, qui sait allier ironie subtile et lyrisme poétique ; la capacité à bâtir un roman complexe, savamment structuré, au service d’un propos riche, engagé socialement et politiquement, toujours nuancé et sans manichéisme. On y retrouve également le goût de l’auteur pour enrichir son récit de discrètes références littéraires qui mettent son propos en perspective et l’inscrivent dans la meilleur tradition de la littérature espagnole.

Devenu « roman dans le roman », La Malamemoria ne perd rien de ses qualités, mais cela ne suffit pas pour le mettre à l’abri d’un critique sans pitié, qui manie avec brio l’ironie et le sarcasme pour punir un jeune auteur entre-temps devenu un romancier reconnu et expérimenté. Remarques sur le fond et la forme, clins d’œil, cours magistraux : notre critique fait feu de tout bois, pour le plus grand plaisir du lecteur, un peu désolé par le pauvre auteur, mais un peu plus conscient des enjeux du roman contemporain grâce à Encore un fichu roman sur la guerre d’Espagne !

« Isaac Rosa a ouvert une voie inédite dans la littérature espagnole. Sa nouvelle œuvre, Encore un fichu roman sur la guerre d’Espagne !, contient une critique acérée de La Malamemoria, son premier roman. C’est-à-dire qu’après chaque chapitre de La Malamemoria figure le commentaire critique que l’Isaac Rosa d’âge mûr fait de ses pages de jeunesse. La proposition est insolite. » (Santiago Belausteguigoitia, El Pais)

« Isaac Rosa fait de l’autocritique un exercice de création. L’auteur, faisant bien plus que rééditer son premier roman La Malamemoria, intervient dessus comme un lecteur exigent et le questionne à l’aide d’annotations, de commentaires, de réflexions, avec beaucoup d’ironie, visant à la fois son texte de jeunesse, mais aussi une manière de faire de la littérature. « Quand la maison d’édition m’a proposé de le rééditer, explique-t-il, je me suis retrouvé face à un roman sur la guerre d’Espagne se donnant à lire comme un manuel, très représentatif de tout un genre de littérature qui se fait en Espagne. J’ai alors pris la décision de transposer cette expérience en en faisant une lecture critique qui transforme le livre en un autre complètement différent, en une réflexion sur l’écriture elle-même et aussi sur la lecture. »

Endossant le rôle de son propre lecteur, l’auteur boycotte le texte d’origine, conservé tel quel, à l’aide d’opinions, de commentaires et de critiques qui offrent une lecture parallèle. « C’est une expérience intéressante, confie-t-il, qui naît de la divergence entre l’auteur que j’étais et le lecteur que je suis aujourd’hui, et qui s’avère être l’occasion de faire un roman intéressant et, en même temps, de réfléchir à une série d’éléments communs à la littérature actuelle. » L’une des idées du livre est la perméabilité des jeunes écrivains et des premiers romans aux tendances d’un moment particulier, qui les poussent à un certain maniérisme.

Selon l’auteur, l’idée principale du roman (la disparition d’un village causée par la répression phalangiste) reste la même, mais est enrichie « et si le lecteur le souhaite, se transforme en un autre livre ».

Isaac Rosa met en avant une série de questions et de thématiques formelles, argumentatives, liées à la construction des personnages, facilement identifiables dans les romans traitant de la guerre d’Espagne. « Vous découvrez que vous avez été prisonnier d’un langage, d’un vocabulaire, d’une manière de raconter, qu’on a fait de la guerre d’Espagne un genre littéraire, et il faut échapper à cela. Je me suis rendu compte de mon évolution en tant qu’auteur mais, surtout, en tant que lecteur. Le roman critique la manière dont nous lisons, confortable et peu critique. Moi je propose un genre de lecture moins confortable, plus exigent. » (Miguel Ángel Trenas, La Vanguardia)

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