Conseils de lecture

9,90
Conseillé par (La librairie des Halles)
30 avril 2021

La réédition augmentée de cet ouvrage pourrait nous faire dire "Faites entrer l'accusé"... La reconstitution des 14 affaires est tellement minutieuse et étayée qu'un nouvel éclairage se profile. C'est plus d'un siècle de meurtres et d’enquêtes policières en Deux Sèvres. C'est aussi une véritable étude sociologique de l'époque sur fond d'héritages, de crimes crapuleux, etc... Mais rien n'a changé… l'histoire peut ou pourrait se répéter…


Virginie Barreteau

Inculte-Dernière Marge

16,90
Conseillé par (le Carnet à spirales)
30 avril 2021

Garder la trace de vies anonymes….

Derrière la magnifique couverture de Ceux des marais, il y a des vies rudes et misérables dans des habitations isolées et désolées reliées les unes aux autres par les méandres des marais sillonnés chaque jour par le médecin qui rend visite en barque à cette population du bout du monde. En même temps qu’il panse les plaies et guérit les corps fatigués, cet étrange docteur sonde les âmes tourmentées en photographiant ses patients comme si le flash de son appareil photo et les pellicules développées pouvaient lui révéler un peu plus ce qui se cache derrière les regards. C’est dans ces centaines d’images qu’il trouvera la réponse à la disparition mystérieuse de Pacot, un habitant des Marais. Valérie Barreteau signe un texte d’une beauté brute, crue dans l’atmosphère lourde des eaux languissantes qui n’est pas sans rappeler l’ambiance pesante du très beau « Des carpes et des muets » d’Edith Masson (Editions du Sonneur). Un roman qui donne envie de se plonger dans les photos de Sabine Weiss, Raymond Depardon ou Whright Morris.


Conseillé par (le Carnet à spirales)
30 avril 2021

Ralentir...

Il est des endroits que la fureur du monde n’atteint pas. Situé dans les Alpes Tessinoises, sauvage massif enchâssé entre la Suisse et l’Italie, Léontica fait partie de ces lieux où le temps arrête sa course. C’est dans ce village, émergé de la roche et des forêts que Le Felice, nonagénaire taiseux, mène une vie d’ascète. Chaque matin, par tous les temps, bien avant l’aube, il quitte le village, s’engage dans la pinède et grimpe vers les sommets. D’aucuns disent qu’il va s’immerger dans la Gouille, piscine naturelle à flanc de roche. Piqué par la curiosité, son voisin plus jeune et narrateur de ce récit, décide d’accompagner le vieil homme taciturne pour vérifier ces dires. Il découvre alors une vie simple débarrassée du superflu, où le silence a plus de valeur que la parole, où le respect de la nature s’impose comme une évidence et non comme une posture, où les gestes immémoriaux sont répétés à l’envi. Cette existence minimaliste, spirituelle, s’inscrit au cœur même du village. Vieux et jeunes s’entraident au quotidien, vouant un respect empreint d’affection au vieux patriarche. Dans un style aussi dépouillé que la vie du Félice, Fabio Andina ralentit le rythme et livre le récit sublime et sensible d’existences aux antipodes du consumérisme au sein d’une nature souveraine.
In "Rando Passion" N°60 Juillet 2021

Autre chronique sur ce roman :
Il est des endroits que la fureur du monde n’atteint pas. Situé dans les Alpes Tessinoises, sauvage massif enchâssé entre la Suisse et l’Italie, Léontica fait partie de ces lieux où le temps arrête sa course. C’est dans ce village, émergé de la roche et des forêts que Le Felice, nonagénaire taiseux, mène une vie d’ascète. Chaque matin, par tous les temps, bien avant l’aube, il quitte le village, savonnette à la main, s’engage dans la pinède et grimpe vers les sommets. D’aucuns disent qu’il va s’immerger dans la Gouille, piscine naturelle à flanc de roche. Piqué par la curiosité, son voisin plus jeune et narrateur de ce récit, décide d’accompagner le vieil homme taciturne pour vérifier ces dires. Il découvre alors une vie simple débarrassée du superflu, où le silence a plus de valeur que la parole, où le respect de la nature s’impose comme une évidence et non comme une posture, où les gestes immémoriaux sont répétés à l’envi au cours de journées paisibles et pourtant bien remplies, loin du monde, ce monde « toujours aux mains des mêmes deux ou trois margoulins ». Couper du bois, infuser les feuilles d’orties ramassées plus tôt, allumer la Sarina, ce poêle antique qui cuit et chauffe à la fois, aider quelques voisins, passer voir le Sosso à la première traite, contempler les nuages, saluer l’âne de la Vittorina…. Cette existence minimaliste, spirituelle, s’inscrit au cœur même du village. Vieux et jeunes s’entraident au quotidien, vouant un respect empreint d’affection au vieux patriarche. Des vies qui s’entrecroisent au bistrot local ou à la Trattoria, autour d’un jeu de cartes, d’une conversation de comptoir ou d’un verre pris sans bavardages inutiles, un hochement de tête suffisant parfois à remplacer les mots. Dans un style aussi dépouillé que la vie du Félice, Fabio Andina livre le récit sublime et sensible d’existences aux antipodes du consumérisme au sein d’une nature souveraine. Un texte admirable pour ralentir la cadence, apprécier le cliquetis de la pluie, s’écarter de la rumeur du monde, écouter le bruit du silence.


Roman

Sabine Wespieser Éditeur

18,00
Conseillé par (le Carnet à spirales)
30 avril 2021

Un père, un fils. Dans une complainte adressée à son épouse disparue, le père, incarcéré, retrace avec nostalgie son enfance chez les Bédouins, miséreux mais riches de cette liberté inconnue des sédentaires. Il concède amèrement qu’il a menti sur ses origines pour la conquérir, elle qui n’aspirait qu’à l’opulence, et que leur amour ne pouvait survivre à cette profonde dissonance. Faisant écho à ses regrets, le fils, recueilli par des amis sans le sou, dépeint, dans un touchant récit, sa vie dans la rue, les copains, les chapardages, le guet devant la prison, la maison où vit sa sœur, le cimetière où gît sa mère. Leurs deux voix alternées vont ainsi dévoiler, au gré de l’histoire familiale, le drame qui les a tous séparés. Beyrouk, auteur mauritanien, signe un texte d’une extrême sensibilité et révèle, à travers ces portraits de déshérités, un abîme profond entre le monde contemporain et l’existence sobre mais libre des nomades du désert.


17,00
Conseillé par (le Carnet à spirales)
30 avril 2021

Marcus et Rose s’aiment d’un amour délicieusement suranné, exalté par le tango qu’ils pratiquent avec ardeur et qui suffit à leur bonheur, chacun assumant pleinement son rôle respectif d’homme et de femme. Jusqu’au jour où Rose ressent le désir irrépressible de porter un enfant. Mais tandis que son ventre reste désespérément plat, celui de Marcus s’arrondit discrètement. «°Couvade !°», assène le médecin. Pourtant, le verdict tombe, indiscutable et renversant : Marcus est enceint. Derrière la fable et la cocasserie, les questions et les peurs engendrées par une telle situation, se cache une véritable réflexion philosophique sur le genre et les fonctions immuables dévolues depuis la nuit des temps à l’homme et à la femme. Raphaël Alix inverse admirablement les genres et rebat les cartes du masculin-féminin. Il interroge le rôle assigné à chacun par les autres, bouscule les codes de la virilité et, subtilement, met au monde une nouvelle parentalité.

In "Page numéro de printemps 2021"