Conseils de lecture

15,00
Conseillé par (Librairie La Buissonnière)
17 août 2015

Noblesse de l'âme

Au bord de la ruine, le Comte de Neville s'apprête à donner sa dernière grande réception quand une voyante lui prédit qu'il commettra un crime en tuant un invité lors de cette noble garden party. Pour lui éviter le déshonneur, sa fille mélancolique l'invite à l'infanticide. Pourra-t-il s'y résoudre ? Amélie Nothomb possède l'art des situations incongrues et facétieuses, poussant ses personnages dans leurs derniers retranchements.. Sous la douce ironie et l'humour, perce la difficulté de vivre et d'être.


16,00
Conseillé par (Librairie La Buissonnière)
17 août 2015

Notre irréductible part d'humanité

Dans le ghetto de Terezin où ils sont enfermés par les nazis, l'artiste Bedrich Fritta et ses compagnons dessinent chaque jour clandestinement la réalité brutale du camp. Résistants par l'art et la création, ils témoignent et affirment ainsi la part irréductible de leur humanité que la barbarie cherche à nier et à détruire. Avec pudeur et retenue, avec sobriété et douceur, Antoine Choplin pose un regard touchant et émouvant sur ces hommes, révélant leur courage et leur force d'âme face la violence qu'ils subissent. Magnifique.


Albin Michel

20,00
Conseillé par (Librairie La Buissonnière)
17 août 2015

Un horsain en Irlande

Exsangue après l'incendie de son étable qui a provoqué la mort de son ouvrier agricole et de toutes ses bêtes, Barnabas Kanes tente de refaire surface, en sollicitant l'aide de ses voisins. Mais dans ce village irlandais où la rudesse est de mise, celui qui est revenu des Etats-Unis est considéré comme un faux-pays, un horsain. Pourtant, Kanes s'acharne, s'obstine face à une sournoise adversité au risque de faire sombrer toute sa famille. Porté par un souffle littéraire intense, ce roman rural aux allures de tragédie grecque, marque profondément du sceau de sa noirceur comme de celui de sa beauté narrative.


Conseillé par (Librairie La Buissonnière)
17 août 2015

Une réjouissante folie douce

Ce premier roman frais et cocasse, à l'humour décalé, présente une belle galerie de personnages, tous aussi loufoques les uns que les autres : du jeune pharmacien obnubilé par les hallucinants effets secondaires des médicaments au facteur dont la distribution aléatoire du courrier dépend de la chansonnette du jour, ces doux dingues sont attachants et font preuve d'une émouvante solidarité. Il plane dans "Les nuits de la laitue" un vent de fraîcheur pimenté d'une réjouissante folie douce sudaméricaine !


19,00
Conseillé par (Librairie La Buissonnière)
17 août 2015

Un homme hanté par l'annonce

Comme un écho à son précédent roman « Une femme fuyant l'annonce », David Grossman met littéralement en scène un humoriste, hanté depuis son adolescence par l'annonce traumatisante de la mort de ses parents et ravagé depuis par la culpabilité. Un intense et bouleversant huis-clos scénique et cathartique.

Lorsque Dovalé G. entre sur la scène du petit club de la ville côtière israélienne de Natanya, la salle est pleine, les spectateurs venus se détendre s'impatientent de retrouver l'humoriste et son « stand-up » fait de plaisanteries plus ou moins drôles, de blagues parfois salaces, d'invectives plus ou moins virulentes, d'échanges directs, de moqueries féroces et de prises à partie des uns et des autres. La soirée promet d'être distrayante. Les premiers rires fusent.
Mais, sous le masque clownesque, Dovalé porte en lui de profondes blessures d'enfance et d'adolescence qui le hantent et le rongent depuis plus de quarante ans, comme s'il puisait dans ce trauma son énergie d'artiste, comme s'il creusait chaque jour une dose d'humour dans sa chaire. Jusqu'à atteindre l'os et n'en plus pouvoir. Ce soir-là, devant les spectateurs médusés, devant Avishaï Lazar, son ancien ami d'enfance devenu juge, Dovalé craque le vernis du petit comique qu'il paraît pour révéler l'homme qu'il est. Il déroge au genre, bouscule l'attente des spectateurs, brise les conventions du « stand-up ». Il se rend là où on ne l'attend pas mais là où il a rendez-vous avec lui-même, au plus profond de sa mémoire, de ses émotions, de ses culpabilités, de ses douleurs. Il s'engage sans répit dans une mise à nu éprouvante et irrépressible, au risque de déplaire et de décevoir un public prêt à réagir violemment. Dans ce huis-clos scénique où la tension est palpable, l'émotion envahira et submergera celles et ceux qui, jusqu'au bout, écouteront le récit de Dovalé.
Tout au long de ce nouveau roman, David Grossman éclaire avec précision, minutie et empathie, le personnage dans tous ses gestes d'acteurs, ses déplacements, ses regards, les mouvements du corps et de la tête, le timbre de sa voix, son énergie, sa violence, son épuisement, faisant de ce personnage scénique un personnage éminemment romanesque.
Avec un dispositif narratif aux angles variés, le romancier israélien offre au lecteur des points de vue multiples et alternés, lui permettant d'étendre au plus profond de la scène son regard pour mieux en saisir la totalité. Il le place dans l'oeil des spectateurs, tantôt agacés, tantôt émus ; dans le regard du juge, d'abord implacable puis bouleversé et pris, lui aussi, de remords et de culpabilité vis-à-vis de l'ami qu'il n'a pas su aider ; enfin, sur scène avec Dovalé, traversant ainsi ses émotions.
Comme son personnage principal, une sorte de double avec lequel il partage les mêmes initiales, David Grossman prend le risque du pas de coté, de l'inattendu. Il se rend là où on ne l'attend pas, surprend pour s'engager dans une voie romanesque déroutante, comme si tout roman se devait d'être comme le spectacle de Dovalé, une mise en scène à la fois contrôlée et incontrôlable, vouée à un dérapage qui en fera toute la richesse.
Et comme les spectateurs restés jusqu'à la fin du récit de Dovalé, les lecteurs de "Un cheval entre dans un bar" ne regretteront pas la force de cette parole romanesque qui fait violence mais libère et réconcilie les êtres entre eux, les réconcilie aussi avec eux-mêmes.