Conseils de lecture

Mercure de France

17,00
Conseillé par (47° Nord)
17 décembre 2015

Vous allez adorer!

Des retraités s'échappent un soir de leur maison de retraite pour aller au casino alors que les sorties ne leur sont pas autorisées. Leur infirmière se fait licencier. Ils décident alors de s'échapper pour de bon et de ne plus remettre les pieds dans la maison de retraite alors que la canicule menace. Ils volent des brumisateurs, un frigo, une camionnette et partent faire la tournée des maisons de retraite pour apporter un peu de fraicheur aux retraités desséchés.

Un roman frais!

Marie Nawrot


Marguerite Waknine Éditions

9,00
Conseillé par (Librairie Obliques)
15 décembre 2015

Broderie

Il y a d'abord l'histoire, véridique, de Marguerite Sirvins, schizophrène passionnée qui, enfermée à l'asile, se mit à confectionner sa robe de mariée dans l'attente d'un hypothétique fiancé qui ne viendrait jamais.

Chef d'oeuvre de l'art brut, la robe aujourd'hui exposée à Lausanne est d'une finesse troublante pour un vêtement conçu à partir de chiffons effilochés.
Ensuite, il y a ce texte, impressionnant monologue intérieur tissé lui-aussi avec maestria par Katherine L. Battailellie, et duquel transpire tout l'espoir pathétique d'une femme privée d'amour jusqu'à la folie.
Précieux et succinct, le texte trouve un écrin idéal aux éditions Marguerite Waknine, feuilles jointes mais libres bien à l'abri dans leur protège-cahier.


9,40
Conseillé par (Le Merle Moqueur)
14 décembre 2015

Quel homme fut mon père ?
Cette question faussement simple parcourt le magnifique roman de Philippe Forest.
A travers une histoire de l'aviation française - son père était pilote - l'auteur explore les différentes réponses à cette question intime et retrace la vie de ces hommes qui ont vécu avec leur Siècle.
Jonathan - Librairie Le Merle Moqueur


24,90
Conseillé par (Le Bateau Livre)
14 décembre 2015

Noël au Bateau Livre : idée cadeau #15

Il y a ceux qui connaissent le cinéaste Cordova, et les autres. Ou plutôt, ceux qui aimeraient le connaître et ont créé un site internet entièrement voué à son œuvre, violente, sombre et sulfureuse, les « Blackboards » (site indécelable sur la Toile pour le commun des mortels). Quand sa fille, Ashley Cordova, ancienne pianiste virtuose, est retrouvée sans vie dans un entrepôt désaffecté, après avoir sauté dans le vide, le journaliste déchu Scott McGrath y voit un appel à reprendre son enquête. Car ce sont justement ses déclarations inconsidérées à propos de Cordova, à la suite d’un mystérieux appel anonyme, qui ont causé sa perte il y a plusieurs années. Si la fille de 24 ans se suicide, n’est-ce pas là une preuve irréfutable que le père est dérangé, dangereux, voire psychopathe ? Et d’ailleurs, est-on si sûr qu’il s’agisse d’un suicide ? Accompagné de Nora et Hopper, deux énergumènes rencontrés alors qu’il tente de comprendre la mort d’Ashley, Scott se lance à la recherche de la vérité sur le mystérieux cinéaste, dont la dernière apparition remonte à 1977. Il découvre alors un monde tout aussi angoissant que les films du génie, où la frontière entre réalité et illusion est trouble, où la raison cède aux croyances, et dans lequel il est loin d’être le bienvenu... En plus d’un suspense habilement maîtrisé, ce roman est truffé d’humour – noir, peut-être, ironique, sans doute, complètement décalé, souvent –, apportant une touche de légèreté, vitale au cœur de cette plongée aux origines du mal. Fac-similés, photos, captures de pages Internet et copies de rapport de police à l’appui, Marisha Pessl construit de toute pièce un univers fascinant. Impénétrable ? Scott n’est pas de cet avis et emmènera le lecteur avec lui découvrir toute la noirceur de l’âme humaine.
Article écrit pour la revue PAGE des Libraires : http://www.pagedeslibraires.fr/livre-8475/interieur-nuit.html


China Miéville

12-21

Conseillé par (Librairie Obliques)
14 décembre 2015

La planète où l'on ne sait pas mentir

Sa réputation n'est plus à faire, il est déjà considéré comme l'un des auteurs de science-fiction les plus inventifs du moment, mais croyez-moi, avec Légationville, Miéville produit son roman le plus ambitieux.

Le contexte : Ariéka, planète lointaine posée à la lisière de l'univers connu. Ici, les autochtones - poliment appelés les Hôtes - sont des créatures insectoïdes si on peut dire dont la principale caractéristique est de parler la Langue à l'aide de leur deux organes vocaux. La Langue n'est pas seulement un langage tel que nous le concevons, c'est aussi une philosophie complète du rapport de l'être au monde. Le monde fait partie de la Langue. Tous les êtres vivants, s'ils existent, font partie de la Langue. Et par conséquent, tout dans la langue est qualification et analogie. La conséquence directe de ceci est qu'il est impossible de mentir en Langue, ni même de parler de choses ou de concepts qui n'ont jamais été évoqués.

C'est dans cet univers singulier qu'a été construite Légationville, une ambassade humaine où hommes, Ariékans et autres races extra-terrestres cohabitent en paix. Dès le début du roman, on débarque éberlué dans ce paysage totalement nouveau et le premier tiers du livre est une virtuose présentation de cette communauté, de cette planète, de cette race, de cette Langue. Alors oui, il faut s'accrocher car tout ici est neuf et mérite explication mais pour le lecteur amateur de science-fiction rigoureuse, quel plaisir de lire la prose d'un auteur dont la pensée dépasse le folklore spatial, à tel point que les questions linguistiques posées par la Langue sont à ma connaissance inédites : il n'existe pas non plus, il me semble, de langage humain approchant de près ou de loin cette stupéfiante conception de la communication. A la lecture, on se prend ainsi à repenser notre rapport aux mots, aux définitions, au réel, tout en suivant une aventure faite d'action, de trahisons, de coups de théâtre.

Tissant une intrigue profonde et haletante, Légationville réussit le pari fou de mêler linguistique et aventure, science-fiction et philosophie, tout en portant en creux un message d'espoir pour aujourd'hui et les siècles à venir, car s'il est possible de comprendre et de vivre en harmonie avec des êtres aussi étranges que les Ariékans, peut-être qu'il ne serait pas si difficile de se comprendre entre simples êtres humains.