Les vrais durs

T.C. Boyle

Grasset

  • Conseillé par
    31 mars 2016

    En croisière en Amérique Centrale, Sten Stensen et son épouse Carolee lors d’une escale sont menacés avec d’autres touristes par trois jeunes hommes armés. Marine durant la guerre du Vietnam, Stan bloque un des voyous par la gorge qui décède. A leur retour chez eux en Californie, Sten est considéré comme un héros. Cet ancien proviseur de lycée vit mal cette notoriété en rapport avec la mort d’un homme.
    Lors d’un simple contrôle de police, Sarah membre du mouvement des Citoyens Souverains est verbalisée pour ne pas porter sa ceinture et elle refuse d’obtempérer. Car elle considère illégitime le gouvernement des Etats-Unis tout comme les lois et les règles en vigueur. Peu de temps après, elle prend en stop Adam trente ans le fils d’Adam et de Carolee. Il dit s’appeler Colter et non Adam. Marginal, il boit et se drogue. Souffrant d’une grave psychose paranoïaque, il squatte dans l’ancienne maison de sa grand-mère autour de laquelle il a érigé un mur très haut (et sans porte) et il passe la majeure partie de son temps dans la forêt.
    Sarah s’éprend de lui malgré ou à cause ses « bizarreries ». Peu bavard, Adam vénère John Colter un trappeur du 18ème siècle et refuse de voir ses parents. Il se protège contre les hostiles et porte une arme. Déconnecté de la réalité, Adam s’enfonce de plus en plus dans sa paranoïa et tue deux personnes.

    Dans ce nouveau roman, on retrouve un des thèmes chers à l’auteur la nature et l'environnement mais ici T. C. Boyle s’intéresse à la violence. Et en lisant la préface, la couleur est annoncée avec un extrait de D. H. Lawrence "Études sur la littérature classique américaine" : "L'âme américaine est dure, solitaire, stoïque : c'est une tueuse. Elle n'a pas encore été délayée.".
    En se glissant dans la peau de Sten, de Sarah ou d’Adam, il nous dépeint leurs ressentis, leurs obsessions et leurs peurs. On découvre comment Sten en tant que parent vit la maladie de son fils. Ou pourquoi Sarah non violente cautionne le comportement de Jerry Kane (un Américain membre des Citoyens Souverains qui en 2010 a tué deux policiers ) et la psychose semée par Adam. Ce dernier rêve d’une vie comme John Colter et d’un retour dans le passé impossible.

    Ce livre très actuel pose des questions sur les libertés individuelles, sur une société rongée par différences forme de violence. Usant de l’ironie (mais pas de trop), l’écriture de T. C. Boyle ici est plus sèche, plus directe que dans ses précédents romans.
    C’est incisif, percutant, creusé et ça secoue !