Aux animaux la guerre

Nicolas Mathieu

Actes Sud

  • Conseillé par
    5 février 2019

    Société

    Premier roman de l’écrivain récemment Prix Goncourt, cet ouvrage appartient lui aussi à la ligné du roman social français.
    L’auteur situe son récit dans les Vosges, région qu’il habite et qu’il connaît donc bien.
    Une usine qui ferme dans les Vosges, tout le monde s’en fout. Une centaine de types qui se retrouvent sur le carreau, chômage, RSA, le petit dernier qui n’ira pas en colo cet été, un ou deux reportages au 19/20 Régional et puis basta.

    Sauf que les usines sont pleines de types dangereux qui n’ont plus rien à perdre. Comme Martel, le syndicaliste qui planque ses tatouages, ou Bruce, le bodybuilder sous stéroïdes. Des types qui ont du temps et la mauvaise idée de kidnapper une fille sur les trottoirs de Strasbourg.

    Mais qu’en faire ? C’est là que tout dérape, à cause d’un grand-père pied-noir trop curieux.

    J’ai aimé suivre Martel, qui a pris petit à petit du galon dans son usine, commençant sur une machine, pour devenir, à force de volonté et de formation président du CE dans un bureau.

    J’ai aimé son histoire d’amour avec Rita, inspectrice du travail. Ils se tournent autour sans oser s’approcher.

    J’ai été moins touchée par Bruce, gros bras sans trop de cervelle ; sa sœur qui aguiche tout ce qui porte un caleçon ; sa mère recluse dans sa chambre.

    La fin de Bruce est tout de même tragique et plutôt gore. Mais après ce qu’il a fait, s’en est presque jouissif.
    J’ai été intriguée par le grand-père, Pierre, pied-noir au service de l’OAS, et qui arrive en métropole avec son arme.
    Intriguée également par Victoria, cette jeune fille à moitié dévêtue qui n’a pas fini de grandir et qui restera une apparition pour certains personnages du roman.
    J’ai aimé le froid piquant, mordant de l’hiver vosgien, bien au chaud sous ma couverture, ses tempêtes de neige fatales.
    J’ai aimé la bande-son du roman : l’auteur ponctue ses descriptions visuelles de descriptions sonores des musiques diffusées.

    J’ai aimé que l’auteur donne des visages et des voix aux victimes des PSE.

    L’image que je retiendrai : Celle de Victoria pieds nus en pleine tempête de neige.

    Une citation :
    "Mais ceux de Rita, cette race obstinée, inquiète, qui se plaint constamment, des immigrés, des impôts, des limitations de vitesse (…) cette race a pour elle de ne pas lâcher." (p.354)

    https://alexmotamots.fr/aux-animaux-la-guerre-nicolas-mathieu/