Hyenae

Gilles Vincent

Jigal

  • Conseillé par
    20 mai 2015

    Marseille, policier

    Le sujet est intéressant, et l’auteur va même plus loin que d’autres dans l’horreur infligé aux enfants.

    Oui mais voilà, je n’ai pas du tout accroché au style. Même les promenades dans les rues de Marseille ne m’ont pas passionnées.

    C’est brouillon, c’est répétitif dans le propos, c’est exagéré : les personnages en font trop pour être crédibles à mes yeux.

    Yv, Oncle Paul et DBLO avaient pourtant adorés.

    L’image que je retiendrai (attention divulgâchion) :

    Celle des lits des trois filles dont les têtes pointent les unes vers les autres et dont les doudous regardent le même poster de Harry Potter.

    https://alexmotamots.wordpress.com/2015/05/13/hyenae-gilles-vincent


  • Conseillé par
    7 mai 2015

    Avant d'écrire mon article, je suis allé relire mes précédents billets concernant les livres de Gilles Vincent : Beso de la muerte et Trois heures avant l'aube. Et je ne peux que constater mon intérêt monter en puissance. Là encore, Gilles Vincent m'a scotché. Son roman est terrible, il fait peur et donne des frissons parce que La Hyène (le méchant) s'attaque aux enfants. C'est ignoble bien sûr, mais on sait aussi malheureusement que ce type de prédateurs existe, les journaux en parlent régulièrement. Dès lors, pourquoi ne seraient-ils pas dans des romans noirs ? Ce n'est pas une lecture reposante. Ce n'est pas un livre qu'on oublie à peine refermé. D'abord à cause du thème bien sûr, mais aussi grâce à la construction du roman, à son rythme et à sa violence. En tant que lecteur, on passe par pas mal d'émotions parfois contradictoires ; ce qui ne change pas du début à la toute fin, c'est l'impossibilité de lâcher cette histoire. Je ne m'appesantirai pas sur l'intrigue, par peur d'en dévoiler trop (à ce propos, vous pouvez lire la quatrième de couverture, car chez Jigal on les fait sobres, qui ne font rien deviner).

    J'aime chez Gilles Vincent l'équipe qu'il a constituée au fil de ses romans : Aïcha Sadia, la commissaire, Sébastien Touraine, son compagnon, détective privé avec qui elle travaille étroitement, Théo Mathias le légiste, ami des deux premiers ; voilà pour les personnages les plus influents, très bien secondés par des flics aguerris et soudés. Ils tâtonnent, se trompent, reviennent en arrière, s'engueulent parfois, agissent de temps en temps en dehors de la légalité, se font violence pour ne pas y céder trop souvent. C'est ce qui prime chez l'auteur, les rapports humains, même d'ailleurs entre les gangsters et les flics, ou ici entre le psychopathe et l'un des membres de l'équipe des enquêteurs.

    Gilles Vincent est en train de bâtir une série de romans noirs absolument bluffante et excellente, avec des histoires fortes et des personnages attachants et très réalistes. Ce qui est très bien aussi, c'est que bien que je retrouve les mêmes protagonistes, je n'ai pas la sensation de relire le même roman, à chaque fois, l'auteur réinvente une histoire et même une construction de cette histoire. Très bon point, il n'y a rien de pire que l'ennui dans un polar.

    PS : ce roman est une version ré-écrite et complétée d'un roman paru en 2009 chez Timée, sous le titre Sad Sunday. Il se situe avant Parjures, paru chez Jigal. Je précise, mais c'est juste pour la forme, je n'ai pas lu tous les romans de l'auteur (il me manque justement Parjures et un autre, Djebel) et ça ne gêne en rien la bonne compréhension, mon enthousiasme plaide pour moi.


  • Conseillé par
    14 mars 2015

    Rien n'est plus destructeur que la haine !

    L'extrait

    « Assis à l'arrière du Scénic, Touraine cale son regard sur les arbres qui défilent dans la nuit. Les feux des voitures doublées en vitesse cadencent de rouge les paysages au bord de l'obscurité.
    La plaine de la Crau, Fos-sur-Mer, Martigues et puis l'Estaque, jusqu'aux abords du port autonome.
    Quatre ans qu'il n'a plus foutu les pieds ici, et l'ombre des immeubles dans le clair de lune lui paraît inchangée. Il songe à tous ces types, derrière les murs, qui s'endorment sur leur putain d'existence. Aux femmes sans homme qui ne trouvent pas le sommeil et qui attendent, devant la télé, le retour du fils en capuche qui rentrera tard dans la nuit en rotant des vapeurs de bière. Le fils qui traversera l'appart' sans dire un mot et qui finira la nuit dans sa chambre à fumer ses colères... »

    Le pitch

    Sébastien Touraine, ancien flic, vit en reclus dans l'arrière-pays marseillais à Maussane-Les-Alpilles. Il y tient une petite librairie depuis qu'il a tout quitté, son métier, sa compagne la commissaire Aïcha Sadia et son meilleur ami le médecin légiste Théo Mathias. Une sale affaire de disparition d'enfants qui a très mal tournée quatre ans plus tôt, pas de corps, pas de traces et une insurmontable blessure personnelle l'ont mis sur la touche et il ne compte absolument pas sortir du puits sans fond de son ermitage alcoolique.

    Jusqu'à ce que, évidemment, les parents des jeunes filles enlevées reçoivent une demande de rançon contre une preuve de vie, les abîmes de chagrin s'ouvrent à nouveau, l'espoir renaît et Aïcha et Théo vont aller débusquer Touraine dans sa retraite. Le kidnappeur s'adresse directement à lui, il ne peut l'éluder et devra, encore une fois, plonger au plus profond des turpitudes pour enfin essayer de conclure l'enquête qui l'a détruit.

    Que veut le salopard qui a détruit tant de vies après tant d'années de silence ? Quel compte règle-t-il ? Et pourquoi tient-il absolument à entrainer Sébastien dans le tourbillon macabre qu'il met en place ? Une seule façon de le savoir, foncer tête baissée avec Touraine et Aïcha dans le maelstrom...

    L'avis de Quatre Sans Quatre

    Éh bé, ça rigole pas Hyenae ! Si vous cherchez un bouquin pour vous remonter le moral, passez votre chemin. Là, c'est du noir profond, du piège machiavélique et du récit pour adultes sevrés depuis belle lurette. Gilles Vincent torture méchamment ses héros avec un acharnement subtil, une science du rebondissement et un sens démoniaque du suspense.

    En une semaine découpée en trois parties, Gilles Vincent assène à ses héros une avalanche de coups tordus issus d'un plan totalement diabolique. Une écriture sèche, belle, saignante, percutante, touchant à tous coups pour un polar remarquablement efficace. Les mots « espoir », « rédemption » ou, plus prosaïquement « lumière » doivent avoir été enlevés de son vocabulaire. La spirale ouverte au premier mot va engloutir peu à peu les protagonistes vers un abîme d'une obscurité totale où ils vont glisser jusqu'à l'ultime phrase du livre.

    Ce thriller cogne dur, coup après coup, il tape sans assommer tout à fait, il faut faire durer le plaisir pervers, la torture maximale, la fallacieuse idée d'un triomphe possible. La hyène blesse et attend patiemment que sa proie se vide lentement de son sang pour la consommer. Le rythme du récit suit celui de la chasse. Reste à savoir qui chasse qui ? Qui mène la danse dans un bal des apparences entièrement truqué ?
    Vous l'aurez compris, Hyenae est loin de l'histoire à l'eau de rose, de l'avalanche de douleurs surjouées et de niaiseries fatigante. C'est du dru, du cru, du violent mais tellement bien conté et si bien amené que le lecteur se laisse peu à peu glisser, sans y prendre garde comme on se noie, comme lors d'une hémorragie lente et inexorable.

    Du polar trois étoiles, pas de doute, l'intrigue aussi fouillée que les personnages, aussi glauque que le fond de l'âme humaine lorsqu'elle a décidé d'être laide, qu'elle a été blessée au point de perdre tous les repères. Ce serait dommage de passer à côté de ce condensé d'angoisse brillamment décortiqué par un auteur de grand talent.

    Retrouvez l'ensemble de la chronique sur Quatre Sans Quatre http://quatresansquatre.com/article/chronique-livre-hyenae-de-gilles-vincent-1426345546