Quand les anges tombent

Bosco, Jacques Olivier

Jigal

  • Conseillé par
    2 mars 2015

    Un thriller passionnant !

    Deux romans pour le prix d'un ou presque, les recherches des parents et les aventures tragiques des enfants se mêlent tout au long du récit et le lecteur passe d'un suspense à l'autre, d'une situation d'espoir pour les uns à la détresse des autres. Les scènes d'action se succèdent à un rythme dingue sans pour autant laisser de côté les moments de tendresse et d'amitié qui vont peu à peu unir ces gosses tirer de leur environnement, heureux ou malheureux mais qui démontrent tous d'extraordinaires facultés d'adaptation et de courage.

    Même s'ils reproduisent les stéréotypes parentaux, il y a une fureur de vivre, une solidarité et une volonté qui habitent ces jeunes en grand danger qui n'ont pas encore appris à calculer et réagissent plus à l'instinct bien qu'avec brio à une situation catastrophique.

    Le fond du récit, ces arrangements avec les valeurs, avec l'éthique de la justice qu'il va bien falloir solder, n'est pas qu'un scénario. Certes, Vigo est un sinistre personnage, certes, il mérite cent fois d'être emprisonné, mais, la conduite totalement immorale des protagonistes de l'affaire, par intérêt personnel, ambition ou lâcheté, n'est pas excusable. Un déni de justice reste un déni de justice quelque soit l'accusé qui en est victime.

    Chacun des parents va réagir selon sa personnalité et ses capacités. Ils sont pour la plupart eux aussi victimes, bien que consentante, ils vont devoir essayer de trouver le chemin de la rédemption et c'est loin d'être simple. Là encore, l'action est agréablement entrecoupée de larges parts de réflexions intimes, de retours sur ce passé honteux qui leur est projeté violemment au visage.

    Ce thriller est magnifique, une écriture fluide et rapide qui sait se faire intime lorsqu'il le faut. Bosco parvient à nous captiver pareillement sur les deux plans de son histoire et peindre de longs passages d'espoir dans le sombre d'un scénario tragique. S'il faut faire une comparaison, c'est du côté du fabuleux roman de Patrick Bauwen, Les fantômes d'Eden, dont je vous ai parlé il y a peu, qu'il faut chercher. Aussi passionnant, mêlant tous deux aventures d'ados et enquête d'adultes avec cette même faculté à passer d'un univers à l'autre en restant parfaitement crédible.

    Quand les anges tombent, encore une belle publication de Jimmy Gallier et de ses éditions Jigal Polar, un roman à découvrir si ce n'est pas encore fait !

    Suite de la chronique et musique du livre sur Quatre Sans Quatre (http://quatresansquatre.com/article/chronique-livre-quand-les-anges-tombent-de-jacques-olivier-bosco-1422805705)
    Interview de Jacques-Olivier Bosco dans Des Polars et des Notes (http://quatresansquatre.com/article/radio-des-polars-et-des-notes-special-odyssee-des-mots-100-polar-a-quimper-1424109339)


  • Conseillé par
    17 novembre 2014

    Je suis un peu sec à l'heure d'écrire mon article, parce que dans la rapidité de l'action, je n'ai noté aucune page, aucun extrait à citer, qui souvent m'aident à me structurer. Je n'ai pas eu le temps. Car même moins rapide, ce roman de JOB est du style de ceux qu'on ne lâche pas, diablement efficace.

    Un polar de Jacques-Olivier Bosco (JOB) c'est d'abord du rythme (cf. Le Cramé, Aimer et laisser mourir, Loupo). Mais cette fois-ci, le rythme s'il est toujours présent est moins haletant, le romancier prends plus son temps pour installer une histoire, des personnages, un scénario. Ça va très vite au départ, très vite à la fin, et entre les deux, chaque protagoniste a droit à un traitement de faveur. JOB alterne les points de vue. Chaque chapitre est la vision d'un parent, d'un enfant, d'un gangster sur l'affaire en cours mais aussi sur les événements qui les ont amenés jusqu'à celle-ci. Beaucoup d'intervenants, mais chacun est bien identifié et aucun risque de se perdre entre eux ; moi qui ai du mal avec les romans aux multiples personnages, ce ne fut pas le cas ici, et même cette profusion sert le récit, permet d'en apprendre un peu plus par divers canaux. Chaque personnage bénéficie d'une description physique et psychique, même les moins exposés. Ils viennent de tous horizons, ont eu des parcours chaotiques ou de privilégiés. L'enfance et l'éducation qu'on a reçue sont primordiales pour notre vie d'adulte. Le ressort de l'enfance malheureuse est souvent exploité dans les romans ou les films policiers, pour faire de tel ou tel personnage un monstre. JOB parle aussi des enfants maltraités et des conséquences sur leurs vies d'adultes, sans pour autant que l'on excuse leurs comportements ; ce sont des explications, des circonstances atténuantes qui peuvent éclairer un comportement, des pulsions. Mais il a aussi l'intelligence de mettre en face des adultes de bonne éducation, qui par leur agissements, leur ambition, leur égoïsme font autant de mal aux autres. Pas de manichéisme donc, un peu de stéréotypes, mais il en faut pour forger des personnages puissants, des traits de caractère forts.
    Si ce roman est moins rapide que les autres du même auteur, il n'en reste pas moins que l'action est bien présente, souvent violente. Pas de chichi, JOB ne fait pas dans le délicat et le thé servi à 17h avec le petit doigt en l'air. Ça crashe, ça explose, ça canarde, ça frappe. Mais rien n'est gratuit, ce n'est pas de la violence pour le plaisir de la décrire, d'ailleurs les amateurs d'hémoglobine seront déçus, car elle ne dégouline pas des pages. Moi, je suis ravi, parce que je n'aime pas le rouge sang à toutes les pages. Ces actes brutaux servent le propos de l'auteur et sont indissociables de ses personnages que l'on n'imagine pas agir d'une autre manière. Mais il y a aussi l'autre violence, celle plus sourde de l'indifférence, du mépris et de l'égoïsme allié à l'ambition qui font autant de mal que les coups. La férocité de ceux qui ont le pouvoir et l'argent envers ceux qui n'ont rien ou si peu.

    Pour conclure, voici un excellent polar de JOB qui montre qu'il sait bâtir des histoires et des personnages forts, que son créneau n'est pas seulement les récits rapides dans lesquels le rythme prime. En le baissant un petit peu, il laisse voir un réel talent pour forger des personnages et les relations entre eux pour construire leurs histoires qui les amènent à commettre parfois l'irréparable ou à tenter de sauver ce qui peut l'être encore. Et tout cela en gardant un tempo qui fait que l'on est bien incapable de fermer le livre avant sa toute fin, ce qui reste quand même une très grande qualité de JOB.