Demande à la poussière

John Fante

10-18

  • Conseillé par (Librairie Comme Un Roman)
    10 juillet 2018

    Enfin réédité !

    Figure de l'excès et de la provocation, John Fante est un écrivain majeur, précurseur de la Beat generation !


  • Conseillé par (Librairie La Galerne)
    13 février 2013

    Apprenti écrivain dans le Los Angeles des années trente, Arturo Bandini affronte les difficultés de la vie avec humour et persévérance. C’est drôle, tendre, mélancolique, parfois douloureux mais toujours très attachant.


  • Conseillé par
    23 juillet 2010

    Arturo Bandini a 20ans, il végète dans un petit hôtel de Los Angeles à flanc de colline en attendant la gloire promise par ses débuts fracassant, sa première nouvelle publiée il y a 5 mois par le grand Hackmuth, à la fois éditeur, correspondant et objet d’une vénération sans bornes.

    Seul devant une page qui reste obstinément blanche, il ressent son manque d’expérience de la vie, et des femmes surtout, comme un obstacle à sa créativité. Sa rencontre avec une serveuse aux bottes miteuses lui permet d’appréhender non pas le monde clos qui l’entoure, condamné par le désert, mais ses propres troubles. Tout comme Demande à la poussière emprunte à la vie de John Fante, les nouvelles d’Arturo Bandini sont imprégnées de son apprentissage, de l’élaboration d’un personnage fantasque qu’il incarne et transpose dans ses écrits qui ne racontent finalement rien d’autre que la douleur de sa propre existence. Davantage qu’une matière pour nourrir son imaginaire, l’exaltation amoureuse influe sur son obsession créatrice au travers de ses frustrations et de ses bouffées d’orgueils.
    Ce qui me touche avant tout chez Fante, c’est sa manière d’aborder le geste de création comme impulsion existentielle, aiguillée à la fois par des impératifs purement matérialistes, allant de la survie alimentaire pure et simple aux rêves de grandeurs, et par une quête éperdue de reconnaissance, un besoin insatiable de prouver son talent malgré la fragilité d’une conviction prête à dégringoler à la moindre contrariété. Et pour atteindre le statut de créateur, pour inscrire sa vocation dans une société dont il se sent rejeté, il doit dépasser un stade, celui de l’enfance à laquelle il rattache ses racines honteuses de paysans rital. L’identité et l’accomplissement, les deux préoccupations d’un jeune homme confronté au rêve américain qui file entre ses doigts au fur et à mesure que l’argent est dilapidé par sa fierté.
    On est partagé entre fascination et répulsion devant ce personnage instable pressé de grandir, avant d’être gagné par son immense générosité qui étouffe sa méchanceté puérile. Les sentiments chez Bandini ne se manifestent que dans l’excès. C’est sans doute dans cette propension à contrebalancer l’exubérance née d’un regard, d’un mot, par l’apathie de l’échec et la certitude de sa propre insignifiance, que se forge une empathie profonde pour ce personnage tourmenté par sa foi. Une foi qui se rappelle à lui dans des instants de déshérences morales où les valeurs qui sommeillaient se réveillent brutalement, lui faisant prendre conscience de sa turpitude. Dans une scène clef magnifique d’une grande intensité spirituelle, alors que le monde tremble et vacille, c’est son héritage, ses valeurs soudain retrouvées qui vont rétablir l’horizon. Et dans l’effondrement du monde, il trouve les limites où établir sa légende, le rital devenu américain, l’enfant devenu écrivain.