Éloge des voyages insensés, ou L'île

Vasilij Âroslavovič Golovanov

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  • Conseillé par (Librairie La Femme Renard)
    13 juillet 2019

    Eloge de mon livre de chevet.

    Qu'est-ce qui fait qu'un jour on parle d'un ouvrage en y associant l'étiquette "livre de chevet" ? C'est quand il est devenu un compagnon de route au même titre que vos chères amies du lycée, que vous passez du temps avec lui, à la maison, sur les routes, que vous en parlez mais que vous ne prêtez jamais votre exemplaire.

    "Eloge des voyages insensés" n'est pas un roman mais sa prose vous envoûte. Journaliste moscovite, né dans les années 1960, vassili Golovanov est un touche-à-tout qui, à la petite trentaine, éprouve l'impérieuse envie de partir plein nord, sur l'île polaire de Kolgouïev : "Pour re-vivre j'ai dû tout changer - mon mode de vie, ma manière de penser le monde, de le percevoir, de le signifier, tout. En vérité, pour être simplement capable de vivre, il a fallu que je change de peau." Kolgouïev le hante, il y est déjà parti mais l'expédition avait en partie échoué. Cette fois-ci, il met toutes les chances de son côté pour pouvoir découvrir l'île et ses habitants. Hymne au Grand Nord sibérien, ce livre n'est pas un simple récit de voyage, car Golovanov livre toutes ses émotions, ses impressions, et le lecteur est partie prenante de ses découvertes, de ses ressentis et de sa renaissance.

    Kolgouïev, c'est la terre des Nenets, des rennes mais aussi du pétrole. Deux mondes s'affrontent, deux façons de vivre, d'envisager les êtres et la nature qui vous entourent : celui des nomades et celui du monde industriel soviétique. Ce dernier, âgé de quelques décennies, broie celui de traditions millénaires pour l'appât du gain.

    "Eloge des voyages insensés" brouille les pistes entre le réel et la fiction, bouscule ses lecteurs sur bien des questions essentielles. Je m'y suis perdue une première fois et prends un plaisir toujours renouvelé à m'y perdre à nouveau de temps à autre, c'est ainsi que ce livre, en plus d'avoir un des plus beaux titres que je connaisse, est devenu mon livre de chevet.

    Aude Samarut