Rivage de la colère, Roman

Caroline Laurent

Les Escales

  • Conseillé par (le Carnet à spirales)
    19 février 2020

    Et soudain, l'espoir

    En 2017, Caroline Laurent co-écrit avec Évelyne Pisier Et soudain, la liberté (Les Escales et Pocket) qui séduit libraires et lecteurs, roman auréolé de plusieurs prix qui surprend par la force narrative et la maturité du propos. L’attente était alors forte pour ce premier roman intégralement personnel.

    Une urgence, celle de dévoiler au grand jour un drame méconnu. Une responsabilité, celle de l’écrivain qui se doit de témoigner. Caroline Laurent est franco-mauricienne et se souvient, qu’enfant, elle entendait sa mère évoquer parfois le drame d’une petite population d’îliens. 1967, l’Ile Maurice accède à son indépendance à la suite d’un référendum victorieux mais l’Empire colonial britannique négocie et conserve un chapelet d’îles pour raisons militaires. Un paradis sur terre qui deviendra base militaire. 1967, sur l’Ile de Diego Garcia, archipel des Chagos, les habitants vivent simplement, évoluent heureux dans cette nature éblouissante, dans ce lagon pur. Sous la direction d’un gouverneur britannique, Mollinard, ils travaillent à la récolte des noix de coco. Simples cahutes, pieds nus, solidarité ancrée au cœur, les chagossiens connaissent du monde leur seule ligne d’horizon et cela leur suffit. Ainsi la belle Marie-Pierre Ladouceur vit sans entraves, consomme l’amour avec envie, entourée par les siens. Marie-Pierre Ladouceur, un nom comme une caresse, comme une promesse, une invitation pour Gabriel Neymorin, venu seconder Mollinard. L’histoire d’amour est belle et le décor somptueux. Le déchirement sera terrible. 1971, sans prévenir, les soldats anglais expulsent les chagossiens qui ont eu seulement une heure pour rassembler leur baluchon. Expulsés de leur terre, laissant derrière eux leur vie et leurs morts. Pire que des chiens, ah le sort envieux des chiens ! Ils sont entassés dans des bateaux et débarquent hagards sur l’île Maurice, dans un bidonville, sans aucun accueil. Ce récit est celui de la lutte d’un peuple, quelques milliers d’habitants, qui après la résignation se redressera en colère, faisant un peu faiblir la rigidité administrative, portant au tribunal cette infâme confiscation. Caroline Laurent, en prenant le temps de poser ses personnages, de les faire évoluer dans leur primo-paradis maternel, donne une force narrative incroyable à son roman. Le lecteur devient chagossien. Page après page, le texte prend de la puissance, les personnages de l’ampleur. Projet ample, habilement construit en alternant les époques et les personnages, Rivage de la colère ne bascule jamais dans la facilité de juger, de moraliser. L’homme, on le sait, est parfois un monstre capable de profiter de l’ignorance. Caroline Laurent combat l’ignorance autour de cette sombre page d’Histoire et utilise la littérature comme une (l)arme, un magnifique chant de vie : et soudain, l’espoir !

    Article in "Page des libraires" - n°200


  • Conseillé par (Librairie Mots et Images)
    9 janvier 2020

    Formidable!

    Quelle lecture éprouvante!
    J'ai milité avec les Chagossiens, j'ai eu faim, j'ai eu mal, j'ai pleuré, j'ai aimé...
    Un livre formidable qui ne m'a pas laissé intact, pour mon grand plus bonheur.


  • Conseillé par
    17 août 2021

    immigration, Océan Indien

    J’ai longtemps hésité à lire ce roman qui se déroule dans l’Océan Indien et qui narre la revendication d’une île perdue au milieu de l’océan.

    Et puis, l’opportunité se présente et je me lance.

    Au départ, le style ne m’a pas plu et je trouvais les personnages caricaturaux (une île merveilleuse où tout le monde vit en harmonie, tout le monde il est gentil).

    Et puis la sauce a pris et j’ai voulu découvrir ce qu’il arrivait à ces habitants chassés de chez eux par la Perfide Albion.

    J’ai tremblé avec eux lors du tsunami de 2014 ; j’ai espéré avec eux lors des différents recours aux différentes Cours Internationales.

    J’ai découvert que les anglais avaient payé pour le relogement des îlois, argent dont ils n’ont jamais vu la couleur, condamnés aux bidonvilles.

    Même si je n’ai pas cru aux personnages trop d’un seul bloc, le propos de l’auteure est ailleurs.

    Un livre qui a le mérite de mettre en lumière le combat des îlois pour récupérer leurs îles dont ils ont été spoliés.

    Un roman qui me restera finalement en mémoire, qui montre que même le sable de l’île la plus perdue (au milieu de l’océan) peut être recouverte de béton.

    L’image que je retiendrai :

    Celle des couleurs bleues et vertes des oiseaux, de la mer et du ciel, couleurs omniprésentes.

    https://alexmotamots.fr/rivage-de-la-colere-caroline-laurent/


  • Conseillé par
    1 novembre 2020

    Alors là, bravo !
    Quel magnifique roman !
    Roman, mais pas que.
    Parce qu’il s’agit d’une histoire vraie.
    Une sale histoire que je ne connaissais pas du tout..
    Lorsque l’île Maurice a obtenu l’indépendance, elle a abandonné à l’Angleterre l’archipel des Chagos.
    Mais quelques années plus tard, l’Angleterre l’a cédé aux États-Unis qui en ont fait une base militaire.
    Pour ce faire, il a fallu évacuer toute la population des îliens qui se sont retrouvés à St Maurice parqués dans des bidonvilles.
    Ce n’est que le 25 février 2019 que le tribunal de la Haye leur rendra justice après 50 ans de luttes juridiques.
    Étrange de ne jamais avoir entendu parler de cette histoire alors que la presse tourne en boucle les mêmes sujets jusqu’à l’indigestion.
    Pourtant c’était l’année dernière !
    Du coup j’ai fait des recherches sur Internet, tout cela est ahurissant.
    Pour nous faire connaître cette histoire, Caroline Laurent a imaginé une histoire et des personnages en s’inspirant de sa grand-mère mauricienne.
    Et quelle histoire !
    Passionnante, émouvante, prenante.
    Les personnages principaux, Gabriel et Marie, vivent une histoire d’amour palpitante mais entravée par de multiples malentendus.
    Tous les autres chagossiens sont de beaux êtres, simples, sincères, courageux, solidaires.
    Franchement, je ne suis pas prête d’oublier ce livre que j’avais vu plusieurs fois sans être particulièrement attirée.
    Que ça aurait été dommage.
    Je bénis cette insomnie de pleine lune qui m’a permis de le terminer dans la nuit.


  • 4 juin 2020

    Un roman fort, qui frappe comme un documentaire

    En préambule, il est important de signaler que ce nouveau livre de l’auteur est le roman d’une histoire vraie, celle des Chagossiens, peuple chassé de son archipel, Diego Garcia, située pas loin de l’île Maurice. Caroline Laurent a beaucoup entendu parler, par sa mère mauricienne, de ces Chagossiens, chassés de force en 1968 ver l’île Maurice, pour faire place à une base navale américaine. Ce roman, c’est l’histoire de Marie la douceur, chagossienne simple, fière de son archipel et de son peuple, fière de son amour improbable avec Gabriel, mauricien venu sur l’île pour seconder le gouverneur. A travers cette histoire d’amour, on découvre un paradis perdu dans l’océan avec sa culture, son histoire, sa cuisine ses rites ses joies et ses peines.
    Un roman fort, qui frappe comme un documentaire, rendant une part de lumière à une population victime de l’ombre.