Murène

Valentine Goby

Actes Sud

  • Conseillé par (le Carnet à spirales)
    1 novembre 2019

    Hiver 1956. François Sandre, un jeune parisien de 22 ans qui croque la vie à pleines dents, est victime d'un accident très grave qui le laisse amputé des deux bras. Sa relation au corps, au quotidien, aux autres va être complètement modifiée et il va falloir déployer une détermination sans faille et des trésors d'ingéniosité pour reconquérir le monde. C'est la natation qui le révèlera et le relèvera. François est un mutant magnifique, identique à cette murène aperçue dans un aquarium, à la fois monstrueuse et pleine de grâce. Un texte profondément humain.


  • Conseillé par (Librairie des Cordeliers)
    15 septembre 2019

    Refaire surface !

    On sait qu’au « terme de 3 milliards d’années purement subaquatique » le Vivant est finalement sorti de l’eau pour poursuivre à l’air libre l’histoire de l’évolution des espèces. Murène, le nouveau roman de Valentine Goby raconte l’histoire d’un homme qui, en 1956, va entreprendre le voyage inverse, parce qu’il en va de sa survie.
    Dynamique, travailleur, amoureux, François est un jeune homme plein de vie, ne sachant rien faire mais curieux de tout. Un jour d’hiver, en plein milieu d’un paysage de neige dans une campagne ardennaise qu’il ne connaît pas, il va être victime d’un accident électrique sur le toit d’un wagon arrêté en pleine voie et sur le toit duquel il était monté pour essayer de trouver son chemin. En un éclair, « une caresse brûlante » traverse sa chair, enflamme ses tissus et projette son corps à plusieurs mètres. Une petite fille poursuivant un renard trouvera son corps quelques heures plus tard.
    Sauvé du froid, il va à présent falloir sauver François de lui-même car le prix de ce sauvetage sera celui d’une vie sans bras.

    Murène est un roman saisissant dont on interrompt très difficilement la lecture tellement la narration sans temps morts nous plonge dans le parcours, de l’ombre vers la lumière, d’un garçon qui va devoir accepter de réinventer sa propre vie d’être diminué. Il sera bien sûr question de douleurs, de courage, de colères, d’abattement et de victoires, de résilience. Comment réapprendre les gestes du quotidien, recevoir le regard des autres, de ses proches, et celui des femmes d’abord ? Ce cheminement intérieur est écrit avec une sensibilité et une justesse sidérantes. On partage la moindre émotion de François, le moindre signe de découragement ou d’espoir retrouvé. Rien ne sonne faux dans ce livre. Même le temps long du soin et de la rééducation se lit avec un brin de fièvre, l’auteure employant alors tout un vocabulaire pour dire les gestes, les mouvements, les sensations sans jamais laisser percevoir l’ampleur du travail de recherche qu’elle a dû entreprendre en amont !

    Mais ce qui rend autrement passionnant ce roman, c’est sa dimension historique.
    Aux côtés de François, nous plongeons dans les années 50 et 60, à une époque où la chirurgie fait ce qu’elle peut, où le handicap se cache et fait peur (mais se porte plus facilement s’il a été gagné au combat, car oui, 14 – 18 n’est pas loin, 39 – 45 encore moins et nous sommes en pleine Guerre d’Algérie). Une époque aussi où les prothèses n’étaient qu’une mécanique pénible faite de câbles, de ferraille et de bois. Une époque enfin où l’Association des mutilés de France (future Fédération Française Handisport) voit le jour, guidée par la conviction forte que la pratique sportive aidera la personne handicapée a reconquérir son corps et, partant, sa dignité. Encore faut-il avoir accès aux stades, aux pistes et aux piscines. Leur combat sera d’imposer cet accès aux autorités de l’époque. Et nous nous retrouvons ainsi au bord d’une piscine, en maillot de bain aux côtés de François qui s’apprête à devenir murène, à prendre à rebours l’évolution de l’espèce humaine, à se jeter dans le grand bain de l’histoire du sport avec handicap. Au bout de la ligne, les premiers Jeux paralympiques de Tokyo en 1964.
    Fascinant.


  • Conseillé par (Les Lisières à Villeneuve d'Ascq)
    24 août 2019

    Un soir d’hiver 1956, François, jeune homme de 22 ans a un grave accident. Les médecins ne sont pas confiants et décident de lui amputer les deux bras. C’est la fin de son monde… Il lui faut tout réinventer. Il souffre, se retranche, s’enferme. Ses proches essaient de lui redonner goût à la vie, en vain. Jusqu’au jour où il fait la rencontre d’une murène dans un aquarium : c’est une révélation. Il commence alors la natation. Comme la murène, sans bras, il nage. Grâce au sport et aux personnes bienveillantes qui l’entourent, il se métamorphose.
    Valentine Goby nous emporte dans le tourbillon de la vie de François, un personnage puissant, malchanceux et libre et nous fait découvrir le début du handisport en France jusqu’aux premiers Jeux paralympiques de Tokyo en 1964. Un magnifique roman, documenté et sensible, de revanche sur la vie et de résilience.


  • Conseillé par (Librairie Richer)
    12 février 2020

    Valentine Goby nous parle du handicap avec une force incroyable. Le parcours de ce jeune homme, François Sandre, 22 ans, qui va se retrouver sans ses bras en cet hiver 1956. Les doutes les souffrances, le regard des autres mais aussi les prouesses de la médecine, la volonté, la puissance de vie. Un magnifique roman, inoubliable !
    - Jackie


  • Conseillé par
    26 octobre 2019

    handicap

    De l’auteure, j’avais beaucoup aimé "Un paquebot dans les arbres" et "Kinderzimmer". J’avais adoré "Je me promets d’éclatantes revanches".
    C’est donc avec confiance et envie que je commençais la lecture du dernier roman de Valentine Goby. Quelle ne fut pas ma déception de constater que j’avais de moins en moins envie de reprendre ma lecture.
    Mais pourquoi, diantre ?
    D’abord parce que les personnages ne m’ont pas parlé : ni François, ni ses parents, un peu sa soeur qui prend soin de son ficus, ni sa petite maie Nine, un peu l’infirmière Nadine.
    Ensuite parce que les accumulations m’ont vite lassées. j’ai commencé à les lire en diagonale, et j’ai fini par lire le roman de la même façon.
    Joao m’a insupporté, et les amis handicapés de François ne m’ont pas convaincu.
    Bref, je suis passée à côté de ce livre, tant pis pour moi.

    L’image que je retiendrai :
    Celle de l’atelier de couture des parents de François où se trouvent des mannequins Stockman.

    Quelques citations :
    Et il rappelle la devise de de Lattre qui a porté son engagement contre Hitler : « Ne pas subir ». – Le but c’est aussi de reprendre sa place dans la communauté des gens normaux. (p.229)

    On peine à croire que (le rêve) adviendra et qui advient pourtant, à force d’obstination, imparfait et tangible. (p.311)

    https://alexmotamots.fr/murene-valentine-goby/


  • Conseillé par
    7 octobre 2019

    Hiver 1956. À vingt-deux ans, François Sandre a la fougue de la jeunesse et l'avenir pour lui. Victime d'un accident, les médecins ne sont guère optimistes à son sujet. Grièvement brûlé, il doit sa survie à une amputation des deux bras.

    Je pourrais juste vous dire que cette histoire est tout simplement magnifique et que l'écriture de Valentine Goby n'a jamais été aussi somptueuse. Mais ce livre est beaucoup plus pour moi. Il ne m'a pas quittée pendant plusieurs jours et j'ai eu ce sentiment qu'il m'accompagnait partout. François a peuplé mes nuits, il a été avec moi à chaque instant. Ce que son corps lacunaire lui imposait et ce dont il le priverait à jamais, les embûches, son quotidien et ses questions m'ont habitées intensément.

    Malgré son invalidité, François veut retrouver une autonomie et Organisation sportive des mutilés lui permet de se redécouvrir dans des bassins d'eau chlorée. Il apprend à nager. Les muscles endoloris par l'effort, il apprivoise sa respiration et découvre des sensations autres car l'eau a ce pouvoir de brouiller les stigmates et les handicaps.

    Valentine Goby nous immerge dans l'histoire d'une métamorphose et retrace la naissance de l'handisport. J'ai vécu une histoire d'amour avec ce roman, j'ai eu le cœur broyé et malaxé, des poissons d'eau dans les yeux et surtout un respect immense pour François et ses compagnons d'infortune. Des personnes qui se hissent pour la vie, se dépassent, franchissent de grands obstacles tout comme la souffrance et le regard des autres.

    Tout en étant extrêmement bien documenté, ce récit évite tout pathos car Valentine Goby fait preuve d'une finesse intelligente et éblouissante par son style, par sa capacité à rendre l'indicible et les ressentis.
    Cette lecture lumineuse m'a nourrie et enrichie, symbiose parfaite d'une histoire et d'une écriture.

    https://claraetlesmots.blogspot.com/2019/10/valentine-goby-murene.html


  • Conseillé par (Librairie Mots et Images)
    28 août 2019

    Réparer les vivants

    A défaut de réparer son anatomie, François rivalisera d'ingéniosité pour apprivoiser son nouveau corps et reconquérir son autonomie.
    Un magnifique roman tel une ode à la vie qui louvoie, rampe et avance malgré tout.
    Céline


  • Conseillé par
    22 août 2019

    Hiver 1956, ils l’appellent le jour de Bayle mais François Sandre, lui, ne s’en rappelle pas. Le jour de Bayle, François perd ses bras. Il devient homme-tronc, murène. Commence alors le combat le plus dur d'une existence : continuer à vivre quand on a tout perdu.
    Dans ce nouveau roman, Valentine Goby explore la douleur et la reconstruction. Son écriture luxuriante, souvent dure, raconte l’histoire d’un héros comme on les aime. Beau dans sa douleur, François nous transporte dans son quotidien, dans un Paris des années 1950 et 1960 mais aussi dans les Ardennes et en Savoie. Un roman savoureux qui pourrait bien être le meilleur de l’auteure et qui emporte dès les premières pages. Une fois terminé, il continue de nous habiter.