J'ai couru vers le Nil

Alaa El Aswany

Actes Sud

  • Conseillé par (Au moulin des Lettres)
    21 juin 2019

    Un roman choral sur la puissance de l'espoir et le collectif: le prix 2019 du Moulin des lettres!

    Qu’est-ce qu’écrire ? Pour certains auteurs et pour Alaa El Aswany en particulier, c’est donner la parole à celles et ceux qui n’ont pas de voix.
    Ils sont nombreux en Egypte, en 2011, date à laquelle se déroule ce roman, à ne plus supporter l’injustice, la corruption politique et la répression policière aveugle cautionnées par Hosni Moubarak. Ils vont se retrouver sur la place principale du Caire, la place Tahrir, et des discussions menées entre musulmans, laïcs et coptes va émerger l’idée d’une nouvelle Egypte que le peuple, à bout, veut faire naître.
    Alaa El Aswany nous révèle de façon passionnante, avec un style alerte et plein d’ironie, l’histoire très contemporaine de la révolution égyptienne qu’il va dérouler sous nos yeux, jour après jour, grâce à l’introduction dans cette histoire chorale de personnages de condition sociale et d’appartenance religieuse diverses, en n’oubliant pas le camp de l’armée dont les chefs manipulent habilement l’opinion à leur avantage, quitte à jouer avec le feu.
    Asma est l’un de ces personnages ; jeune professeure idéaliste aux convictions profondes, elle refuse de se voiler malgré les pressions de sa hiérarchie, tout comme elle refuse la soumission au sein de sa famille; opprimée et humiliée au quotidien, c’est à Mazen, un ingénieur dans une usine rencontré aux réunions organisées par le mouvement politique Kifaya, qu’elle va se confier. Ils vont s’impliquer tous les deux jusqu’au bout dans le mouvement de rébellion populaire et se retrouvent dans leur vision commune d’un pays débarrassé du mensonge, de l’oppression faite aux femmes et du mépris du peuple ; ils se confient l’un à l’autre par mails sur leur quotidien et les vicissitudes qu’ils affrontent au travail : cette alternance de correspondances crée une rupture dans le récit du narrateur omniscient et nous permet de pénétrer dans deux univers intimes et professionnels très différents.
    Tout au long du roman d’ailleurs El Aswany a à coeur de faire entrer le lecteur dans de nombreux foyers cairotes et en nous ouvrant leurs portes, il nous montre aussi la condition réservée aux filles, sœurs et épouses dans les familles ; la pression parentale exercée sur les filles est lourde et leur mode de vie n’est jamais dicté par leur volonté propre mais imposé par la tradition, le respect du père et la religion. Combien d’Asma rencontre-t-on, assez fortes et courageuses pour se rebeller et quitter le foyer parental afin de fuir un mariage forcé? Bien peu !
    L’hypocrisie de la société égyptienne est dénoncée tout au long du livre et à de nombreuses reprises ; chacun y va, homme ou femme, de sa lecture très personnelle du Coran pour s’autoriser les pires écarts de conduite : lâcheté, sexe, alcool, volonté de pouvoir, enrichissement illégal, jalousie et malgré la violence de la situation vécue par ses personnages, la répression et les affrontements parfois mortels, El Aswany ne manque pas de mordant et parfois même de drôlerie pour décrire ce pays qui lui est si cher et où il continue de vivre malgré tout. Un roman superbe et extrêmement émouvant qui a fait l’unanimité du jury du Moulin des Lettres en ce mois de juin 2019 !


  • Conseillé par (La librairie des Halles)
    5 novembre 2018

    El Aswany brosse un portrait sans complaisance de l'Egypte de 2011. Des Égyptiens aussi : les révolutionnaires de la place Tahrir, les soutiens du pouvoir, l'immense foule des indécis aussi.
    Un constat implacable et lucide porté par une écriture douce et limpide.
    Une magnifique réussite qui vous marquera longtemps.


  • Conseillé par (Librairie La Mandragore)
    2 novembre 2018

    Tahrir, 2011

    Difficile d'oublier, quand on les a suivis même d'un oeil distrait, les événements du "Printemps arabe" de 2010-2011. Alaa el-Aswany se focalise ici sur ce qu'il s'est passé dans son propre pays, l'Egypte, où des manifestants ont investi la place Tahrir du Caire ainsi que de nombreux autres lieux à travers tout le pays pour réclamer le départ du président Hosni Moubarak, alors au pouvoir depuis trente ans. Avec un regard acerbe et désabusé, où il fait intervenir des protagonistes de chaque camp, Alaa el-Aswany questionne en vérité la possibilité d'un changement de paradigme au pays des pharaons. Et les multiples problématiques de ce pays complexe, peuplé et ancien.

    Bilal


  • Conseillé par (Librairie Comme Un Roman)
    18 août 2018

    Entre petites lâchetés et grands engagements, ambitions personnelles et don de soi, foi et cynisme... El Aswany raconte la révolution égyptienne de 2011 en portant son regard engagé sur une poignée d'hommes et de femmes de chaque côté des barrières. Et à travers eux s'interroge : suffit-il qu'un peuple se soulève et qu'un dirigeant chute, pour qu'un pays change ?


  • Conseillé par
    26 septembre 2018

    Pour ceux de la place Tharir.

    Vis ma vie d’Égyptien ! L'histoire commence comme un feuilleton satirique sur l'hypocrisie ordinaire des bigots extrémistes, et se termine dans la spirale tragique d'une dystopie en cours. Le romancier nous invite à partager le quotidien de ses compatriotes. Il parvient à nous faire comprendre et tristement ressentir la révolte d'une jeunesse avide de justice face à une société résignée à la corruption et minée par la propagande. Éloge de la jeunesse et de son exigence.

    Coup de coeur d'Anne-Marie.