Les fantômes du vieux pays

Nathan Hill

Folio

  • Conseillé par (Librairie La Mandragore)
    27 septembre 2018

    De révélation en révélation

    Que feriez-vous si vous étiez accusé de prendre vos élèves pour des buses alors que vous vous donnez corps et âme à leur éducation ?

    Et que feriez-vous si vous appreniez que votre mère, qui vous a abandonné étant enfant, est accusée d'acte terroriste et qu'aujourd'hui son avocat sollicite votre aide ?

    950 pages de péripéties qui vous embarqueront - entre autres - aux Etats-Unis en 1968 et en Norvège.

    Ce roman emprunte son style au roman policier (vous serez - le temps de votre lecture - détective) mais aussi au roman social et historique.

    Elisabeth


  • Conseillé par (Librairie Obliques)
    28 août 2018

    Si vous décidez de lire ce livre, rendez-vous page 2

    Quel souffle ! Quel humour ! Quelle ambition !
    D'abord, quand on ouvre ce livre, on est en terrain connu, capté dès le prologue par un univers familier. Oui, c'est un grand roman américain comme on les aime, avec tous les passages obligés du genre : le prof de fac déprimé, les affres de la création, le feuilleton politico-médiatique.

    Et pourtant, il y a ce petit quelque chose en plus, cette voix qui sonne différemment, cette singularité qui fait que le livre ne ressemble à aucun autre. Et dieu sait qu'on en a vus passer ! Alors on avance dans ce pavé de 700 pages qui tournent toutes seules et on plonge un peu plus dans le cœur de ce projet littéraire pour comprendre que le vrai sujet de ce livre, ça n'est pas l'Amérique, pas une énième intrigue familiale qui se réglera à grand coup de révélations tonitruantes. Ce dont nous parle Nathan Hill, c'est quelque chose de plus vaste, de plus existentiel, c'est la vie, énormément et tout simplement : celle qu'on rêve, celle qu'on se construit, celle à laquelle on renonce. Comme dans les "livres dont vous êtes le héros" que Samuel, le protagoniste de cette histoire, lisait quand il était enfant, chacun des personnages de cette somme romanesque est une facette, une réponse différente à la même question, universelle, terrifiante et fascinante à la fois : ai-je fait le bon choix ?
    Mais quand on a dit ça, on n'a pas dit le voyage échevelé dans lequel le livre nous embarque, du Chicago universitaire et contestataire de 1968 jusqu'au populisme médiatique d'un candidat républicain à la présidence en 2011, en passant par un chapitre splendide, presque un roman à lui tout seul, qui dépeint l'enfance de Samuel et son amitié avec un gamin solaire et anarchiste. On n'a pas non plus parlé de la très pertinente réflexion sur la puissance médiatique qui traverse tout le livre ni du poids qui pèse sur les épaules des jeunes filles des années 60 à nos jours. Fantômes norvégiens, éditeurs verreux, flics pervers et histoire d'amour passionnelle parachève ce très impressionnant premier roman d'une richesse folle, écrit avec une fluidité qui vous emporte littéralement. La seule question qu'on se pose maintenant, c'est "à quand le prochain ?"