Une mère

Alejandro Palomas

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    4 juillet 2018

    Barcelone, 31 décembre. Fernando, dit ''Fer'', prépare le réveillon avec sa mère Amalia. Et si cette dernière est très enthousiaste à l'idée de recevoir les siens, Fer est plus circonspect car il sait d'expérience que chez eux les repas en famille peuvent tourner au drame, aux cris, aux larmes. C'est donc la joie au cœur que la virevoltante Amalia accueille ses deux filles Silvia et Emma, Olga, la compagne de cette dernière et Eduardo, son frère adoré, tandis que Fer les voit débarquer avec plus d'appréhension. Certes, la famille fait front depuis que le père, un escroc notoire, a demandé le divorce, laissant Amalia sans un sou, mais il existe des non-dits, des rancoeurs, des mensonges par omission qui, dévoilés, pourraient faire voler en éclat l'ambiance festive de rigueur pour entrer dans la nouvelle année.

    Quel bonheur de lecture ! Cette soirée racontée par Fer prend des allures de comédie drôlissime qui cache des trésors d'amour et de tendresse. On se laisse embarquer par cette famille cabossée par la vie qui a connu des drames, des deuils, des mésententes mais qui reste soudée autour d'Amalia, une mère farfelue, ingénue a priori. Elle se révèle au fil des pages bien plus profonde que ce que laissaient supposer ses extravagances et son apparente naïveté. D'ailleurs chacun va finir par laisser apparaître ses failles intérieures, bien cachées derrière la crânerie, la nonchalance ou la dureté selon les personnalités. Chacun va monter sa ''face B'', cette part d'ombre que l'on garde au fond de soi pour garder la face, montrer le meilleur de soi-même, ne pas flancher, rester fort.
    On passe du rire aux larmes en compagnie de cette famille particulière, excessive, mais tellement pleine d'amour. Un régal qui réunit dans un livre le meilleur de Pedro Amodovar et de Woody Allen !