• Conseillé par (Librairie Mots et Images)
    8 novembre 2020

    Plus littérature que polar, ce roman sensible et émouvant est une réflexion admirable sur la différence, le poids des espoirs que les parents font peser sur leurs enfants, les liens qui unissent une famille malgré tout. Il est aussi bien plus que cela, vous en sortirez chamboulé pour longtemps ...


  • Conseillé par
    16 septembre 2017

    Faux polar et vrai roman

    La frontière entre la littérature noire et la blanche devient de plus en plus floue. Ce premier roman de l’Américaine Celeste Ng en est une parfaite illustration. « Tout ce qu’on ne s’est jamais dit » paraît chez l’éditeur de polars, Sonatine, et pourtant, très vite, on s’éloigne des codes du genre et ce n’est pas le « Lydia est morte » écrit en gros caractères sur le quatrième de couverture qui me fera changer d’avis.

    Lydia est morte certes, noyée. Suicide ou meurtre ? L’enquête ne va pourtant pas ou peu se concentrer sur un éventuel criminel (il y a bien un voisin un peu étrange qui serait le dernier à l’avoir vue), mais plutôt sur les raisons qu’elle aurait eu de mettre fin à ses jours. Lydia était une jeune fille brillante, la préférée de ses parents, de sa mère surtout, qui misait tous ses espoirs d’une réussite professionnelle qu’elle n’avait pas pu accomplir elle-même sur l’adolescente. Peu à peu on entre dans l’intimité de la famille Lee, et de ce couple mixte (le père est d’origine chinoise), on découvre à quel point il est difficile de s’intégrer dans l’Amérique des années soixante-dix lorsqu’on est un peu différent.

    Lire la suite de la critique sur le site o n l a l u


  • Conseillé par
    7 mai 2017

    Lydia Lee est morte. Un beau jour du mois de mai 1977, son corps a été retrouvé, noyé dans le lac , juste derrière la maison familiale. Elle n'avait que 16 ans. Meurtre, accident, suicide ? Pour ses parents, cela ne fait aucun doute : quelqu'un a fait du mal à Lydia, leur fille tendrement aimée, la plus jolie, la plus douée, la meilleure de leurs trois enfants. Pourtant, derrière la lycéenne brillante, appelée à être docteur, la fille populaire entourée d'amies que décrivent ses parents, se cache la vraie Lydia, timide, solitaire, écrasée par la pression parentale.

    Alors que Nath, l'aîné, et Hannah, la petite dernière, sont totalement délaissés par Marylin et James, Lydia est la somme de toutes leurs espérances. Elle sera médecin, comme sa mère rêvait de l'être, elle sera une parfaite américaine, comme son père, d'origine chinoise, rêvait de l'être. Oui mais, malgré ses yeux bleus et ses cheveux clairs, pour la société américaine frileuse des années 70, Lydia est une chinoise. Sa différence se voit dans ses yeux bridés et dans ce père qui, même s'il enseigne la littérature américaine à l'université, ne sera jamais un grand blanc, bleu, blond made in US. Pour cette famille dévastée, la vie ne sera plus jamais la même sans Lydia mais pourront-ils surmonter les petits secrets, les non-dits, les trahisons, le manque de communication ? Sauront-ils se rendre compte de leurs erreurs ?

    Malgré leurs manquements ou leur trop plein d'investissement selon les cas, le couple Lee est attachant et émouvant. Elle, pur produit de l'Amérique des années 50, élevée par une mère professeure d'arts ménagers, éduquée pour être la plus parfaite des épouses, et qui choisit, envers et contre tous, d'être médecin. Le destin en décidera autrement. Elle tombe amoureuse d'un jeune professeur, James Lee. Le mariage, les grossesses et son rêve s'effondre au profit de la famille. Lui est d'origine chinoise. Il est né en Californie, n'a jamais mis les pieds en Chine mais pour tout le monde, il est chinois. Après une enfance solitaire, rejeté, humilié, insulté, il garde la trace de cette intégration rendue impossible par les préjugés et le racisme ordinaire. Leur rencontre est un miracle, un bol d'air pur dans un monde qui a du mal à les accepter. Ils ont jeté le voile de l'amour sur leurs blessures, leurs fêlures, leurs déceptions, leurs rêves avortés. Chacun à sa façon a une revanche à prendre sur la vie, le poids des espoirs déçus que devra porter Lydia, la gentille, la docile, la belle Lydia. Négligés, les deux autres enfants du couple sont livrés à eux-mêmes, privés d'amour et d'attention. Quelle énorme pression pour cette enfant fragile qui doit briller dans ses études, s'entourer d'amis et ne pas se faire détester par son frère et sa sœur.
    L'histoire de cette famille fait bien sûr froid dans le dos mais elle donne aussi à réfléchir sur le rôle de parents, le passif que l'on transmet malgré soi à ses enfants, les erreurs que l'on commet là où l'on croit bien faire. Céleste Ng, dont c'est le premier roman, fait preuve d'une parfaite maîtrise de l'intrigue et de l'écriture et d'une belle sensibilité qu'on sent à fleur de peau. Elle a su nous plonger dans cette famille dysfonctionnelle sans nous faire détester ses membres les plus faillibles. Au contraire, elle a su nous les rendre proches, nous faire ressentir la même tendresse qu'elle a pour eux. Et puis, elle fait là une fine analyse critique de la famille, ce microcosme complexe où s'agitent différentes personnalités liées par des drames, des joies, des expériences vécus en commun mais ressentis différemment. Ce livre est une claque, un bijou, une pépite ! Un coup de cœur absolu !